Le
séisme d'une intensité de 8,9 qui a frappé le Japon le 11 mars 2011 et ses multiples
répliques ont provoqué l'arrêt d'urgence de 11 réacteurs situés entre 50 et 350
km au nord de Tokyo. En l'absence de courant électrique et de pannes des
groupes électrogènes (certains n'ont pu être alimentés en carburant), les
pertes de contrôle de ces réacteurs ont entraîné une surchauffe progressive des
cœurs des réacteurs. Malgré les tentatives désespérées des ingénieurs qui ont
essayé de faire baisser la pression en ouvrant des soupapes, ou en noyant les
bâtiments sous l'eau de mer, la catastrophe n'a pas pu être évitée. Les
informations diffusées ont été extrêmement confuses… Le Réseau Sortir
du nucléaire a
rappelé que Tepco, l'EDF local, a été condamné 27 fois par la justice japonaise
pour avoir diffusé de fausses informations lors d'accidents précédents.
En résumé, à Fukushima, trois fusions partielles
de cœurs, deux incendies de combustible usé et cinq explosions d'hydrogène sont
survenues. Depuis le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, ceci relâche des
quantités colossales de radioactivité dans l'atmosphère. L'agglomération de
Tokyo, 35 millions d'habitants est aujourd'hui contaminée. Dans certains
quartiers, le niveau d'exposition atteint 300 fois la normale.
Rappel : Il avait fallut 20 jours pour noyer le
réacteur de Tchernobyl sous le sable, 600 000 personnes y ont été sacrifiées.
25 ans après, selon une récente étude américaine, on approche le million de
morts. La région de Kiev où se trouve le réacteur de Tchernobyl ne comptait que
deux millions d'habitants. La région de Gomel au nord en comptait environ 1,5
million. Il y a donc dix fois plus de personnes exposées aujourd'hui.
Chronologie - Mars
11 mars
- 22h47 (toujours en heure française), l'alerte est
atteinte au réacteur n°1 de Fukushima-Daiichi (6 réacteurs, 3 à l'arrêt au
moment du tremblement de terre). Ce réacteur de 439 MWe, mis en route en
1970, présente alors une radioactivité à l'extérieur de l'enceinte mille
fois supérieure à la normale.
12 mars
- 7h36, l'enceinte du bâtiment réacteur n°1 explose. La
télévision japonaise filme en direct : on voit des flammes
gigantesques sortir du bâtiment et un immense nuage de poussières s'élever
à plusieurs centaines de mètres. Les autorités ont déjà évacué la
population à 10km à la ronde et étendent la mesure à 20 km (50 000
personnes). Elles demandent aux personnes habitant dans un rayon de 50 km
de s'enfermer chez elles. Le vent souffle de sud-est, emmenant le nuage
radioactif au large… et vers l'Alaska et le Canada. A noter que les
réacteurs japonais sont plus résistants aux séismes que les réacteurs
français (cinq enceintes au lieu de trois). Officiellement, c'est une
bulle d'hydrogène qui a fait sauter le bâtiment. Le cœur est alors en
fusion… à l'air libre ! (détection de césium dans le nuage). De l'eau de
mer enrichie en bore est injectée pour essayer de noyer le cœur. La
radioactivité sur le site est alors mesurée à 10 000 fois la normale.
L'utilisation de l'eau de mer provoque une corrosion qui condamne
définitivement le réacteur.
- 13h30, l'alerte est donnée sur le site de Fukushima-Daini
(4 réacteurs), 12 km plus au sud et une évacuation des populations
commence dans un rayon de 20 km (50 000 personnes de plus). A la même
heure, en France, l'Autorité de sûreté nucléaire promet la transparence.
- 16h, début de la distribution de pastilles d'iode
dans un rayon de 50 km autour des deux sites nucléaires. L'iode protège du
cancer de la thyroïde mais pas des autres cancers : le césium et le
strontium attaquent la moelle osseuse, le plutonium les poumons, le
carbone va partout. L'accident est d'abord estimé de niveau 4 (par
comparaison : Three Mile Island a été classé au niveau 5,
Tchernobyl au niveau 7, le plus haut niveau). Il passera à 6 le
14 mars.
- 16h10 : le gouvernement allemand invite ses
ressortissants habitant Tokyo ou plus au nord à partir vers le sud du
pays.
- 21h50, l'AIEA annonce que 140 000 personnes au
total ont déjà été évacuées.
13 mars
- 0h, le gouvernement japonais annonce que sur onze
réacteurs arrêtés en urgence un seul s'est arrêté selon une procédure
correcte. Il annonce également que des délestages électriques (3h par jour
à tour de rôle au moins jusqu'à fin avril, sauf dans le centre de Tokyo)
vont être effectués sur l'ensemble du pays. Il lance un appel à la Russie
pour que celle-ci fournisse plus de gaz.
- 7h47, la radioactivité dans la ville de Miyagi, à 80
km du site de Fukushima-Daiichi, est annoncée par Tepco comme étant 400
fois supérieure à la normale.
- 9h, l'ambassade de France à Tokyo incite les
résidents français (environ 9000) à quitter la capitale pour aller plus au
sud.
- 10h, Greenpeace s'interroge sur l'usage de l'eau de
mer, une solution "catastrophe" car le sel va non seulement
corroder les métaux, mais en se déposant risque de bloquer des conduites
assez rapidement.
- 15h, l'état d'urgence est déclaré à la centrale
d'Onagawa, plus au nord que l'autre, suite à une hausse de la
radioactivité (700 fois la normale). Il pourrait s'agir du nuage
radioactif du réacteur n°1 de Fukushima-Daiichi
- 15h50, six journalistes japonais ont réussi à rejoindre
une commune à 2km de Fukushima-Daiichi. Ils se sont arrêtés quand les
compteurs de mesure se sont bloqués à plus de 1000 mSV/heure (cela veut
dire qu'en une heure on reçoit 1000 fois la limite annuelle autorisée pour
le public). Ils dénoncent le fait qu'ils n'ont vu aucun panneau sur la
route, ni aucun barrage policier pour les empêcher de passer.
- 18h, manifestation de 3 à 500 personnes à Paris,
place du Trocadéro, à l'appel du Réseau Sortir du nucléaire. Présence de
Dominique Voynet, Eva Joly, Jean-Luc Mélanchon.
- 20h, au JT de France 2, Nathalie
Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie dénonce l'opportunisme des
antinucléaires français et se félicite du "retour d'expériences qui
va permettre d'améliorer la sûreté des centrales en France". Henri
Guaino, conseiller spécial du président Nicolas Sarkozy, déclare
lui : "L'accident nucléaire au Japon pourrait favoriser
l'industrie française dont la sécurité est une marque de fabrique".
Jean-François Coppé : "En aucun cas, ces accidents ne doivent
remettre en cause les choix stratégiques du pays en matière
d'énergie". Eric Besson : "Cet accident n'a rien à voir
avec Tchernobyl".
- 21h, l'autorité de sûreté nucléaire du Japon annonce
que 6 réacteurs au moins sont en difficulté : les réacteurs 1, 2
et 3 de Fukushima Daiichi, les réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima
Daini (à 12 km du premier site) où des soupapes ont été ouvertes pour
éviter l'explosion des bâtiments, libérant autant de nuages radioactifs.
- 21h, Nicolas Hulot et `Daniel Cohn-Bendit demandent
un référendum sur la question du nucléaire.
- 23h30, explosion du réacteur n°3 de Fukushima Daiichi
(760 MW). Celui-ci fonctionne depuis le 22 septembre 2010, avec un
combustible mixte uranium-plutonium (Mox) fourni par Areva, beaucoup plus
toxique que le premier réacteur. Sept personnes travaillant sur la
centrale sont portées disparues. Le système de refroidissement est
détruit. Au moins 90 personnes intervenant dans la zone évacuée ont été
irradiées.
14 mars
- 4h, la radioactivité monte au nord de Tokyo :
le nuage parti de Fukushima 1 revient du large à la suite du
changement de sens du vent. Il semble aussi que le nuage qui sort de
Fukushima 3, plus radioactif que l'autre, soit plus important.
- 5h, le gouvernement des Etats-Unis annonce que son
porte-avion Ronald Reagan placé en secours au
large du Japon pour l'alimentation des hélicoptères, a traversé un nuage
radioactif important et que son équipage a reçu une dose équivalant au
maximum autorisé en un mois.
- 14h, le gouvernement japonais annonce que 180 000
personnes sont déplacées autour des différents sites nucléaires et au
moins 187 personnes contaminées.
- 16h, le réacteur n°2 de Fukushima semble maintenant
en péril. L'exploitant annonce son intention de relâcher des gaz pour
éviter une explosion plus grave.
- 18h, Angela Merckel annonce la suspension des
autorisations de prolongement des réacteurs nucléaires allemands… pour
trois mois. Concrètement, deux centrales devraient donc être arrêtées. Des
manifestations pour l'arrêt du nucléaire se déroulent spontanément dans
450 villes, réunissant plus de 100 000 personnes.
- 20h, les associations qui ont participé au Grenelle
de l'Environnement ont rencontré Nicolas Sarkozy lors d'une réunion prévue
de longue date. Elles ont demandé l'ouverture d'un débat sur la question
du nucléaire et de l'énergie en général (pétrole, gaz de schistes,
renouvelables, économies d'énergie…). En réponse, Sarkozy a répondu
"Pas question de sortir du nucléaire". Sarkozy s'est même vanté
devant des parlementaires UMP : «Si on a perdu des marchés et des
appels d’offres, c’est parce qu’on est les plus chers. Et si on est les
plus chers, c’est parce qu’on est les plus sûrs !» Et le plus gros
mensonge : «L’EPR, je connais bien le chantier, j’y suis allé
plusieurs fois. Je suis désolé de dire ça, mais on a la double coque ! Le
principe de la double coque, c’est que si un Boeing 747 s’écrase sur une
centrale, le réacteur n’est pas touché». Rappelons que le Réseau Sortir du
nucléaire a été poursuivi en justice (mais a bénéficié d'un non-lieu) pour
avoir rendu public en 2003 un document "confidentiel défense"
qui dit exactement le contraire.
- 20h, le gouvernement suisse annonce la suspension des
projets de nouveaux réacteurs dans le pays et une étude sur la poursuite des
cinq réacteurs actuellement en fonctionnement. Le gouvernement indien
annonce une inspection générale de ses installations (20 petits réacteurs
pour 4780 MW au total)
- 20h, la plupart des grandes entreprises françaises,
Areva en tête, ont fait évacuer leurs salariés vers la Corée du Sud,
Hong-Kong ou la France. Air-France annonce que ses vols sont saturés.
- 21h45, la fusion des cœurs des réacteurs 1 et 3 de
Fukushima-Daiichi est officielle. Comme ces réacteurs sont à l'air libre,
cela signifie que le nuage qui en sort est de plus en plus radioactif.
15 mars
- 0h03, explosion du réacteur n°2 de Fukushima-Daiichi.
Le personnel avait été en partie évacué. Selon Tepco, il reste 50
personnes sur le site de Fukushima-Daiichi. 800 ont quitté leur poste.
C'est la confusion totale, plus rien n'est sous contrôle. L'armée
américaine est appelée en renfort. La radioactivité au niveau de la
centrale est 10 000 fois supérieure à la limite autorisée.
- 0h30 : le vent tourne et le nuage radioactif se dirige
vers Tokyo. Le gouvernement lance un appel : les femmes et les
enfants sont encouragés à partir vers le sud de l'archipel ou à
l'étranger.
- 1h30 : les journalistes sont interdits à moins de 30 km
de la centrale. 200 000 personnes vivant entre 20 et 30 km du site sont en
cours d'évacuation. Le survol des lieux est interdit dans un rayon de 30
km.
- 2h : nouvelle explosion sur le réacteur n°2 avec
brutale hausse de la radioactivité. La radioactivité au niveau de la
centrale est 70 000 fois supérieure à la limite autorisée. Une telle
exposition pendant douze heures est considérée comme mortelle. Le cœur du
réacteur n°2 pourrait être à l'air libre.
- 7h : le site du Spiegel en Allemagne publie une
première carte de la dispersion du nuage radioactif et des entretiens avec
des spécialistes allemands : ceux-ci pensent qu'il ne peut s'agir
d'une explosion d'hydrogène, mais bien d'une explosion nucléaire, et ceci
pour les trois réacteurs.
- 8h50, Le Monde annonce que les habitants de la côte
ouest des Etats-Unis se jettent sur les pastilles d'iode.
- 9h44, alors que les réacteurs 4 à 6 de
Fukushima-Daiichi sont à l'arrêt, des déchets du réacteur n°4 stockés dans
une piscine proche du n°3 se retrouvent à l'air libre, l'eau s'évaporant,
l'agence de presse Kyodo annonce que des déchets se sont enflammés. Or ces
déchets sont très radioactifs. Les réacteurs 5 et 6 présentent aussi
une chaleur anormale.
- 10h15, Le niveau de radioactivité relevé dans la
préfecture de Chiba, située juste à l'est de Tokyo, est plus de dix fois
supérieur à la normale, rapporte l'agence de presse Kyodo. A Kanagawa, 10
fois plus que le normal. A Ibaragi, 100 fois la normale. La pluie commence
à tomber, précipitant les particules radioactives au sol.
- 10h25, Deux brèches de huit mètres de large sont
apparues dans l’enceinte extérieure du réacteur n°4 de la centrale
Fukushima-Daiichi, réacteur à l'arrêt mais soumis à une chaleur extrême.
- 10h49, selon l'AFP, Dominique de Villepin a interpellé
le gouvernement en l'accusant d'être dans le déni.
- 12h, Le gouvernement allemand a décidé d'arrêter
provisoirement sept réacteurs nucléaires construits avant 1980 (il en
resterait donc 10 en activité).
- 12h, "On s'achemine vers une catastrophe
nucléaire" déclare à la presse Nathalie Kosciusko-Morizet.
- 13 h, des rassemblements silencieux se tiennent dans
une trentaine de villes en France (200 personnes à Marseille, Lyon,
Bordeaux, Mulhouse, 100 à Paris, Grenoble…)
- 17h, Le titre Areva a perdu 18 % à la bourse en
deux jours. C'est Areva qui avait fourni le Mox pour le réacteur n°3 de
Fukushima-Daiichi. Celui de Tepco a perdu 42 %.
- 17h15, Radio-France donne l'ordre à ses sept
journalistes présents au Japon de quitter le pays. France-Télévision fait
de même à 22h30. RTL, Europe 1, i-télé annoncent le repli de leurs
équipes à Osaka. Alors que France 24 donne l'ordre à ses journalistes
d'essayer d'aller plus au nord !
- 22h45, début d'incendie visible sur le toit du réacteur
n°4 de Fukushima-Daiichi. Des techniciens collectent des données à partir
d'un abri situé à l'extérieur des réacteurs et en allant sur place
quelques minutes seulement.
16 mars
- 0h20, l'incendie sur le réacteur n°4 semble éteint.
- 2h, le vent tourne et le nuage épargne maintenant
Tokyo. La radioactivité y est toutefois encore de 300 fois plus haute que
la normale. Dans les gares, les trains partent bondés vers le sud.
- 3h30, après une baisse de la radioactivité locale, 700
personnes sont mobilisées et se relaient par groupe de 70 pour injecter de
l'eau sur les réacteurs 1 et 3. Ces "liquidateurs" sont
médicalement condamnés.
- 4h56, nouveau séisme de niveau 6 dont l'épicentre
est au sud-ouest de Tokyo.
- 7h45, la Chine bloque les mots "fuite" et
"nucléaire" sur son réseau internet.
- 8h45, Tepco annonce que la température des piscines de
stockage des déchets des réacteurs 5 et 6 est en hausse.
- 9h45, la direction d'urgence du département Fukushima
annonce que dans l'eau potable à la ville de Fukushima (environs 60 km du
site), on mesure déjà de l'iode (177 Becquerel/kg) et du césium (58
Becquerel/kg).
- 12h, déclaration de Nicolas Sarkozy : "La France
a fait le choix de l'énergie nucléaire, qui constitue un élément essentiel
de son indépendance énergétique et de la lutte contre les gaz à effet de
serre". Cocorico ! Le réseau Sortir du nucléaire réagit
immédiatement : "le président Sarkozy privilégie la santé de
l'industrie nucléaire à celle des Français". Réaction de Jean-Luc
Mélanchon : "Une autruche dirige notre pays".
- 13h15, Tepco annonce que les ouvriers se relaient à
l'intérieur des réacteurs, mais que la radioactivité est telle qu'ils ne restent
chacun qu'une minute !
- 13h02, la députée de Moselle et secrétaire nationale du
PS à l'Energie, Aurélie Filippetti, déplore une "vision
dépassée" de son parti sur "le risque nucléaire", appelant
les socialistes à "une prise de conscience" et à "enfin
changer de doctrine". "Montrons aux Français que la gauche
socialiste et écologiste sait travailler main dans la main sur des sujets
aussi majeurs à l'heure d'une crise inédite". Le Bureau national du
PS, le 15 mars, a refusé l'idée d'un moratoire sur l'EPR et de fixer une
limite d'âge pour les réacteurs, proposition faite par Jean-Marc Ayrault,
maire de Nantes et amateur d'aéroport. Martine Aubry l'engueule
publiquement dans les heures qui suivent et affirme que le nucléaire
mérite un débat ou une commission… il est surtout urgent de ne se pas se
mouiller !
- 15h30, Public Sénat, télévision officielle du Sénat
retransmet une réunion d'urgence entre parlementaires, gouvernement et
représentant du nucléaire en France. En parallèle, il est demandé pendant
l'émission aux auditeurs de répondre à un sondage sur internet :
faut-il fermer les vieux réacteurs nucléaires ? Résultat : oui à
84 %.
- 16h, la radioactivité dans la ville de Namie, à 8km
au nord des réacteurs, ville totalement évacuée, est de 6600 fois supérieure
à la normale. A Ibaraki, à 130 km au sud, alors que la population n'y
est même pas confinée, elle est de 300 fois la normale.
- 19h10, la CRII-Rad publie un communiqué indiquant que
les travailleurs sur le site sont soumis à des radiations 4 millions de
fois supérieures au niveau naturel… et qu'ils sont donc sacrifiés.
- 19h54, niveau de radiations extrêmement élevé au niveau
du réacteur n°4, du fait de l'absence d'eau dans les piscines de stockage.
- 21h, aux Etats-Unis, un responsable du MIT,
Massachusset institut of technology, dit à la télévision :
"c'est un cauchemar au ralenti".
- 21h16, l'armée française envoie des comprimés d'iode à
Saint-Pierre-et-Miquelon, donc à l'est du Canada, ce qui signifie que le
nuage pourrait être encore dangereux malgré déjà une distance de l'ordre
de 10 000 km.
- 23h, commentaire sur le site du Réseau Sortir du
nucléaire, en dessous d'une liste d'incidents du même genre que ceux qui
ont entraîné la catastrophe japonaise : quand un dinosaure n'évolue
pas assez vite, il doit disparaître.
17 mars
- 12h, Enercoop, coopérative qui, en France, ne vend
que de l'électricité provenant d'énergies renouvelables, annonce une
multiplication par trois du nombre de nouveaux souscripteurs.
- 16h, l'AFP, sans doute bien informée, déménage ses
bureaux de Tokyo à Osaka. L'Ambassade des Etats-Unis, sans doute bien
informée, invite ses ressortissants à quitter l'île principale de
l'archipel. L'ambassade de France distribue des pastilles d'iode aux 3000
Français (sur 7000) qui résident encore à Tokyo. Beaucoup de Français ne
partent pas parce que leur belle-famille japonaise ne peut ou ne veut pas
partir. L'ambassade d'Allemagne déménage à Osaka.
- 16h30, la préfecture de Fukushima met en place des bus
pour toutes les personnes qui veulent quitter les lieux, au-delà des
20 km déjà évacués.
- 17h30, à la demande de Tepco, Areva envoie cinq tonnes
de matériels (gants, combinaisons, masque à gaz, sel de bore…
- 20h, France 2, François Fillion : "S'il
apparaissait qu'une centrale française présente le moindre risque à
l'issue des tests, elle serait fermée". Réponse du Réseau : si
vous dites vrai, alors vous pouvez fermer toutes les centrales, elles
présentent toutes des risques !
- 22h44, sur France-Info, Martine Aubry déclare
"nous avons demandé dès le départ un moratoire, qu'il n'y ait plus de
capacité nucléaire qui soit développée et même de réduire la part du
nucléaire dans notre production énergétique".
18 mars
- 0h30, CNN annonce que plusieurs avions atterrissant
aux Etats-Unis et ayant survolé le Pacifique présentent un taux de
radioactivité extérieur important, mais qu'aucun passager n'a été
contaminé.
- 11h25, des ingénieurs du nucléaire évoquent sur
France-Info que la seule solution est peut-être d'enterrer le site sous du
sable et du béton. A 14h, l'AFP reprend l'information en faisant une faute
d'orthographe incroyable : ils parlent de "sarkophage" !
- 12h, point presse de l'ASN, Autorité française de
sûreté nucléaire, Philippe Jamet : "La plupart des réacteurs
nucléaires au monde seraient en grande difficulté s'ils avaient été
confrontés aux mêmes catastrophes naturelles qu'a subies la centrale
japonaise de Fukushima la semaine dernière". "Très franchement,
beaucoup de spécialistes, sinon tous, ont été très surpris de voir qu'on
pouvait perdre en même temps l'électricité et la source froide [système de
refroidissement], c'est cataclysmique" Selon Jean-Marie Brom,
physicien nucléaire, proche du Réseau, de multiples scénarios peuvent
conduire à une perte de refroidissement tels que ce qui se passe au Japon.
Il n'y a besoin pour cela ni de séisme, ni de tsunami.
- 13h, Nicolas Sarkozy a téléphoné au premier ministre
japonais pour lui présenter ses condoléances, lui assurer le soutien de la
France… et lui proposer de l'aide pour la reconstruction du pays (avec quelques
réacteurs EPR au passage ?)
- 18h : Maria Roth-Bernasconi, conseillère nationale
(=députée) au parlement fédéral suisse, est intervenue au Conseil national
à propos de la centrale nucléaire de Bugey pour poser la question suivante
au gouvernement suisse : " Qu'entreprend le Conseil fédéral pour
inciter le gouvernement français à arrêter cette centrale nucléaire, un
vrai danger pour la population genevoise ?"
- 18h, le nuage radioactif est détecté pour la première
fois en Californie (7500 km de Tokyo) et dans la région centrale de
Russie, à Kamchatka (1600 km de Tokyo).
19 mars
- 10h, interview de Svetlana Alexievitch, auteure de La supplication, par
l'agence Reuters : "Les gens que j'ai rencontrés au Japon m'ont
dit que chez eux un Tchernobyl bis serait impossible. En France, en
Allemagne et aux Etats-Unis, j'ai entendu la même chose : leurs
centrales sont les plus sûres au monde. Mais l'académicien soviétique
Anatoli Alexandrov me disait la même chose il y a 25 ans : les
centrales soviétiques sont tellement sûres qu'on peut en construire une
sur la place Rouge".
20 mars
- 7h, des parlementaires allemands rendent public un
rapport secret portant sur des tests de résistance menés dans l'ensemble
des 17 réacteurs du pays : le rapport conclut qu'aucun réacteur n'est
à la hauteur des normes exigées.
- 8h, le CNIC, Centre citoyen d'information du
nucléaire, sorte de CRII-Rad japonais, demande l'évacuation des personnes
confinées entre 20 et 30 km de la centrale mais également
l'évacuation au-delà des 30 km en commençant par les femmes
enceintes.
- 8h07, relâchement volontaire de gaz radioactif au
réacteur n°3 pour faire baisser la pression : les apports d'eau de
mer ne suffisent pas à faire baisser la température. Le personnel est
évacué le temps que la radioactivité s'éloigne.
- 9h, Taïwan cesse ses importations de nourriture
depuis le Japon après la découverte de fèves contaminées.
- 15h, Des rassemblements se tiennent dans 130 villes
de France. A Paris, un millier de personnes se retrouvent devant
l'Assemblée nationale. Près de 10 000 ont manifesté près de Fessenheim…
avec une majorité d'Allemands. Il y avait 300 personnes à Nantes, 200 à
Caen, à Bayonne, à Lille… Au total, environ 20 000 manifestants.
- 19h, Les Echos publient un bilan des cotations en
bourse depuis une semaine : les compagnies minières d'uranium
reculent de 26 à 41 %. Toutes les compagnies électriques qui ont des
réacteurs nucléaires sont en baisse. Tepco est évidemment en tête avec
57 %.
21 mars
- 5h, vent du nord et pluie : le taux de
radioactivité sur Tokyo est en forte hausse. Le gouvernement japonais est
dans le déni complet et continue à dire que tout va bien !
- 5h, Tepco annonce que les six réacteurs ne pourront
plus jamais refonctionner et qu'il faudra une dizaine d'années pour
démanteler la centrale en raison de la radioactivité. C'est n'importe
quoi : même un réacteur arrêté sans accident nécessite plus de temps
que cela !
- 10h, la CRII-Rad publie les premières analyses sur
des aliments provenant de la région agricole au nord de Tokyo, à
100 km de la centrale : alors que la limite pour la consommation
est de 600 bq/kg, des épinards, cueillis le dimanche, ont été mesurés avec
des taux de 6000 à 15 000 bq/kg pour le seul iode131.
- 14h30 : un journaliste japonais transmet au Réseau Sortir du nucléaire des photos du centre de mesure de
la radioactivité de la région nord du Japon. Les bâtiments, construits à
côté du site d'Onagowa, plus au nord que Fukushima Daiichi, ont été
totalement détruits par le tsunami, ce qui explique en partie les
difficultés des Japonais à faire un suivi de l'évolution du nuage
radioactif. Intelligemment, le centre a été construit à deux mètres
au-dessus du niveau de la mer.
- 15h30, les dernières mesures communiquées par Tepco montrent
une augmentation de la radioactivité en césium 134 et 137, deux éléments
qui ne peuvent provenir que du cœur des réacteurs.
- 17h30, Michèle Rivasi, députée EELV, fondatrice de la
CRII-Rad, dénonce l'annonce faite par les ministres européens de l'énergie
d'un test de résistance dans l'ensemble des réacteurs européens. Pour
elle, il ne s'agit que d'une opération de communication. Pour le groupe
des Verts au Parlement, la priorité est de fermer les réacteurs les plus
dangereux.
- 19h : Europe-Ecologie Les Verts rendent public un
sondage commandé à l'Ifop et réalisé entre le 15 et le 18 mars auprès de
1008 personnes : 30 % sont pour continuer le programme nucléaire
et construire de nouveaux réacteurs ; 51 % sont pour un arrêt du
programme progressif sur 25 à 30 ans, 19 % sont pour un arrêt rapide.
Dans le détail, on constate qu'il y a quand même 10 % des l'électorat
écolo pour la poursuite du nucléaire (26 % chez celui du PS,
27 % chez celui du FN, 55 % pour l'UMP), 32 % de l'électorat
écolo est pour sortir rapidement (20 % pour le Fn, 18 % pour le
PS, 6 % à l'UMP). Il y a une énorme différence entre les hommes et
les femmes : 43 % des hommes veulent encore du nucléaire… contre
seulement 18 % des femmes ! Il y aussi une différence avec les
âges, les plus pro-nucléaires sont les plus de 65 ans (47 %).
Différence selon la région : ce sont les Parisiens les plus
pro-nucléaires (35 %). Donc, le plus souvent, le pro-nucléaire est
aujourd'hui un Parisien à la retraite.
- 19h30, dans le "Grand journal" de Canal+,
Martine Aubry annonce "Dans un premier temps, il faut faire un audit
des 58 réacteurs, regarder Fessenheim, qui s'en occupe, (...) regarder
celles qui sont sur les zones inondables (...) Il faut un moratoire (...).
Il faut baisser le nucléaire. Je crois qu'il faut sortir du nucléaire,
soyons sérieux, il faut aller vers une sortie en 20 ou 30 ans. La France
est tributaire à plus de 75 % du nucléaire. (...) Pendant ce temps,
il faut accroître la part des énergies renouvelables (...) Je vais même
plus loin, il y a en France une filière nucléaire avec des compétences, il
faut faire un transfert de ces compétences vers la gestion des déchets,
les énergies renouvelables (…) Nous devons immédiatement rentrer dans une
transition énergétique. Ce sera dans le programme électoral du PS en
2012".
- 20h, le nuage a atteint les Antilles françaises, mais
le niveau de radioactivité y est tout juste mesurable. Aucune mesure n'a
été mise en place. Selon les autorités, on est en dessous du millième du
nuage au-dessus de la France en 1986.
- 22h : plusieurs collectivités allemandes comme le
district de Fribourg ont engagé une démarche pour demander au gouvernement
français de fermer les réacteurs de Fessenheim (Alsace).
- 23h20, des médias révèlent que Tepco avait arrêté
d'assurer le site de Fukushima en août 2010, le prix étant jugé trop
élevé. D'après la loi, Tepco est responsable des dommages jusqu'à hauteur
de 120 milliards de yens (environ 1 milliard d'euros). Après c'est l'Etat
qui prend le relais. Areva devrait également être inquiété puisqu'ayant
fourni le Mox pour le réacteur n°3.
22 mars
- 4h45, le gouvernement japonais indique ne pas
envisager d'évacuation au-delà des 20 km déjà évacués. Pourtant des
mesures sont alarmantes : au sol, à 40 km du site, on a 430 fois
la dose limite autorisée en iode 131, 47 fois plus en césium137.
- 8h, dans 20 Minutes, un article "Peut-on
évacuer 35 millions de Tokyoïtes ?". Bonne question.
- 10h, Sud-Energie demande dans un communiqué un débat
sur l'énergie et l'engagement de l'Etat en cas de réorientation, de donner
les moyens aux salariés actuels du nucléaire de se reconvertir dans les
autres filières.
- 12h, la radioactivité dans les rues de Tokyo est en
forte hausse : alors qu'à l'intérieur du CNIC, un organisme d'Etat,
on mesure 0,07-0,08 microsivert, à l'extérieur, entre 11h et 18h, le taux
est passé de 0,21 à 0,29 (+38 %). Le gouvernement a lancé une
campagne de mesures sur les fruits de mer et les poissons, la mer
présentant une forte radioactivité au pied des réacteurs. L'eau de mer est
80 fois trop radioactive à 8 km du site, 27 fois à 10km du site. Pour
la première fois, des journalistes japonais posent la question d'évacuer
la population de Tokyo. Etendre seulement l'évacuation à 80km autour du
réacteur nécessiterait déjà d'évacuer 7 millions de personnes.
- 13h, Tepco donne un inventaire : dans les
piscines des six réacteurs, il y a 4546 grappes de barres de combustibles
usés extrêmement radioactives.
- 16h, le courant est rétabli dans la salle de contrôle
du réacteur n°3.
- 17h, une coalition de gauche réunissant des partis
allemands et autrichiens lancent une campagne pour obtenir un référendum
au niveau européen. L'annonce est faite par le premier ministre
autrichien, Werner Faymann (socialiste).
- 18h, les autorités des cantons suisses de Bâle Ville,
Bâle Campagne demandent au gouvernement français de fermer Fessenheim.
- 18h45, le gouvernement italien annonce le report d'un
an du référendum prévu en juin 2011 qui devait annuler celui de 1987 qui a
interdit la construction de centrales nucléaires en Italie après
l'accident de Tchernobyl.
- 21h, Les Echos révèlent qu'EDF vient de demander au
gouvernement une hausse de 30 % du prix de l'électricité sur cinq ans
pour financer le renouvellement du parc nucléaire !
- 23h30, nouveau séisme de magnitude 6,6 à 415 km au
nord de Tokyo.
23 mars
- 6h50, les autorités japonaises interdisent la
consommation de l'eau du robinet pour les bébés, l'eau étant trop
radioactive (210 bq/l, limite pour les bébés : 100).
- 8h30, alors qu'une fumée de plus en plus intense
s'échappe du réacteur n°3 et que le taux de radioactivité augmente, tout
le personnel présent est à nouveau évacué. On mesure un record de
radioactivité : 500 mSv/h.
- 10h45, la radioactivité mesurée dans l'air à Tokyo
augmente encore.
- 13h, la Gesellschaft für Strahlenschutz (société pour
les rayonnements ionisants), l'équivalent allemand de l'IRSN, donc un
organisme officiel, demande au gouvernement japonais d'étendre les mesures
d'évacuation.
- 18h,Le Canard enchaîné révèle qu'il n'y aucun plan pour l'Ile-de-France en cas d'accident
nucléaire car selon la préfecture "il n'y a pas de centrales
nucléaires dans la région". C'est vrai, la centrale de
Nogent-sur-Seine est à 8 km de la limite de la région ! (et à 225 km de Paris,
soit sensiblement la même distance qu'entre Fukushima et Tokyo)
- 23h, des experts russes évoquent la possibilité que
la situation puisse dégénérer de manière pire que Tchernobyl.
- 23h, après un creux provoqué par les problèmes
économiques prévisibles du Japon, le pétrole est revenu au même niveau
qu'avant l'accident (106 $).
24 mars
- 7h, par miracle, l'eau du Tokyo redevient potable
pour les bébés… après une journée de ruée des Tokyoïtes sur les bouteilles
d'eau. Petit calcul : pour assurer 3 litres d'eau par habitant, soit 100
000 m3 d'eau, il faudrait que 300 avions cargos assurent trois rotations
par jour. Ceci explique peut-être cela…
- 7h, un député japonais demande au gouvernement
combien sont payés les intervenants sur le site de la centrale. Réponse :
une prime de 520 yens (4,5 €) par intervention pour les pompiers et 5500
yens (48 €) par jour pour intervention en zone radioactive. Pour les
autres intervenants, des primes inférieures à 1680 yens (15 €) par jour.
Ce sera difficile d'acheter des cercueils de luxe ensuite !
- 8h, dans Libération, excellent texte de Bernard
Laponche : "le moyen le plus dangereux pour faire bouillir de
l'eau" qui rappelle que le nucléaire ne sert qu'à ça et qu'il est
très facile d'avoir de l'eau à 320°C avec un four à concentration solaire.
- 8h, gros scandale en Allemagne : les médias
annoncent qu'une réunion secrète entre le patronat et le gouvernement
s'est tenue après l'annonce de maintenir la sortie du nucléaire. Au cours
de cette réunion, le gouvernement a voulu rassurer le patronat en lui
annonçant que ce n'était que pour la durée des élections qui se tiennent
le 27 mars. Malheureusement, un des patrons présents n'a pas apprécié et a
donné l'info aux journalistes… Le patron des patrons a démissionné le 25
mars.
- 9h, les autorités autrichiennes estiment que le
nuage radioactif correspond déjà à 20 % de l'iode 131 libéré par
Tchernobyl et 50 % du césium 137.
- 10h, la CRII-Rad proteste contre les blocages qu'elle
rencontre pour obtenir les relevés de radioactivité dans les pays survolés
par le nuage radioactif. Il y a un réseau international, le CTBTO qui a
des moyens de détection très poussés pour détecter d'éventuels essais
nucléaires militaires clandestins, mais celui-ci est contrôlé en France
par le CEA, à l'international par l'AIEA. En France, la CRII-Rad n'a pour
le moment pas mesuré de hausse de la radioactivité. En Allemagne, les
laboratoires équivalents non plus.
- 14h, aux Etats-Unis, dans les trois Etats de la côte
ouest (Californie, Orégon, Washington), de l'iode radioactif a été détecté
dans l'air. Pour le moment, les taux sont qualifiés de "faibles"
par les autorités.
- 17h, trois techniciens irradiés sont hospitalisés
après avoir marché dans une nappe d'eau radioactive. Selon les dosimètres,
l'eau était 10 000 fois plus radioactive que ce que l'on trouve dans les
canalisations habituellement. Le premier ministre japonais fait ce
commentaire : "Ils sont préparés à la mort" et remercie les
ouvriers qui sont présents sur le site.
- 17h, dans Paris-Match, l'ambassadeur de France fait
remarquer : « Ce sont ceux qui connaissaient le mieux le sujet qui se sont
affolés les premiers ». Les employés d’Areva ont déguerpi dès le lendemain
du tsunami. Il annonce aussi que l'Ambassade a son propre matériel de
mesure pour la radioactivité… mais ne communique pas les résultats.
- 19h, sortie du film Un samedi anodin d'Alexandre
Mindadze, à Moscou. Le film raconte comment un jeune instructeur du parti
communiste ukrainien de Pripiat apprend par hasard l'explosion de la
centrale de Tchernobyl. Et le déni ensuite concernant les risques. Bis
repetita au Japon ?
- 21h, Aux Etats-Unis, polémique sur le devenir de la
centrale d'Oyster Creek, mise en route en 1969 à Lacey (New Jersey, à 137 km
à l'ouest de New York), cette centrale nucléaire qui date de 1969 est la
plus ancienne en fonctionnement, elle est de même conception que Fukushima
1 dont elle est l'aînée d'un an.
- 23h, le gouvernement japonais conseille l'évacuation
pour les gens confinés dans la zone de 20 à 30 km "car la situation
peut encore durer longtemps", mais ne prend pas de mesure pour les
distances plus grandes… où commencent les grandes villes comme Fukushima
(290 000 habitants) ou Iwaki (350 000 habitants). Selon la télévision
NHK, des taux de 2,5 millions de Bq par kilo ont été mesurés dans l'herbe
sur une commune située à 40 km du réacteur.
25 mars
- 10h, les autorités japonaises interdisent la
consommation des légumes cultivés dans les potagers de la préfecture de
Tokyo après avoir relevé des taux de contamination supérieurs aux 500
bq/kg autorisés.
- 11h30, les autorités suisses indiquent avoir mesuré une
hausse de la radioactivité à 6000m d'altitude, mais à des taux très
faibles. Rien au sol.
- 12h15, conférence de presse du premier ministre
japonais : la situation à la centrale nucléaire de Fukushima reste
imprévisible". Les opérations sur le site sont ralenties du fait de
la hausse de la radioactivité.
- 14h, Interrogé au sommet de l'Union européenne, Sarkozy
promet de fermer les centrales qui ne seraient pas sûres.
- 15h50, les compagnies japonaises Kensai Electric Power
et Chubu Electric Power annoncent repousser à 2013 une commande de
combustible MOX qui aurait dû être livrée par Areva, ceci alors que le
transport était prêt à partir de France.
- 21h, En 2009, Maurice Eugène André, ancien officier
de la protection nucléaire belge, explique qu'il était encore possible que
l'on ait une explosion nucléaire à Tchernobyl. Le plutonium présent dans
le cœur pourrait migrer vers le bas du fait de la forte densité du
plutonium (19,84 fois plus lourd que l'eau) et il suffirait de 6 kg, soit
0,3 litres seulement pour que la réaction nucléaire s'amorce. Le cœur de
Tchernobyl ne s'est toujours pas refroidi, 25 ans après. Dans le cas de
Fukushima 3, c'est non seulement possible, mais à craindre dans les mois
qui viennent du fait de la présence de MOX avec 10 % de plutonium.
- 22h40, le professeur Hiroaki Koïde, de l'Université de
Tokyo, estime que l'accident a maintenant atteint le niveau 7. Il dénonce
le manque de mesures de sécurité : alors qu'à Tchernobyl, la zone
interdite a été déterminée par un niveau de pollution au sol de 550 000
bq/m2 au sol, des mesures indiquent qu'à Iitate, à 40 km du site, nous en
sommes déjà 3 260 000 soit 6 fois plus et les gens n'y sont même pas
confinés.
26 mars
- 8h, 17 salariés de la centrale sont déjà
hospitalisés dans un état grave.
- 12h, des mesures en Allemagne indiquent que le taux
d'iode 137 est monté à 0,003 mbq/m3. Deux heures plus tard, l'IRSN annonce
qu'en France, le taux maximum a été relevé sur le sommet du Puy-de-Dôme à
0,012 mbq/m3. Un niveau extrêmement faible.
- 13h, Tepco annonce que c'est le 40e anniversaire du
réacteur de Fukushima n°1 et que les responsables sont "désolés"
que cela soit dans de telles circonstances !
- 14h, les autorités de la ville de Sendai, plus d'un
million d'habitants, à 100 km au nord du réacteur et largement contaminée
par le nuage radioactif, s'interrogent sur la nécessité de faire évacuer
les enfants.
- 15h, manifestations antinucléaires monstres dans
quatre villes d'Allemagne : plus de 200 000 manifestants en tout
selon la police, 250 000 selon les organisateurs. Egalement plus de 1000
manifestants à Genève pour demander l'arrêt des réacteurs suisses.
27 mars
- 11h, 300 lycéens ont manifesté à Tokyo et autant à
Nagoya (grande ville au sud de Tokyo) pour demander l'arrêt du nucléaire.
- 17h, 1300 manifestants à Schengen (Luxembourg), à
l'appel de 36 communes luxembourgeoises qui demandent à la France l'arrêt
de la centrale de Cattenom.
- 20h, la CDU, droite au pouvoir, perd les élections
régionales dans le land du Bade-Wurtenberg (Stuttgart), à droite depuis
1953. Les Verts font 24,2 % des voix et devancent le SPD : la présidence
de la région devrait donc leur revenir. Le gouvernement perd sa majorité
dans la chambre haute.
28 mars
- 4h, 32e anniversaire de l'accident de Three-Mile
Island, en Pennsylvanie. A l'époque, un nuage radioactif a été provoqué
pour éviter que le réacteur n'explose. Le cœur a partiellement fondu. 100
000 personnes avaient été évacuées et 400 femmes enceintes de moins de
trois mois avortées pour éviter le risque de bébés malformés. Aucun
chantier de centrale nucléaire n'a été mis en route aux Etats-Unis depuis
cette date.
- 8h, une manifestation antinucléaire s'est tenue à
Séoul (Corée du Sud) pour demander la sortie du nucléaire. Le gouvernement
a annoncé une inspection générale des réacteurs du pays.
- 8h, un sondage publié dans La Tribune indique que 47
% des Français sont inquiets de l'arrivée du nuage radioactif. Les femmes
(57 %) plus que les hommes (43%). Seuls 11% des personnes qui votent écolo
font confiance au gouvernement pour les informer, 17 % pour ceux qui
votent PS… et 66 % pour ceux qui votent UMP.
- 9h, le gouvernement annonce l'interdiction
d'utiliser les eaux de pluie pour la distribution d'eau dans tout le
Japon.
- 12h45, un employé de la centrale explique comment il
travaille : il mange de la nourriture en conserve, dort sur place… dans
une salle contaminée et donc prend des doses 24h sur 24.
- 14h, intervention du gouvernement japonais à la
télévision pour expliquer aux personnes évacuées qu'il ne faut pas revenir
chez eux ! Ce qui signifie que la zone n'est pas bouclée correctement.
- 20h, du plutonium a été détecté dans plusieurs
échantillons de sol prélevés autour de la centrale. Le plutonium est non
seulement radioactif, mais aussi un violent poison chimique. Un
milliardième de gramme inspiré suffit à provoquer un cancer du poumon. Sa
période est de 24 400 ans.
- 22h, le Québec annonce qu'il va renoncer au
nucléaire. Facile : ils n'ont qu'un seul réacteur en fonctionnement :
Gentilly 2, 635 MW, mis en route en 1983.
- 23h, une agence de presse japonaise rapporte le suicide
d'un paysan bio de 64 ans après l'interdiction de vente de sa production.
La région touchée par le nuage est une zone fortement maraîchère qui
vendait à l'agglomération de Tokyo. Une association de promotion du bio
annonce que la profession est sinistrée.
29 mars
- 7h, le gouvernement japonais annonce que Tepco
pourrait être nationalisé. La valeur en bourse de la firme a été suspendue
après une chute qui dépassait déjà 70 %. En clair, ce sont les
actionnaires de Tepco qui ont engrangé les bénéfices, mais maintenant ce
sont les Japonais qui vont payer la note.
- 7h30, interrogé par la presse sur la durée de
l'accident, un responsable du gouvernement affirme que c'est
"imprévisible", "cela peut durer des mois, des
années". Le gouvernement annonce qu'à force d'arroser les bâtiments,
tous les bassins de rétention d'eau contaminée sont pleins. Il annonce que
probablement les 70 000 personnes évacuées dans un rayon de 20 km ne
pourront plus jamais rentrer chez elles.
- 8h, devant le parlement, le premier ministre
japonais annonce qu'il va falloir évacuer les gens entre 20 et 30 km soit
130 000 personnes supplémentaires. Jusqu'à maintenant, ils n'étaient
qu'incités à partir.
- 9h, le gouvernement chinois annonce une révision à
la baisse de la part du nucléaire dans la consommation énergétique d'ici
2020 : de 5 % à 3 % (actuellement 2 %).
- 14h, TEPCO, Hitachi et le gouvernement japonais
annoncent que la situation devient difficile : les 600 personnes sur
le site sont épuisées (et irradiées) et il est difficile de leur trouver
des remplaçants ! Les entreprises sous-traitantes n'arrivent pas à
recruter. Et il manque de personnes ayant les compétences requises.
- 14h30, Le secrétaire d'Etat au Tourisme, Frédéric
Lefebvre déconseille aux Français d'aller voyager au Japon.
- 20h, le gouvernement français annonce l'envoi de deux
spécialistes pour déterminer l'aide que l'on peut apporter à TEPCO : un
ingénieur du CEA, un autre d'AREVA. AREVA annonce de son côté l'envoi de
cinq personnes… cinq parmi les huit qui ont fui le jour de l'accident ?
- 23h, Bouygues et Vinci annoncent l'annulation d'un
voyage prévu à Tchernobyl pour vanter la mise en place du futur sarcophage
qu'ils doivent y construire.
- 23h, aux Etats-Unis, les fabricants de compteurs
Geiger annoncent être en rupture de stock. De la radioactivité a été
mesurée dans l'air dans l'ensemble du pays… pour le moment à des doses
faibles, plus importantes sur la côte ouest.
30 mars
- 7h, pas moins de 25 ambassades restent fermées à
Tokyo : 17 se sont déplacées dans le sud du Pays, 8 sont totalement
fermées.
- 11h, le gouvernement japonais lance un contrôle de
tous les réacteurs. Outre les onze arrêtés par le séisme, d'autres sont à
l'arrêt de manière plus ancienne pour d'autres problèmes. Tous les réacteurs
sont en bord de mer, tous en zone séismique. L'arrêt durable de ces
réacteurs provoque une pénurie d'électricité, d'autant plus que des cables
sous-marins se sont rompus… dont certains dans les eaux contaminées par
Fukushima. Au Japon, la consommation d'électricté est maximale en été à
cause de la climatisation. Celle-ci est particulièrement intense à Tokyo.
Le gouvernement annonce aussi qu'il va accélérer le développement des
centrales solaires.
- 12h, des journaux japonais s'inquiètent de ce qui se
passe à la centrale d'Onagawa, à 120 km plus au nord que Fukushima. La
centrale arrêtée en urgence depuis le 11 mars présenterait un taux de
radioactivité anormal… bien que la direction affirme qu'il reste
"relativement bas". C'est d'autant plus inquiétant qu'environ
200 personnes dont les logements ont été détruit, campent au pied des
trois réacteurs.
- 12h, dans un entretien publié dans Le Monde,
André-Claude Lacoste, président de l'Autorité de sûreté nucléaire,
reconnaît qu'"on ne peut garantir qu'il n'y aura jamais d'accident
grave en France". Par ailleurs, il affirme : "Fukushima est un
site perdu qui sera sinistré pour au moins plusieurs décennies à l’exemple
de la zone interdite de Tchernobyl".
- 14h, TEPCO annonce avoir mis en place un plan
d'auto-greffe pour les salariés irradiés. Des prélèvements ont été fait
sur les ouvriers dans les premières heures de l'accident, ceci pour
pouvoir ensuite éventuellement leur faire des greffes de moelle. Dans un
contexte où il faut maintenant remplacer les ouvriers trop irradiés, cela
ressemble fort à une opération de communication pour rassurer les
personnes que l'on cherche pour venir sur le site. Des médecins
britanniques estiment que ces greffes peuvent retarder l'échéance, mais
que cela sera insuffisant pour empêcher la survenue de problèmes létaux :
les greffes n'empêcheront pas les atteintes aux voies respiratoires,
gastro-intestinales ou à la peau.
- 15h, Martine Aubry à l'AFP : "Je ne crois pas
vraiment que nous pourrons remplacer l'énergie nucléaire par le solaire
dans cinq ou dix ans, même s'il y a un énorme effort à faire". Donc
pas trop vite, prenons le temps d'avoir un accident grave aussi chez nous.
- 15h, auditionné par le Parlement, l'Autorité de
sûreté nucléaire indique qu'il y a eu 1107 incidents dans les réacteurs
français dont trois de niveau 2.
- 16h, la pollution radioactive en mer augmente : au
pied de la centrale, on est passé en trois jours de 1850 fois à 3355 fois
la normale.
- 16h, le canton du Jura suisse demande à son tour la
fermeture de la centrale de Fessenheim.
- 16h, Arrivée d'une délégation française pour étudier
les besoins des Japonais : Anne Lauvergeon, président d'Areva, la ministre
de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, Bernard Bigot, administrateur
général du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), Jacques Repussard,
directeur général de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
(IRSN), et de Philippe Jamet, commissaire de l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) et quelques ingénieurs d'Areva et du CEA. Bref, que des
gens intéressés par la sortie du nucléaire !
- 17h, en visite en Chine pour le sommet du G20,
Sarkozy affirme que "la catastrophe de Fukushima n’invalide pas la
pertinence du nucléaire civil".
- 17h, aux Etats-Unis, la revue scientifique New
scientist avance que la radioactivité relâchée à Fukushima atteint déjà 73
% de l'iode relâché à Tchernobyl et 60 % pour le césium 137.
- 19h, dans un rapport communiqué par Areva à la
presse, le terme utilisé pour présenter Fukushima est
"incident".
- 22h30, André-Claude Lacoste indique que l'ASN qu'il
préside s'interroge sur la pertinence d'arrêter la construction du
réacteur EPR de Flamanville. Le Réseau Sortir du nucléaire répond que si l'EPR présenté
comme le plus sûr, nécessite une révision de ses conditions de construction,
alors il faut s'inquiéter pour les 58 autres réacteurs forcément moins
fiables.
- 23h, Bella Belbéoch, physicienne nucléaire à la
retraite, rappelle que le débat entre jeunes et vieux réacteurs n'a pas
beaucoup de sens : le réacteur de Three Mile Island avait démarré
seulement trois mois avant son accident.
31 mars
- 0h, Hirose Takashi est un spécialiste de l'énergie
nucléaire au Japon. Il avait publié il y a quelques années un brûlot
contre la politique du gouvernement où l'on pouvait lire : "... si
vous êtes sûrs que les centrales nucléaires sont sans danger, pourquoi ne
pas les implanter dans les centres villes plutôt qu’à des centaines de
kilomètres, ce qui génère par la distance une forte déperdition d’énergie
électrique dans les lignes THT". Il est régulièrement interrogé par
les médias de son pays. A la question de savoir pourquoi on n'ensevelit
pas les réacteurs sous une montagne de sable comme l'on fait rapidement
les Russes à Tchernobyl, il répond : "Accepter la solution du sarcophage
serait admettre qu'ils ne contrôlent plus rien, ce serait donc la défaite
du nucléaire qu'ils tiennent en dévotion, la perte de ces six réacteurs
ainsi qu'à terme la fermeture de tous les autres". Et de dire que
c'est pourtant la seule solution et que plus on attend, plus le risque
d'une aggravation de l'accident augmente.
- 2h, l'AIEA, Agence internationale pour l'énergie
atomique, annonce que des zones fortement radioactives ont été détectées à
40 km de la centrale, dans la commune d'Iitate. Elle demande au gouvernement
japonais de revoir à la hausse les zones d'évacuation et de confinement.
Celui-ci refuse.
- 3h, TEPCO annonce qu'il étudie différentes actions
possibles : tendre des bâches au-dessus des réacteurs endommagés pour
favoriser la retombée des particules radioactives sur place… mais avec le
risque que cela rende les interventions encore plus compliquées. La
compagnie d'électricité envisage de pulvériser des résines liquides pour
fixer les particules au sol. Il est aussi projeté de faire amarrer un supertanker
à proximité du réacteur pour y stocker les eaux radioactives, les
réservoirs de rétention étant pleins.
- 3h, Pékin annonce que du césium a été détecté dans
plusieurs régions de Chine, jusqu'au centre du pays. Cela reste dans des
quantités très faibles pour le moment.
- 9h30, plusieurs compagnies aériennes ralentissent ou
suspendent leurs liaisons avec Tokyo, constatant qu'il n'y a plus de
demandes.
- 9h30, le Wall Street journal, aux Etats-Unis,
rapportent les propos d'un ancien responsable de TEPCO. Selon lui, la
compagnie était très mal préparée à un accident grave. Par exemple, il
relève qu'il n'y avait qu'un seul brancard pour les six réacteurs, que
rien n'était prévu pour se coordonner avec les pompiers de Tokyo ou avec
l'armée. Il constate que le plan d'urgence n'a pas fonctionné.
- 14h, un collectif de 300 chercheurs allemands
demandent à Angela Merckel l'arrêt immédiat du nucléaire.
- 14h, les Amis de la Terre France lance un faux référendum avec une question simple : "je
suis pour continuer le nucléaire et je m'inscrits pour être volontaire
pour venir aider sur le site d'une centrale en cas de catastrophe" ou
"je ne suis pas volontaire pour venir aider sur le site d'une
centrale nucléaire en cas de catastrophe et donc je suis pour l'arrêt du
nucléaire". Bizarrement, tout le monde vote pour la deuxième
proposition !
- 15h, l'Observatoire du nucléaire dénonce des
pressions de l'ASN au niveau européen : l'Autorité de Sûreté française
demanderait que ne soit pas inclus dans les tests à venir la possibilité d'une
chute d'avion comme le 11 septembre !
- 15h, le procès d'un sous-traitant d'EDF qui a été
victime d'une contamination à la centrale de Penly est reporté. Ce salarié
doit recevoir à vie un suivi médical.
- 16h, les Etats-Unis envoient au Japon 140 spécialistes
militaires de la guerre NRBC (nucléaire, raiodlofique, biologique,
chimique).
- 16h, le gouverneur de l'Etat de New York demande la
fermeture de la centrale d'Indian Point, située à 40 km de la mégalopole.
- 19h, sur le site du Nouvel Obs, Denis Baupin, maire-adjoint Vert
de Paris dénonce l'"aveuglement scientiste" de Sarkozy.
- 23h, TEPCO annonce que la nappe
phréatique, à 15 m sous la centrale, est gravement contaminée par l'iode
radioactif tout comme l'eau de mer autour du site.
Chronologie - Avril
1er avril
- 8h, nouvelles fumées sur le réacteur n°2. Des
spécialistes estiment que c'est provoqué par la réaction du cœur du
réacteur avec le béton situé sous la cuve… et donc que le réacteur a
traversé l'enceinte de confinement métallique. Conséquence prévisible : la
radioactivité va encore augmenter.
- 9h, la télévision japonaise NHK, proche
du gouvernement, annonce que seuls les chefs d'équipe sur le chantier sont
équipés de dosimètres. Les ouvriers, la plupart issus de la
sous-traitance, n'en ont pas et n'ont aucune idée des doses qu'ils
reçoivent. Le Ministre de la santé a dit qu'il est normal que l'on reçoive
des doses plus importantes que la normale en cas d'accident, mais que dans
le cas présent, c'est un "sérieux problème". Traduction : ils
sont condamnés.
- 12h, la radioactivité baisse légèrement à Tokyo
d'après les mesures officielles. Mais il y a encore trois fois plus de
radioactivité à l'extérieur des bâtiments qu'à l'intérieur.
- 14h, dans le débat qui agite le Japon, un journaliste
rappelle que le nucléaire au Japon représente 29% de la production
électrique, laquelle a été en 2009 de 956 milliards de kWh. Arrêter le
nucléaire d'un coup, cela obligerait à redescendre à 679 milliards de kWh.
Par comparaison, en 1985, le Japon consommait 584 milliards de lWh.
- 15h, selon le département de l'énergie des
Etats-Unis, les émissions de radioactivité à Fukushima sont en train de
dépasser celles de Tchernobyl. Selon une spécialiste russe, Natalia
Mironova, la situation "est pire qu'à Tchernobyl" : trois réacteurs
au lieu d'un, et des émissions radioactives qui durent plus longtemps.
- 16h, selon le gouvernement russe, la radioactivité
venue avec les vents d'ouest et qui a traversé l'Europe a bouclé son
premier tour du monde en rejoignant dans l'est de la Russie la tache qui
s'étale à partir du Japon. A Moscou même, on a pu détecter de l'iode-131,
du césium-134, du césium-137 et du tellurium-132, à des doses très
faibles.
- 22h, deux pompes géantes pouvant envoyer de l'eau ou
du béton à 62 m de haut sont arrivées sur le site en provenance
d'Allemagne. Trois autres sont en route provenant des Etats-Unis et de
Chine.
2 avril
- 7h, l'Agence de l'énergie atomique du Japon annonce
que l'on ne peut exclure une contamination radioactive généralisée du
Japon.
- 8h, TEPCO annonce que le socle de la centrale n°2
n'est plus étanche et que de l'eau radioactive s'école maintenant
directement dans la mer.
- 8h, des militants antinucléaires organisent des
présences devant les agences d'intérim de Tokyo pour inciter les gens à
refuser d'aller travailler sur le site : "Si tu acceptes ce travail,
tu es mort". Une étude révèle que 80 % des intervenants en zone
"chaude" sont des intérimaires recrutés dans les couches les
plus pauvres de la population.
- 8h, la Chine annonce que déjà dix passagers ont été
interpellés à leur descente d'avion en provenance du Japon car présentant
un taux de radioactivité trop élevé.
- 10h, l'IRSN donne les premières mesures de
contamination dans le lait : il a été mesuré 0,11 bq/litre dans du lait de
Loire-Atlantique (limite pour la consommation : 600 bq/l)
- 11h, l'Agence japonaise de météo annonce avoir
réalisé un modèle de simulation de la dispersion des particules
radioactives, mais le gouvernement lui a interdit de diffuser ces informations,
estimant que cela créerait une panique. Toshio Yamagata, directeur du
service météorologie estime cela effrayant. Koyama Makoto, professeur à
l’université de Shizuoka a déclaré : "cette ordre d’en haut du
contrôle de l’information est égal à une déclaration de suicide de la
société"
- 13h, reprenant les données communiquées par le
département de l'Energie des Etats-Unis, la CRII-Rad donne
une première liste concernant les produits radioactifs relâchés. Elle
rappelle qu'il y a plus de 1000 isotopes différents et que seuls quelques
uns sont mesurés en continue, ce qui laisse une grande part d'incertitude.
- 18h, alors que les autorités des Etats-Unis estiment
que les piscines de combustibles sont plus solides aux Etats-Unis qu'au
Japon, l'Association des scientifiques responsables rappellent que dans
ces piscines on trouve environ dix fois plus de radioactivité que dans
l'ensemble des réacteurs du pays. Ces piscines sont protégées par un
simple toit en tôle… alors que les réacteurs sont sous une enceinte
d'acier et de béton. L'association rappelle également que les générateurs
de secours dans 93 des 104 réacteurs n'ont qu'une autonomie de 4 heures,
deux fois moins que ceux de Fukishima, alors qu'au Japon cela s'est avéré
insuffisant pour ne pas perdre le contrôle des réacteurs.
3 avril
- 5h, les corps de deux salariés partis en inspection
au début de l'accident et victime d'une explosion ont été retrouvés.
- 9h, l'Allemagne demande à la Suisse de fermer le
réacteurs de Beznau 1, située à une dizaine de km de la frontière
allemande. Le réacteur a été mis en route en 1969.
- 10h, les Etats-Unis ont annoncé le rapatriement des
militaires US et de leurs familles qui le souhaitent. Il y a 35 000
militaires US au Japon, soit environ 200 000 personnes en comptant les
familles et le personnel civil. Plusieurs banques internationales ont
également accepté le départ des salariés qui le veulent de Tokyo.
- 19h, Libération annonce sur son site que le programme du PS ne prévoirait qu'une
"sortie du tout nucléaire en 30 ou 40 ans" ce qui ne veut
strictement rien dire : nous ne sommes pas dans le tout nucléaire quand
celui-ci ne représente que 20 % de notre énergie !
- 23h, selon Ouest-France, Tepco cherche à
recruter en offrant un salaire de 200 000 yens par jour (1750 euros) pour
aller intervenir dans les zones les plus difficiles.
4 avril
- 8h, TEPCO annonce qu'après deux jours à chercher à
colmater les fuites pour empêcher l'eau radioactive d'aller vers la mer,
les différentes techniques essayées ont échoué.
- 10h, TEPCO annonce la nécessité de se débarrasser de
11500 tonnes peu contaminées qui sont dans les bassins de rétention des
réacteurs 5 et 6 pour pouvoir ensuite y stocker l'eau très radioactive qui
empêche d'accéder à des couloirs souterrains des réacteurs 1 à 4. Il annonce
vouloir rejeter le tout à la mer. Le porte-parole du gouvernement annonce
que c'est la solution la moins pire. Par ailleurs, 7500 tonnes d'eau
radioactive ont pu être stockées dans un navire-citerne (tankers), lequel
sera ensuite conduit dans le port de Shizuaka, au sud-ouest de Tokyo. Ce
navire n'est conçu ni pour stocker, ni pour transporter des déchets
radioactifs.
- 17h, Singapour a interdit l'entrée de produits
alimentaires provenant de la région de Kobé, celle-ci présentant un taux
de radioactivité trop important. Or Kobé est 500 km au sud de Tokyo !
- 17h, l'ACRO, laboratoire indépendant publie des
analyses sur des prélèvements effectués sur dix-sept lieux répartis en
France. Dans cinq échantillons, l'iode 131 est détectable, mais avec des
taux très faible. Dans les douze autres, la radioactivité est en dessous
du seuil de protection.
- 20h, le gouvernement suisse annonce étudier la
possibilité de remettre en fonctionnement des centrales gaz en route pour
pouvoir arrêter ses réacteurs, en accompagnant cette décision de mesures
visant à ne pas émettre globalement plus de CO2.
5 avril
- 8h, Le gouvernement coréen proteste contre les
rejets en mer, estimant que la pollution radioactive pose un problème de
droit international.
- 8h, Publication d'un sondage dans France-Soir :
83 % des Français sont pour une diminution progressive du nucléaire
(90 % à gauche, 66 % à droite). 73 % estiment qu'il est
possible de s'en passer totalement.
- 10h, Tepco a mesuré des taux de radioactivité dans des
flaques d'eau du réacteur 2 qui atteignent 7,5 millions de fois les
taux limites.
- 17h, Le gouvernement britannique décide de suspendre
les discussions en cours sur la construction de réacteurs EPR en
Grande-Bretagne.
- 18h, Le pré-programme du PS est rendu public : aucune
sortie du nucléaire n'y est présentée. On peut y lire tous les poncifs
habituels : fleuron de l'industrie française, industrie décarbonée,
indépendance nationale, "il faut penser l'avenir de notre industrie
nucléaire" et le sommet du négationnisme : "Ne gâchons pas des
années de succès technique et économique, unique au monde, du secteur
public français – le nucléaire civil – parce que la gestion privée au
Japon a conduit à un désastre, comme cela avait été aussi le cas dans une
moindre mesure à Three-Mile Island aux Etats-Unis en 1979".
Tchernobyl, géré par l'Etat, n'existe plus ! Les pro-nucléaires, DSK et
Hollande en tête, ont repris la main !
- 22h, L'Acro donne une estimation de la radioactivité
relâchée en mer par les 10 000 tonnes d'eau radioactives : 170
milliards de becquerels… et rappelle que c'est du même ordre de grandeur
que ce que l'usine Areva de La Hague rejette chaque mois en mer. L'Acro
rappelle que ce relâchement d'eau va permettre de stocker de l'eau
beaucoup plus radioactive : l'eau qui s'écoule du réacteur n°2 est un
million de fois plus dangereuse.
6 avril
- 5h30, Tepco annonce avoir stoppé la fuite concernant
le cœur du réacteur n°2.
- 7h45, Tepco annonce craindre une nouvelle explosion
d'hydrogène dans le réacteur n°1.
- 8h, Depuis le 31 mars, des groupes antinucléaires
ont organisé une "course de lenteur" qui se déroule chaque jour
à Tokyo devant le siège de Tepco. Des arrestations ont eu lieu pour
essayer de les empêcher de continuer.
- 10h, Le secrétaire d'Etat à l'environnement
d'Allemagne annonce que les huit réacteurs nucléaires actuellement à
l'arrêt ne redémarreront pas et qu'un plan de fermeture des neuf autres
prévoit la fermeture du dernier d'ici 2020. Soit un retour à la loi de
2002.
- 12h, Le gouvernement japonais a remonté les limites
de radioactivité dans l'alimentation de 500 bq/kg à 2000 bq/kg. Une simple
décision administrative et, hop, on est quatre fois plus résistant à la
radioactivité !
- 12h, La Chine indique que du césium 137 et 134 a été
mesuré dans l'air de 17 des 31 régions du pays. L'iode radioactif est lui
détectable partout. Les niveaux resteraient faibles et ne nécessiterait
pas de protection particulière.
- 12h, la CRII-Rad publie une étude sur les mesures
effectuées : pour le moment, nous sommes, en France, à des taux très bas,
mais on ne peut prévoir la suite tant que Fukushima continuera à produire
un nuage radioactif. Roland Desbordes président de la CRII-Rad s'étonne
que l'iode ait pu voyager si loin alors que la radioactivité ne sort qu'au
niveau du sol. Pour lui, cela signifie que sur place, la contamination
doit être importante.
- 12h, enquête dans les Echos sur les conséquences de
l'accident sur l'économie du secteur nucléaire en France. Le projet d'EPR
à Penly semble mort-né. Areva a suspendu la construction d'une usine de
métallurgie nucléaire en Virginie aux USA. EDF craint un nouvel
"hiver nucléaire" comme après l'accident de Tchernobyl.
- 19h, TEPCO confirme que le niveau de contamination à
l'intérieur des réacteurs se maintient à 5 millions de fois la limite, ce
qui signifie, compte tenu de la présence d'isotopes à la durée de vie très
courte, que les fuites radioactives se poursuivent. Il annonce l'injection
d'azote gazeux dans l'enceinte du réacteur n°1 pour essayer de neutraliser
une nouvelle bulle d'hydrogène en formation.
- 19h, la Chine indique avoir trouvé des contaminations
par l'iode dans les épinards de 3 régions orientale.
- 19h, le parlement de Bâle-Ville engage une motion par
73 voix pour, 0 contre et 11 abstention pour que le canton engage des
actions en direction de la France pour obtenir l'arrêt de la centrale de
Fessenheim.
- 20h, La secrétaire nationale PS à l'Energie, Aurélie
Filippetti remonte au créneau, estimant que le document pré-programme
n'est "absolument pas satisfaisant". "Il faut le rendre
cohérent avec ce qu'a dit Martine Aubry sur une sortie progressive du
nucléaire, et compatible avec la demande du groupe des députés PS sur un
moratoire sur la construction de nouvelles centrales". Elle indique
que de nombreux députés ont déjà proposé des amendements pour aller vers
une position plus "sortie du nucléaire".
7 avril
- 7h, la fréquentation de l'aéroport international de
Tokyo a baissé de 75 % depuis le 11 mars.
- 9h, plusieurs syndicats japonais dénoncent les arrestations
concernant les militants antinucléaires qui manifestent contre TEPCO et
pour l'arrêt du nucléaire.
- 10h, nouvelle communication d'Areva sur l'accident.
Le titre du document : "L'incident de Fukushima Daiichi". Selon Areva,
il y aurait encore quelque "petits rejets de fission". Plus
négationniste, cela va être difficile.
- 15h32, nouveau tremblement de terre de magnitude 7,4 à
60 km au large de Sendai et donc à 116 km au nord-est de Fukushima. Le
réacteur est évacué en urgence puis les travaux ont repris.
- 16h, manifestation des salariés d'EDF qui proteste
contre le projet de leur supprimer le tarif préférentiel dont ils
bénéficient pour l'électricité. La CGT annonce qu'en protestation, la
production des centrales nucléaires a été baissée de 7400 MW la veille et
13400 MW pendant la manifestation. L'équivalent de la production de 13
réacteurs et ceci sans retour à la bougie !
- 17h, le gouvernement russe proteste contre les rejets
d'eau radioactive en mer et demande au gouvernement japonais plus de
transparence sur les mesures de radioactivité.
- 19h, inquiétude à la centrale d'Onagawa, à 150 km au
nord de Fukushima, où le tremblement de terre a provoqué une panne dans le
processus de refroidissement du réacteur, processus enclenché après le 11
mars 2011.
- 20h, article intéressant du Monde sur
les états d'âmes des étudiants qui suivent une formation pour aller
travailler dans le nucléaire : beaucoup s'interrogent sur une
reconversion. Il faut rappeler qu'en France, EDF et Areva ont déjà
beaucoup de mal à recruter des jeunes et que cela ne va sans doute pas
s'arranger… au risque de manquer de personnel pour le suivi du nucléaire…
même après l'arrêt des réacteurs.
8 avril
- 7h, des fuites d'eau détectées à la centrale
d'Onagawa. Trois fuites ont été détectées sur le réacteur n°3 et d'autres
sur les piscines de stockage du combustible usagé des réacteurs 1, 2 et 3.
Il s'agirait de débordement provoqué par les secousses. Le gouvernement
japonais signale des incidents également dans des réacteurs à Higashidori
et Rokashomura. Les groupes électrogènes ont supplée au manque de courant
dans la région et on permis de ne pas perdre le contrôle de ces réacteurs.
- 8h, une quinzaine de militants antinucléaires se
sont enchaînés aux grilles d'entrée de la centrale de Golfech, obligeant
le personnel à passer par une autre entrée. Les militants ont été délogés
par les gendarmes au bout d'une heure.
- 9h, plusieurs députés PS, Christophe Caresche,
député de Paris ; Jean-Paul Chanteguet député de l'Indre ; Aurélie
Filippetti députée de Moselle ; Géraud Guibert animateur du pôle
écologique du Parti socialiste, signent une tribune dans le Monde pour demander la sortie du nucléaire.
- 18h, la Corée du Sud annonce la fermeture des écoles
en période de pluie. La pluie précipite en effet une radioactivité non
négligeable au sol. Or ce sont les enfants qui sont le plus sensibles.
Ceux-ci doivent rester chez eux lorsqu'il pleut. Des manifestants
antinucléaires ont défilé à Séoul, la capitale, avec des parapluies ornés
du trèfle radioactif.
- 18h, le gouvernement japonais lève l'interdiction de
consommer certains légumes provenant de la région de Fukushima, car la
radioactivité aurait baissé. Concrètement, vu la durée de vie des
radioéléments et du temps de concentration dans la chaîne alimentaire,
c'est impossible… mais cela traduit sans doute l'incapacité du
gouvernement à trouver des alternatives alimentaires à grande échelle. Le
gouvernement japonais a également relevé le taux de radioactivité dans le
riz de 500 à 5000 bq/kg ! Les Japonais deviennent dix fois plus résistants
à la radioactivité !
- 19h, en Allemagne, la confédération des groupes
énergétiques qui regroupe l'ensemble des producteurs d'électricité annonce
qu'elle est prête à mettre en place une politique visant à fermer les
derniers réacteurs d'ici 2020 tout en respectant la lutte contre le
réchauffement climatique et sans hausse des tarifs de l'électricité. Donc,
en Allemagne, c'est possible…
- 19h, incident de niveau 1 à la centrale de
Fessenheim.
- 20h, le Réseau Sortir du nucléaire s'inquiète du rapport de
l'Autorité de Sûreté nucléaire du 20 mars 2011 qui indique qu'après la
découverte de plutonium en trop grande quantité sur le site de Cadarache,
un inventaire a été réalisé… et que 69 sources radioactives non
répertoriées ont été trouvées dans une vingtaine d'installations
différentes.
- 22h, Le Figaro donne sur son site les grandes lignes du contrôle qui doit être
fait sur les 143 réacteurs européens : sont exclus les scénarios
terroristes, les cyber attaques. Sont étudiés les catastrophes naturelles,
les pertes de refroidissement, l'endommagement du combustible, le stockage
du combustible usé… Cela devrait déboucher au niveau européen sur "ce
qu'il est raisonnable de faire". Comme de toute manière, on ne peut modifier
un bâtiment déjà construit aussi complexe, il n'y a que deux possibilités
: continuer avec des risques plus ou moins identifiés ou l'arrêt.
9 avril
- 12h, un quotidien japonais publie un reportage sur la
centaine de personnes qui ont refusé d'être évacué de la zone des 20 km
autour de Fukushima, surtout des personnes âgées qui se fichent d'avoir un
cancer dans le futur, mais aussi quelques éleveurs qui ne veulent pas
abandonner leurs bêtes.
- 12h58, nouveau tremblement de terre de magnitude 6,1 à
1000 km au nord de Tokyo.
- 14h, le groupe des Verts au Parlement européen
demande l'arrêt de la "veille dame" qu'est la centrale de
Fessenheim. Une motion est rejeté par 300 voix contre, 264 pour, 61 abstentions
: cette motion précisait les conditions qui encadrerait les tests à mener
sur les réacteurs européens. Le groupe des Verts, une partie des
socialistes et d'autres ont voté contrer car il n'y avait aucune
incitation à aller vers une fermeture des réacteurs les plus dangereux,
encore moins pour envisager une sortie du nucléaire. Le groupe des Verts a
dénoncé l'hypocrisie de cette démarche uniquement centrée sur la
"sûreté" qui évite de parler d'un véritable débat sur les choix
énergétiques.
- 20h, un mois après le tremblement de terre, Tepco
présente ses excuses tout en expliquant que la situation est loin d'être
sous contrôle, qu'il faudra des mois pour stabiliser la situation, des
années pour nettoyer le site… Il y a 150 000 personnes qui vivent dans des
gymnases dont 80 000 sont des personnes évacuées de la zone contaminée.
10 avril
- 7h, une marche antinucléaire organisée près de Tokyo
a réuni plus de 15 000 personnes… soit dix fois plus que la manifestation
de la semaine précédente. D'autres manifestations ont eu lieu dans
d'autres villes, notamment pour demander la fermeture de différents
réacteurs nucléaires.
- 8h, entretien de Jean-Pierre Chevènement dans Le Parisien :
"Sortir du nucléaire, ce serait rompre avec l'héritage des Lumières. C'est
revenir à l'obscurantisme".
- 8h, entretien de François Hollande dans le grand
Jury RTL-Le Figaro-LCI, "Interrogé
sur le nucléaire, il a refusé d'envisager une sortie, préférant se fixer
un objectif: que l'énergie nucléaire ne représente plus que 50% de
l'énergie totale en 2025", donc il se prononce pour une augmentation
du nucléaire puisque celui-ci ne fournit aujourd'hui que 35 % de
l'énergie !
- 15h, 4000 personnes ont pique-niqué devant la
centrale de Fessenheim pour demander l'arrêt de la centrale.
11 avril
- 5h46, Un mois après le séisme, tout le Japon a observé
une minute de silence à la mémoire des victimes et disparus (plus de
20 000).
- 7h, L'installation de bâches au-dessus des bâtiments
explosés favorise une retombée locale des particules radioactives, mais
n'empêche pas la diffusion des gaz. Un mois après le séisme, les réacteurs
1, 2 et 3 de Fukushima ne sont toujours pas sous contrôle et la pollution
radioactive continue. Les 500 personnes sur le site, dont 400 sont des
sous-traitants, sont condamnées, plusieurs sont déjà hospitalisées. Au
moins 15 réacteurs nucléaires (sur 55) sont à l'arrêt depuis le 11 mars
2011.
- 8h, Sur France-Inter, Corinne Lepage estime que les
députés étaient avant presque tous pro-nucléaires, mais qu'aujourd'hui, la
situation est beaucoup plus contrastée.
- 8h, Des antinucléaires britanniques ont installé des
tripodes (perches mises comme un tipi avec une personne qui se place tout
en haut) sur plusieurs carrefours autour de la City de Londres pour
demander au gouvernement d'arrêter les négociations avec EDF concernant la
possibilité de construire des EPR dans le pays. La police a réussi à les
déloger seulement à 2h de l'après-midi.
- 10h, Le gouvernement japonais demande aux personnes
habitant dans un rayon de 40 km autour de la centrale de déménager
dans un délai d'un mois. Le maintien dans ces zones contaminées peut,
selon le gouvernement, provoquer des risques pour la santé sur le long
terme. Cela concerne environ 8 millions de personnes… qui auront bien du
mal à trouver une solution de remplacement.
- 10h16, Nouveau tremblement de terre de magnitude 7,1
dont l'épicentre est à seulement 80 kilomètres de Fukushima. La centrale
est évacuée. Le courant s'y arrête. Deux nouveaux réacteurs nucléaires,
situés plus au sud s'arrêtent.
- 14h, Le Quotidien du Médecin a réalisé un sondage auprès des médecins.
Ceux-ci sont à 10 % pour la sortie immédiate du nucléaire, 49 %
pour une sortie progressive, 40 % pour le maintien de la politique
actuelle, 1 % ne sait pas.
- 19h, Le gouvernement japonais annonce qu'il se retire
des négociations avec la Turquie pour la construction d'un réacteur
nucléaire dans ce pays.
- 20h, La commission japonaise de sûreté nucléaire
indique que les émissions de radioactivité de Fukushima ont dépassé
10 000 terabequerels (1000 milliards de becquerels) par heure entre
le 15 et le 17 mars, que l'on en serait déjà entre 370 000 et
630 000 terabecquerels pour les rejets dans l'air pour le seul iode
131. Ils estiment que l'accident doit être classé au niveau 7, le
plus haut niveau sur l'échelle des accidents. Si l'on veut respecter les
normes d'exposition des populations, elle estime qu'il faudrait évacuer à
40 km vers le sud-ouest… mais à 60 km vers le nord-ouest.
- 20h, Un sondage en Allemagne indique que 60 %
des sondés sont pour une sortie "la plus rapide possible du
nucléaire". Le gouvernement a indiqué que les réacteurs arrêtés pour
trois mois pourraient ne jamais redémarrer… Une réunion s'est tenue avec
le milieu bancaire pour obtenir une augmentation des crédits en faveur des
énergies renouvelables. Alors que la loi votée par le SPD et les Verts
prévoyait une sortie d'ici 2020, le gouvernement estime qu'il est
peut-être possible d'aller encore plus vite.
- 21h, Le gouvernement suisse envisage de renoncer
totalement au nucléaire. C'est ce qu'a affirmé la présidente suisse
Micheline Calmy-Rey lors d'une rencontre avec le président autrichien
Heinz Fischer.
- 22h, A la tombée de la nuit, en Espagne, Greenpeace a
projeté sur l'ensemble des réacteurs nucléaires une image géante avec une
tête de mort et le texte "plus jamais Fukushima, Danger
nucléaire". Le gouvernement socialiste a prolongé la vie des derniers
réacteurs en fonctionnement lors d'un vote un mois avant l'accident de
Fukushima.
12 avril
- 10h, Suite à une baisse du niveau d'eau dans les
piscines de stockage du réacteur n°4, un incendie se déclare à nouveau,
lequel est vite maîtrisé.
- 11h, Le conseil municipal de Strasbourg vote pour
l'arrêt de la centrale de Fessenheim. Les élus Verts, PS et UMP ont tous
voté pour cette motion. Dans le vœu ils s'appuient sur la méconnaissance
des dangers lors de la conception du réacteur dans les années 1970. Le 31
mars, la Franche-Comté avait voté un vœu similaire… mais seulement voté
par 7 écologistes et 2 socialistes contre 2 MRC (Chevènement) et 2 PS,
tous les autres élus, et notamment la droite, s'abstenant.
- 12h, Kyushu Electric Power qui préparait le chantier
d'un réacteur de 1590 MW à Satsumasendai (sud-ouest) annonce le gel du
projet.
- 13h30, Le gouvernement japonais indique que l'on a
mesuré des retombées de strontium 90 autour de Fukushima, preuve qu'un des
cœurs a fondu. Ces mesures ayant été faites à plus de 30km du site, cela
signifie qu'une grande zone va devoir être interdite pendant
longtemps : le strontium ne perd la moitié de sa radioactivité qu'en
28,8 ans.
- 16h30, Le gouvernement grec rappelle qu'il a renoncé à
l'énergie nucléaire parce que la Grèce est située sur une zone séismique.
Il demande à l'Union européenne de prendre des mesures strictes pour les
réacteurs construits sur de telles zones (c'est le cas de la vallée du
Rhône et de celle du Rhin par exemple) et en particulier de s'opposer au
projet de construction en Turquie.
- 17h, Des associations des Etats-Unis lancent un appel
au gouvernement japonais pour qu'il lance un appel à l'aide alimentaire…
et qu'il renonce à vouloir nourrir les Japonais avec des produits
contaminés.
- 17h, Une étude de l'Union des banques suisses estime
que pour calmer les populations, il va falloir fermer une ou deux centrales
dans chaque pays où il y a des réacteurs, soit une trentaine de réacteurs
sur les 440 existants. Rappelons que 8 réacteurs ont déjà été arrêtés en
Allemagne et que 18 sont en panne ou accidentés au Japon.
- 18h, Greenpeace s'étonne que le gouvernement japonais annonce que la totalité des
rejets radioactifs ne serait qu'à 10 % des rejets de Tchernobyl…
alors qu'il avait donné le même chiffre il y a trois semaines.
- 19h, Le Monde publie une enquête sur les incohérences que l'on peut pointer au
Japon. Le journaliste montre que les rivalités politiques gauche-droite se
sont évidemment focalisées sur la question nucléaire. Le Parti démocrate
(centre gauche) au pouvoir a perdu des élections le week-end du 9 et 10
avril au profit du Parti libéral (droite), ce dernier dénonçant la gestion
hasardeuse de la crise. L'enquête montre que le manque de volonté
politique d'évacuation des populations est directement lié à la question
financière : les communes ne veulent pas évacuer tant que l'Etat ne
s'engage pas à payer les coûts que cela entraîne. La question financière
explique aussi sans doute l'absence de mesures efficace pour éviter la
consommation d'aliments contaminés.
- 23h, Polémique au Japon : des groupes
indépendants mettent en doute les annonces concernant les mesures de
radioactivité sur le site de Tokai, à 85 km au sud de Fukushima. Le
maintien d'un taux de radioactivité 300 fois supérieur à la normale ne
peut s'expliquer par les retombées de Fukushima et il est donc probable
qu'il y a des fuites sur le réacteur à l'arrêt depuis le 11 mars 2011.
Problème : cette centrale est la plus proche de Tokyo (100 km).
13 avril
- 6h40, Nouveau tremblement de terre au nord du Japon,
magnitude 5,8. Depuis le 11 mars 2011, il y a eu plus de 400 répliques
dépassant le niveau 5.
- 8h, Communiqué de la Crii-Rad, "les experts calculent, les populations
subissent". LaCrii-Rad rappelle que le gouvernement a
classé l'accident au niveau 4 jusqu'au 18 mars, repoussant ainsi
l'évacuation des populations et qu'admettre maintenant, un mois après le
début de l'accident qu'il est niveau 7, cela signifie que des
millions de personnes ont été contaminés alors qu'elles auraient dû être
évacuées depuis longtemps.
- 10h, La presse japonaise relève des cas de
discriminations envers les personnes qui quittent la région de
Fukushima : des personnes ont peur de les accueillir craignant leur
possible radioactivité. Le gouvernement s'est voulu rassurant en disant
que seuls les salariés de la centrale peuvent présenter une radioactivité
suffisante pour irradier une autre personne !
- 10h, Une étude menée par Bank of America estime que
le seul accident nucléaire pourrait coûter de l'ordre de 130 milliards de
dollars… soit autant que les autres dégâts provoqués par le tremblement de
terre du 11 mars 2011. Cette somme pourrait se partager entre Tepco (24 à
45 milliards), les autres entreprises de l'électricité (32 milliards par
une caisse de solidarité), le reste étant à la charge de l'Etat.
- 12h, Nouveau sondage réalisé pour le compte de l'Express : 57 %
des Français sont pour la sortie du nucléaire, mais à condition que l'on
trouve des solutions pour ne pas augmenter le prix de l'électricité.
L'option "sortie du nucléaire" est majoritaire dans toutes les
tranches d'âge sauf chez les plus de 60 ans.
- 20h, une pétition est lancée au niveau européen pour
demander que TEPCO soit dessaisi de la gestion de la catastrophe.
Malheureusement, en demandant que ce soit l'ONU qui prenne le relais !
Paradoxe, car c'est l'AIEA, agence des Nations Unies pour la promotion du
nucléaire civil, qui supervise déjà la communication autour de l'accident…
et qui continue à mentir sur la gravité de Tchernobyl depuis 25 ans.
- 20h, Villeurbanne, ville de 110 000 habitants à l'est
de Lyon, a voulu tester la possibilité d'alerter rapidement sa population
en cas d'accident. Villeurbanne est à 30 km à l'ouest de la centrale de
Bugey. Entre 19h et 20h, la mairie a fait appeler par un automate
l'ensemble des téléphones de la ville. Cela a été réalisé en seulement une
heure, mais sur 56 599 appels, seuls 27470 personnes ont répondu (48,5%).
A la fin du message, il était demandé d'appuyer sur la touche 1 pour voir
ceux qui avait écouté jusqu'au bout… et là seulement 7889 l'ont fait
(14%). Combien aurait répondu à 3h du matin ? Combien aurait accepté de
partir de chez eux immédiatement en cas de nuage radioactif ?
- 20h30, Greenpeace publie un rapport sur les mesures effectuées sur
place pendant un mois par ses spécialistes. Les mesures, toutes faites en
dehors de la zone d'évacuation, montrent d'importantes taches de
radioactivité… et pas seulement avec des isotopes à durée courte comme
l'iode 131, mais aussi avec des éléments à durée longue (césium,
strontium…). Des contaminations importantes ont été relevé dans les villes
de Fukushima et Koriyama, pourtant à 60 km des réacteurs. Pour Greenpeace, il faut évacuer les
personnes qui vivent dans ces taches de radioactivité : cela représente
environ un million de personnes. Pour Greenpeace, si en terme de
radioactivité, on n'a pas encore atteint le niveau de Tchernobyl, au
niveau du nombre de personnes en zone contaminée, c'est pire !
- 23h, rapport de l'IRSN, Institut français de
radio-protection et de sûreté nucléaire : "L'état de trois réacteurs
reste très préoccupant", "les moyens utilisés pour l'injection d'eau
restent précaires". Le rapport indique que l'injection d'azote peut
éviter à l'hydrogène d'exploser… à condition de rejeter les gaz
radioactifs dans l'air.
14 avril
- 11h, les douanes de Vladivostok (Russie, face au
Japon) ont bloqué des véhicules d'occasion en provenance du Japon,
celles-ci présentant un taux de radioactivité trop important.
- 12h, le gouvernement français annonce que François
Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet se rendront à Kiev (Ukraine, à côté
de Tchernobyl) pour un sommet dont le thème est "L'utilisation sûre
et innovante du nucléaire" !
- 13h, la CGT publie un texte demandant l'arrêt de la
sous-traitance massive dans l'exploitation des réacteurs nucléaires. Elle
dénonce la présence de 80 % d'intérimaires au niveau de la maintenance. Il
y a une raison à cela : cela permet d'éviter que des salariés fixes ne
soient trop irradiés lors d'opérations dans des réacteurs qui, plus ils
vieillissent, plus ils sont radioactifs.
- 14h, alors que les autorités françaises estiment que
le passage au niveau 7 de l'accident est exagéré, les autorités
américaines, au contraire estime que c'est plus que justifié.
- 22h, le conseil régional du Centre a adopté une
motion pour la "sortie progressive mais très volontaire du
nucléaire" dans la région et dans le pays. Ce vote a recueilli 12
votes positifs de la part des élus écologistes, 7 contre de la part du FN,
tous les autres élus s'abstenant !
15 avril
- 1h, TEPCO a fait un prélèvement d'eau dans les piscines
de stockage du réacteur n°4 où a eu lieu récemment un nouvel incendie. La
présence abondante d'iode 131 semble indiquer qu'une réaction de fission
s'est enclenchée entre les éléments qui y sont stockés : 1331 barres usagé
et 204 barres neuves. Si une réaction en chaîne s'enclenchait dans cette
piscine, cela serait catastrophique car elle est située en dehors de
l'enceinte principale de confinement. TEPCO étudierait la possibilité de
stopper le risque en enlevant des barres de combustible à l'aide d'un
drone. Pour le moment, ils ne savent pas si cela est possible.
- 8h, le réacteur n°2 de Fessenheim est mis à l'arrêt
pour son troisième contrôle décennal. L'ASN devra ensuite statuer pour
autoriser ou non une prolongation de son exploitation.
- 12h, dans un entretien à Médiapart, Jacques
Repussard, directeur de l'IRSN, reconnaît que l'on doit revoir toutes les
normes d'évaluation des risques : les hypothèses retenues pour les
réacteurs actuels n'auraient dû laisser se produire trois accidents graves
(Three-Mile-Island, Tchernobyl, Fukushima)… qu'en 1000 ans avec 400
réacteurs en fonctionnement. Nous en sommes à 20 fois plus (en ne comptant
qu'un seul accident pour Fukushima).
- 16h, le département de l'énergie des Etats-Unis,
recoupant les cartes de radioactivité et celles des populations, publie
une première estimation : sur le long terme, l'accident de Fukushima
pourrait provoquer la mort d'un million de personnes. Les Etats-Unis
conseillent toujours de ne pas entrer dans la zone de 80 km autour du
site.
- 17h, l'agence de presse japonaise Kyodo publie
une étude réalisée pour le compte du gouvernement japonais qui estime elle
qu'il pourrait y avoir 400 000 cancers mortels supplémentaires dans un
rayon de 200 km autour de la centrale (donc jusqu'à Tokyo). L'étude
précise que ce chiffre peut encore varier énormément selon les capacités
que l'on aura à évacuer ou non un nombre plus important de personnes. Au
même moment, le gouvernement français indique qu'il n'y a pas de danger
pour la santé pour les personnes souhaitant se rendre à Tokyo.
16 avril
- 15h, actions symboliques à Montluçon (Allier, die-in,
150 personnes), Lannion (30 personnes), Bordeaux (occupation d'un agence
EDF par dix personnes), Strasbourg (défilé de mode, 20 personnes), Lille
(piquet de dix personnes devant une agence EDF), Brioude (Haute-loire,
visite maison autonome, 80 personnes), La Roche-sur-Yon (Vendée, 150
personnes).
- 20h, TEPCO donne des mesures de radioactivité dans la
mer. Ces taux restent particulièrement élevé : jusqu'à 6500 fois supérieur
aux limites.
17 avril
- 8h, dans une conférence de presse, TEPCO estime
qu'il lui faudra trois mois pour que commence à baisser les niveaux
importants de radioactivité et six mois de plus pour arriver à l'arrêt total
des réacteurs. Ce n'est qu'alors qu'il sera possible de sortir les barres
de combustibles progressivement et d'ainsi éviter tout nouveau risque. Les
six réacteurs du site seront alors définitivement arrêtés. TEPCO annonce
qu'il ne renonce pas à son activité nucléaire malgré le fait que 11 des 17
réacteurs qu'il détient sont soit détruits soit en panne (certains depuis
le tremblement de terre du 16 juillet 2007). Sur 17,3 GW nucléaire, seuls
6,5 GW sont encore en activité. TEPCO détient également des barrages
hydrauliques (8,5 GW) et des centrales thermiques (37 MW). TEPCO devrait
dépenser entre 24 et 45 milliards d'euros. Au-delà, ce serait pris en
charge par une caisse commune avec les autres électriciens puis par
l'Etat.
- 14h, à Kiev (Ukraine), 2000 liquidateurs de
Tchernobyl manifestent pour demander une meilleure prise en charge au
niveau social. Le gouvernement ukrainien estime que 5 millions de
personnes dont 2,3 millions en Ukraine souffrent des conséquences de
l'accident, dont de nombreuses parce qu'elles vivent dans les zones
contaminées. Selon le gouvernement, seuls 5 % des enfants du pays ont
une santé correcte. L'espérance de vie du pays est en baisse constante :
de 79 ans en 1989, elle ne sera plus que de 55 ans en 2020.
18 avril
- 8h, Jean-Pierre Frick démarre un jeûne tournant
devant la préfecture de Colmar, pour demander l'arrêt de Fessenheim et un
plan de sortie du nucléaire en dix ans. Le jeûne durera au moins trois
semaines. D'autres militants et militantes l'accompagnent en jeûnant sur des
périodes plus courtes.
- 11h, conférence de presse des Enfants de Tchernobyl sur
la poursuite de la catastrophe. Une délégation s'est rendue ces derniers
jours dans la ville russe de Novozybkov (200 km de Tchernobyl, 45 000
habitants) : des relevés de radioactivité au sol indiquent que l'on a des
expositions massives encore aujourd'hui. Les aliments sont contaminés à
haute dose. Ce sont principalement les retombées de Césium 137 qui sont
responsables de cette contamination persistante. Les Enfants de Tchernobyl dénonce l'attitude de l'OMS qui
ne rend pas compte de l'état de santé des victimes de l'accident.
- 14h, Eva Joli demande que les audits des réacteurs
nucléaires français soient confiés à des experts d'autres pays, sous
contrôle européen.
- 14h, une manifestation contre le projet de centrale
nucléaire Areva à Jaïtapur est violemment réprimée par la police qui ouvre
le feu. Un manifestant, Tabrez Pehekar, pêcheur, a été tué par balle.
- 15h, manifestation des sous-traitants du nucléaire à
Bollène (Vaucluse, près du Tricastin) pour demander une meilleure
protection sociale, la baisse des limites d'exposition et la retraite à 55
ans. Ils sont environ 20 000 en France selon EDF dont 17 % en intérim
et CDD. Ces derniers sont ceux qui reçoivent les doses les plus
importantes… et dont on perd la trace le plus facilement pour continuer à
affirmer que le nucléaire ne provoque pas de maladies professionnelles.
- 17h, Patrick Fauchon, maire PS de Flamanville
(Manche) s'inquiète de la perte de valeur immobilière pour ceux qui
veulent déménager alors qu'ils habitent près d'une centrale nucléaire.
- 18h, des robots ont mesuré les taux de radioactivité
dans les réacteurs 1 et 3, des niveaux qui s'avèrent trop élevés pour que
l'on puisse y pénétrer.
19 avril
- 4h, le gouvernement japonais annonce la suspension
de la construction de nouvelles centrales tant qu'une remise à plat des
conditions de sécurité n'a pas été mise en place.
- 9h, TEPCO poursuit le pompage de l'eau très
radioactive en la stockant dans les bassins de rétention après que ceux-ci
aient été vidés en mer d'une eau moins radioactive. Il faudra au moins un
mois de pompage pour évacuer 10 000 tonnes d'eau.
- 10h, un sondage au Japon fait auprès de 3352
personnes, indique que 41 % des Japonais sont pour l'arrêt ou la diminution
de la part du nucléaire. En 2007, après l'accident provoqué par un
précédent séisme à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, ils n'étaient que
28 %. 51 % sont pour continuer le nucléaire contre 53 % en 2007. 5 %
sont pour augmenter la part du nucléaire contre 13 % en 2007. Les hommes
sont majoritairement favorables au nucléaire alors que les femmes sont à
égalité.
- 12h, publication d'une étude médicale en Belgique qui
indique que l'accident de Tchernobyl a provoqué une hausse significative
des cancers de la thyroïde chez les enfants qui avaient moins de dix ans
lors de la catastrophe. Ceci infirme la version officielle qui jusqu'alors
considérait les doses reçues comme négligeables.
- 13h, l'arrivée des Verts à la tête de la région
Bade-Wurtemberg devrait mettre fin aux activités nucléaires de
l'électricien EnBW, propriétaire de quatre réacteurs nucléaires : la
région dispose en effet de 50 % du capital d'EnBW, a égalité avec un
groupement de communes.
- 15h, au Canada, des militants de Greenpeace ont
occupé le bureau du ministre de l'énergie, pour demander l'abandon des
projets de nouveaux réacteurs dans le pays.
- 19h, en Italie, depuis 2008, Berlusconi essayait de
relancer le nucléaire. Après avoir annoncé un report d'un an puis de deux
ans pour organiser un référendum autorisant le gouvernement a relancer le
nucléaire (arrêté par référendum après l'accident de Tchernobyl), un
projet de loi a été présenté pour demander qu'avant un tel référendum tous
les textes législatifs soient revus en fonction des nouvelles données que
l'on connaît depuis 25 ans. Le nucléaire risque d'être bien abandonné
définitivement.
20 avril
- 8h, le gouvernement japonais indique qu'un
navire-hôpital devrait être installé à Onahama, un port entre Fukushima et
Tokyo, spécifiquement pour y accueillir les travailleurs irradiés du site…
les hôpitaux classiques étant réservés aux populations plus légèrement
irradiées des zones contaminées. Une cinquantaine de travailleurs sont
déjà hospitalisés, trois sont morts.
- 11h, l'Agence de sûreté industrielle et nucléaire du
Japon annonce officiellement qu'il y a bien eu fusion partielle des cœurs
des réacteurs 1 et 3. Les estimations divergent encore pour savoir dans
quel pourcentage.
- 14h, en Inde, plusieurs milliers de personnes
assistent à l'enterrement de Tabrez Pehekar, tué par balle lors d'une
manifestation contre le projet Areva de centrale nucléaire.
- 15h, recommandation du gouvernement pour les écoles
de la province de Fukushima : ne pas laisser sortir les enfants plus d'une
heure par jour, bien leur laver les mains et le visage lorsqu'ils rentrent
en classe. De nombreuses associations japonaises ont réagi en demandant
que l'on évacue les enfants de cette zone comprises entre 30 et 80 km de
la centrale.
- 16h, alors que des habitants demandent à pouvoir
récupérer certaines affaires, le gouvernement annonce qu'une seule
personne par maison pourra le faire et une seule fois, sous contrôle
policier, en tenue de protection et après contrôle du niveau de radiation
des objets emmenés. Un contrôle effectué par la police dans 3378 maisons a
permis de constater que 63 étaient encore habitées ! A partir du 21 avril,
O h, la zone d'évacuation de 20km devient zone interdite aux civils
pour une durée indéterminée.
- 19h, une revue taïwanaise publie des données sur les
travailleurs de TEPCO. En 2009, sur le site de Fukushima, il y avait 1108
salariés REPCO et 9195 salariés d'entreprises sous-traitantes. Ce sont ces
derniers qui se prennent la majorité des doses d'irradiation. Or ces 9000
salariés disponibles ne suffisent plus aujourd'hui pour se relayer sur le
site (où ils sont en permanence entre 500 et 700) et des petites annonces
apparaissent dans la presse japonaise pour essayer de recruter. Un expert
consulté par le quotidien propose que l'on n'envoie sur le site que des
personnes de plus de 60 ans : plus on est âgés, moins on est sensible aux
radiations… et moins on a de chance de développer un cancer dans dix ou
vingt ans.
- 23h, nouveau sondage réalisé pour France 2 et un
panel de chaîne de télévision dans d'autres pays, au niveau mondial (?) :
au Japon, les personnes favorables au nucléaire seraient passées de 62 %
en début d'année à 39 % aujourd'hui. Ce serait en Chine que l'on aurait le
plus de personnes favorables (70 %) devant la Corée du Sud (64 %). En
France, on aurait une baisse de 8 % (de 66 à 58 %). Les plus opposés
seraient les Autrichiens (90 %) devant les Grecs (89 %) et les Géorgiens
(80 %). Si le référendum souhaité par Berlusconi en Italie avait été
maintenu, 75 % des Italiens auraient voté contre la reprise du nucléaire.
21 avril
- 11h, TEPCO annonce avoir relâché 5000 Tbq en mer
depuis le 1er avril soit 20 000 fois ce qu'elle est autorisée à rejeter
par an. Selon les autorités de sûreté japonaise, ce seul rejet en mer correspond
déjà à un accident de niveau 5 à 6.
- 12h, une trentaine de militants de Greenpeace déroulent
une banderole géante sur le siège d'EDF à Paris : "le nucléaire sûr
n'existe pas". La même banderole est déroulée par un autre groupe sur
l'Atomium de Bruxelles. Greenpeace demande l'arrêt des chantiers des
EPR en Finlande et à Flamanville, le retrait des entreprises françaises
dans les projets en Bulgarie, au Brésil et en Inde et une décision de
sortie du nucléaire.
- 15h30, nouveau séisme de force 6,3 au nord-est de
Tokyo.
- 17h, le gouvernement japonais a décidé de faire des
tests sur du lait maternel de femmes évacuées de la région pour dépister
d'éventuelles contaminations radioactives.
- 20h, 150 supporters du club de foot de Nuremberg, 6e
du championnat allemand, ont demandé au club que cesse le sponsoring avec
Areva.
22 avril
- 10h, une trentaine de militants du comité Stop EPR2 ont
occupé les locaux de l'ASN, Autorité de sûreté nucléaire, pour une
"visite d'inspection décennale". Avec l'aide des forces de l'ordre,
ils ont obtenu la fermeture provisoire du site. Ils demandent à l'ASN de
s'expliquer sur l'absence de sanctions à l'encontre d'EDF lorsque
l'électricien ne répond pas aux demandent de l'ASN ou falsifie des
données. Rappelant que la sanction suprême est la fermeture des sites
nucléaires, les militants demandent à l'ASN de prendre les mesures
nécessaires pour fermer les sites situés en zone séismique ou inondable,
un arrêt des chantiers des EPR 1 et 2 ou… la fermeture de l'ASN.
- 15h, le gouvernement japonais modifie la norme
d'exposition à la radioactivité en passant cette fois la limite à 20
millisieverts par an… soit une multiplication par 20 pour les adultes
depuis le début de l'accident… et par 80 pour les enfants. Ainsi, il n'est
pas besoin d'évacuer plus de monde ! De nombreuses organisations
scientifiques et politiques ont protesté contre cette mesure.
- 19h, alors que jusqu'à maintenant le projet était
bloqué, le conseil général de Vendée a voté en faveur de l'implantation d'éoliennes
offshore : 96 fois 6 MW entre l'Ile d'Yeu et l'Ile de Noirmoutier, à 21 km
des côtes. Ce vote étant motivé par "la nouvelle donne provoqué par
l'accident de Fukushima". La production électrique attendue dépasse
légèrement les besoins du département.
- 21h, l'AFP publie un récapitulatif : 440 réacteurs
dans le monde sur 221 sites et 90 millions de personnes qui vivent dans un
rayon de 30 km autour. En France, 5 millions de personnes vivent autour
d'un des 19 sites. Si l'on monte à 75 km, on a alors près de 500 millions
de personnes concernées : 111 aux Etats-Unis, 72 en Chine, 57 en Inde, 39
en Allemagne, 33 au Japon, 22,4 en France (soit un habitant sur trois).
- 23h, le gouvernement japonais annonce étudier comment
procéder à l'évacuation des personnes situées entre le 20 et le 30e
kilomètres au cas où la contamination continuerait à augmenter.
23 avril
- 8h, tous les panneaux d'entrée de la ville de
Gravelines (Nord) et des autres communes situées dans un rayon de 30 km, ont
été recouverts d'affiches "Tcherno-ville". La centrale de
Gravelines compte 4 réacteurs de plus de 30 ans.
- 8h, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à
Tokyo pour demander la sortie du nucléaire.
- 15h, nombreuses marches antinucléaires dans une quarantaine
de villes d'Allemagne pour les traditionnelles "marches de
Pâques". 145 000 manifestants au total.
- 15h, die-in à Lille (30 personnes). Manif à Poitiers
(60 personnes).
24 avril
- 15h, 300 manifestations ont eu lieu en France pendant
le week-end du 23 au 25 avril : dont une vingtaine devant les centrales de
Golfech (400 personnes), Cattenom (3000), Saint-Laurent-des-Eaux (80
personnes), Flamanville (800), Cruas (200), Brennelis (800), Blayais
(800), Lyon (300), Redon (200). Grosse manif sur le pont de l'Europe à
Strasbourg pour la fermeture de Fessenheim : 1500 côté français, 5000 côté
allemand. Des manifs avaient également lieu sur cinq autres ponts
frontaliers : 3000 (dont 700 français) ont bloqué le pont entre
Marckolsheim et Sasbach. Distribution de tracts à Montpellier (40
personnes). Manif à Bruxelles (1000 personnes) et à Vienne (1000
personnes). Au total, plus de 20 000 manifestants français.
- 24h, une centaine de femmes habitant dans la zone
contaminée mais non évacuée protestent publiquement pour la première fois
en demandant "protégez nos enfants, fermer les réacteurs
nucléaires". Elles protestent contre la décision du gouvernement de
relever les doses admissibles.
25 avril
- 12h, TEPCO indique que les robots français ne peuvent
être utilisés car trop volumineux. Les robots américains permettent de
faire des mesures précises et de filmer à l'intérieur des zones
dangereuses, mais pas de faire des interventions. Ce sont donc des humains
qui devront se relayer dans des zones où les doses annuelles (augmentées)
peuvent être atteintes en quelques dizaines de minutes. TEPCO indique
également qu'il a des difficultés à maintenir les piscines de stockages
des barres de combustibles du réacteur n°4 à une température basse, ceci
malgré l'injection permanente d'eau pour la refroidir.
- 16h, TEPCO annonce une baisse de salaire de 50 % pour
ses dirigeants, de 20 % pour ses cadres supérieurs. Il économisera ainsi
450 millions d'euros par an.
26 avril
- 1h23, 25e anniversaire de l'accident de Tchernobyl. Le réacteur n°4 explose libérant 2 % de son
contenu dans l'atmosphère. Une zone interdite de 30 km est toujours en
place. Près d'un million de personnes sont déjà mortes et 7 millions
vivent dans des zones contaminées et sont destinées à mourir d'un cancer.
L'accident a déjà coûté 1000 milliards de dollars. Vladimir Kouznetsov,
conseiller auprès de Rosatom, l'EDF russe, estime que onze réacteurs
russes sont aujourd'hui vétustes et qu'ils devraient être fermés depuis
longtemps. Lors d'un colloque à Kiev, l'OMS annonce pour la première fois
10 000 morts (contre 4000 avant). Pour rappel, les gouvernements russe et
ukrainien parlent, eux, d'un million de morts.
- 5h, selon l'autorité de sûreté nucléaire japonaise,
les rejets de radioactivité ne seraient plus que de 1 terabecquerels par
jour soit 150 fois moins qu'au début du mois. Depuis le 11 mars, le total
des émissions atteindrait 370 000 terabecquerels soit autant que ce que
Tchernobyl a libéré lors des dix premiers jours de l'accident. Pour
rappel, Tchernobyl a libéré 200 fois plus de radioactivité que la bombe
sur Hiroshima.
- 12h30, TEPCO annonce avoir commencé un programme de
projection de résine sur le sol pour fixer les poussières radioactives. Selon
ses estimations, il faudra projeter un million de m3 de résines pour
couvrir une surface de 50 hectares. Pour le moment, la pulvérisation est
faite par des hommes en tenue de protection, mais TEPCO espère pouvoir les
remplacer par un véhicule spécialisé.
- 14h, à Minsk, plusieurs centaines de manifestants
osent braver la répression de la dictature biélorusse pour demander
l'arrêt de la construction d'un premier réacteur dans le pays. La
Biélorussie est le pays le plus contaminé par l'accident de Tchernobyl,
près de sa frontière sud.
- 20h30, pendant une semaine, France-Culture lit des
extraits du livre La supplication.
27 avril
- 8h, début de la cinquième année de présence
quotidienne devant l'entrée de l'OMS à Genève pour dénoncer l'accord qui
oblige l'OMS à soumettre ses publications à l'AIEA, Agence de promotion de
l'énergie nucléaire. Pour la première fois, la directrice de l'OMS,
Margaret Chan, a accepté une entrevue qui aura lieu le 4 mai.
- 8h, le Monde publie une tribune signée par
Youri Bandajevsky, ancien recteur de l'université de médecine de Gomel,
Michèle Rivasi et Daniel Cohn-Bendit. On y apprend que le taux de
croissance démographique en Biélorussie, pays le pus touché par l'accident
de Tchernobyl, est actuellement de -0,59 %, ce qui signifie une
surmortalité effroyable et une baisse importante de la natalité : les gens
ne peuvent plus avoir d'enfants après 25 ans de contamination au césium.
- 8h, l'Autorité de sûreté nucléaire autorise Areva à
lancer un chantier de réparation pour refaire les soudures des tuyaux qui
traversent la cuve du réacteur EPR. Ce défaut de fabrication avait été
révélé en septembre 2010 par le Réseau Sortir du nucléaire. L'ASN
étudiera ensuite si le couvercle de la cuve présente bien la résistance
souhaitée avant d'autoriser la poursuite du chantier… qui compte déjà plus
de 3 ans de retard.
- 10h, TEPCO annonce que toutes ses centrales abîmées
par le tsunami seront remises en marche d'ici le mois de juillet. Il
s'agit évidemment de centrales thermiques au gaz… pour les centrales
nucléaires, ce sera nettement plus long.
- 10h, le gouvernement explique les difficultés qu'il rencontre pour
l'évacuation de la zone au-delà des 20 km autour de Fukushima. Les
principaux problèmes concernent le relogement des personnes hospitalisées
ou en maison de retraite. Dans la ville d'Iitate, à 40 km de la centrale,
mais particulièrement touchée par les émissions radioactives, il y a par
exemple à reloger un asile psychiatrique spécialisé avec 107 résidents
dont 30 alités. à Okuma, il y a un hôpital avec 440 patients dont une
centaine entrés à la suite du tremblement de terre. Plusieurs malades sont
morts lors de leur transfert vers d'autres hôpitaux.
- 13h, les mesures de radioactivité à Tokyo sont, de
source officielle, toujours assez basse, mais quand même avec deux fois
plus de radioactivité dans l'air à l'extérieur qu'à l'intérieur des
habitations.
28 avril
- 1h, selon la Commission de sûreté nucléaire
japonaise, les estimations de TEPCO sur les émissions d"iode et de
césium radioactif sont sans doute fausses : une étude portant sur la
journée du 5 avril donne un résultat dix fois plus élevé que ce
qu'annonçait TEPCO ce jour là : 6,4 terabecquerels au lieu de 0,69
annoncés.
- 4h,
TEPCO indique qu'il lui faut encore envoyer de 140 à 210 tonnes d'eau par
jour rien que pour refroidir le combustible des piscines du réacteur n°4,
ce qui fait autant d'eau radioactive à stocker ensuite, même si elle
s'évapore en partie. TEPCO estime que le réacteur 1 aurait fondu de 55 %,
le 2 de 35 % et le 3 de 30 %.
- 8h, le gouvernement japonais s'inquiète de la
pérennité du fonctionnement de l'ensemble du parc nucléaire : celui-ci
fonctionne avec de nombreux sous-traitants (environ 70 000) qui pour la
plupart ont déjà ou vont être irradiés sur le site de Fukushima et ne
peuvent donc plus travailler sur les autres centrales. Le gouvernement
craint une pénurie qui empêcherait l'entretien des centrales encore en
fonctionnement. Malgré les annonces dans la presse, les entreprises
sous-traitantes ont annoncé avoir du mal à recruter.
- 9h, une tornade aux Etats-Unis provoque la chute de
onze lignes à haute tension ce qui entraîne l'arrêt d'urgence de trois
réacteurs de la centrale de Browns Ferry (Tennessee).
- 13h, polémique aux Etats-Unis : des scientifiques
annoncent avoir mesuré des retombées d'uranium en Californie et de
plutonium en Nouvelle-Angleterre (43 fois trop élevé) et à Hawaï (11fois
trop élevé). Si cela est exact, cela signifierait que l'accident de
Fukushima est totalement sous-estimé. Or le Japon ne donne pour le moment
que des mesures de radioactivité sur l'iode et le césium. Ces
scientifiques demandent au Japon les mesures faites sur l'uranium et le
plutonium. Il pourrait s'agir de la conséquence de l'explosion du réacteur
n°3 dont les piscines de stockage du combustible usagé semblent avoir été
pulvérisé… alors qu'elles contenaient du MOX.
- 14h, Greenpeace proteste après que le gouvernement
japonais lui ait interdit d'approcher des zones contaminées avec son
navire Rainbow Warrior. Greenpeace a annoncé
son intention de faire une campagne de mesures de la radioactivité dans
l'eau, dans la faune et la flore marines.
- 15h, Sarkozy annonce qu'il va aller visiter la
centrale de Gravelines (Nord). Pour annoncer cela, il se fend de quelques
petites phrases : "sortir du nucléaire reviendrait à se couper un
bras" et d'insister tout en finesse "nous n'allons pas revenir à
la bougie". Il est vivement critiqué par les réseaux associatifs mais
aussi par la commission énergie du PS. Le Réseau Sortir du nucléaire rappelle que Gravelines utilise
une technologie similaire à celle de la centrale de Three-Mile Island
victime d'un accident grave en 1979. Que 5 des 6 réacteurs de la centrale
sont chargés en Mox, le même qui a provoqué le relâchement de plutonium à
partir du réacteur n°3 de Fukushima. Que les six réacteurs sont concernés
par deux anomalies génériques et qu'EDF refuse de les supprimer car cela
coûterait trop cher. Que Gravelines, plus grosse centrale d'Europe, est
installé à côté de 13 sites "Seveso seuil haut" dont un dépôt
pétrolier à 500 m. En cas d'incendie, les conséquences chimiques
pourraient se rajouter à la pollution radioactive. Que le récent essai
d'évacuation des populations dans un rayon de seulement 2km a été un échec
total. Enfin que les réacteurs sont construits 45 cm en dessous du niveau
de la crue milléniale… alors que le niveau de la mer monte.
- 19h, Abdoulaye Wade, président du Sénégal, en visite
sur un salon de l'énergie, lance un appel aux Etats africains pour que
tous renoncent au nucléaire. Il annonce le retrait du Sénégal d'un projet
de centrale flottante étudiée avec la Russie au large de Dakar.
29 avril
- 8h, un sondage commandé par Greenpeace révèle
que 64 % des Turcs sont contre la construction d'un premier réacteur nucléaire
dans le pays, 7 % sont pour, les autres ne se prononcent pas.
- 9h, le gouvernement indien annonce un moratoire sur
la construction des réacteurs nucléaires en cours, le temps de remettre à
niveau les normes de sûreté après l'accident japonais.
- 9h, le Monde publie une tribune du sociologue
Pierre Jacquiot, qui pose la question de la vulnérabilité des réacteurs
nucléaires en cas de guerre. Si le territoire français n'a pas connu de guerre
depuis 65 ans, il rappelle que c'est un record dans notre histoire.
Imaginons un instant qu'un Khadafi, acculé par les bombardements décide de
se venger…
- 12h, alors que la ville d'Iirate, à 40 km de la
centrale, fortement contaminée, est en cours d'évacuation depuis
maintenant plus de quinze jours, les autorités signalent qu'encore 45
enfants ont été évacués seulement aujourd'hui.
- 13h, à Berne (Suisse), les autorités demandent la
levée du campement antinucléaire installé devant le siège des Forces motrices
bernoises, société qui gère la centrale de Mühleberg. Les antinucléaires
ont annoncé leur intention de rester jusqu'à la fermeture du réacteur. 500
personnes se relaient.
- 14h, Toshiso Kosako, expert en sûreté nucléaire
auprès du premier ministre depuis le 16 mars dernier, démissionne estimant
que la gestion de l'accident n'est pas menée de manière rigoureuse et se
contente de mesures provisoires qui retardent d'autant une résolution
rapide des problèmes en cours.
- 18h, l'IRSN publie un nouveau bulletin sur Fukushima.
l'IRSN estime que la poursuite de l'arrosage des réacteurs alors que l'eau
s'écoule ensuite à l'extérieur n'est pas une solution pérenne… et que
mettre en place des solutions définitives sera long.
- 21h30, le conseil régional de Provence-Alpes-Cote-d'Azur
a adopté une motion présenté par le groupe Europe-Ecologie-Les Verts-Parti
occitan, demandant au préfet de provoquer une réunion des acteurs du
nucléaire pour viser un processus de transition énergétique préparant à
une sortie du nucléaire ; la motion demande également qu'EDF renonce à sa
politique de sous-traitance ; enfin, elle demande que les structures
militaires (rade de Toulon, Cadarache) soit soumises aux mêmes
réglementations notamment en terme de communication des informations.
- 22h, l'AIEA propose de renforcer les normes de sûreté
dans le secteur du nucléaire et se dit favorable à la proposition
française de création d'une force internationale d'intervention rapide en
cas d'accident. Le Réseau Sortir du nucléaire analyse que cela signifie
que l'on refuse d'envisager la sortie du nucléaire et que l'on préfère
préparer la catastrophe suivante.
30 avril
- 14h, 5000 manifestants à Taipei (Taïwan) pour
demander l'arrêt du chantier du 4e réacteur nucléaire du pays. 2000
manifestants à Tokyo… et un appel à une vaste manifestation dans tout le
pays le 11 juin prochain, pour le 3e mois de l'accident.
- 15h, die-in au centre de Brest d'une centaine de
personnes. 150 personnes manifestent à Avranches (Manche) pour demander
l'arrêt du chantier de l'EPR. 300 personnes manifestent à Paris, 300 à
Rennes également.
Chronologie - Mai
1er mai
- 13h, François Chérèque aborde la question de la
sortie du nucléaire à l'issu du défilé du 1er mai. Pour lui, si la sortie
du nucléaire n'est pas possible dans l'immédiat, on peut au moins chercher
à en diminuer l'importance, cela passe par l'arrêt de la construction de
nouveaux réacteurs et la fermeture des réacteurs les plus dangereux.
2 mai
- 4h15, cinquante manifestants de Greenpeace bloquent l'entrée du chantier de
l'EPR à Flamanville à l'aide de deux camions placés en travers des
portails d'entrée. D'autres manifestants ont réussi à pénétrer sur le site
et trois grues sont occupées.
- 5h, TEPCO annonce la construction d'une digue au large
de Fukushima pour éviter les risques de tsunami au moment où les réacteurs
ont leur cœur à l'air libre. La digue sera construite d'ici la mi-juin.
- 7h,
TEPCO s'inquiète d'une remontée de la radioactivité en iode 131 (30 % plus
haute ce matin que jeudi dernier, craignant l'apparition d'une nouvelle
fuite sur le réacteur n°2.
- 17h, les forces de police ont réussi à aller
décrocher les militants de Greenpeace et à libérer les grues du
chantier de l'EPR occupées. Quatre militants ont été molestés. 42 placés en
garde à vue. Ils sont convoqués au tribunal de Cherbourg le 16 juin.
- 19h, Suite à une rencontre post-Grenelle, Sarkozy
propose un Grenelle de l'efficacité énergétique… sans aborder la question
du nucléaire. Greenpeace, FNE et WWF rejettent la proposition. Par
contre les associations obtiennent la promesse d'un audit de la Cour des
comptes sur les coûts de l'ensemble de la filière nucléaire.
3 mai
- 8h, premier jour de production pour la centrale
éolienne Baltic 1 construite en mer au large du
nord de l'Allemagne. Cette centrale offshore de 40 MW appartient à Siemens
qui communique en se présentant comme "leader dans le domaine de
l'éolien". Il y a quelques années, elle était leader dans le domaine
du nucléaire. Le vent tourne… Pour le moment, il y a 21 éoliennes, mais il
est prévu progressivement de monter à des centaines de machines pour
atteindre plusieurs milliers de MW.
- 10h, TEPCO explique qu'avec le temps qui passe, le
site de Fukushima devient de plus en plus radioactif et les zones où les
humains ne peuvent pénétrer s'étendent. TEPCO lance donc un appel aux
fabricants pour récupérer des robots commandables à distance pour pouvoir
effectuer la suite des opérations. L'armée américaine pourrait fournir en
partie ce type de matériel, le Japon n'ayant pas de robots programmés pour
ce genre d'interventions.
- 12h, environ 400 petits actionnaires de TEPCO ont
déposé une motion pour l'assemblée générale de la société demandant que
celle-ci renonce à l'énergie nucléaire. 232 actionnaires ont fait la même
demande à la société Tohoku Electric.
- 14h, le gouvernement japonais a décidé de créer une
provision de 33 milliards d'euros pour indemniser les populations
déplacées.
- 17h, Sarkozy en visite à Gravelines, fustige les
antinucléaires : "si on arrête le nucléaire, le prix de l'électricité
sera multiplié par 4 (…) Il faudrait dépenser 45 milliards d'euros pour
fermer le parc nucléaire". Pour le prix, il n'y a qu'à regarder les
prix dans les pays sans nucléaire : c'est sensiblement le même qu'en
France. Quant au prix pour arrêter le nucléaire, il se trompe également :
c'est beaucoup plus car le démantèlement des réacteurs actuels (qu'il
faudra bien faire un jour de toute manière) coûtera sans doute entre 100
et 200 milliards. Greenpeace lui répond que maintenir le
nucléaire a aussi un prix : remplacer les 58 réacteurs actuels
vieillissants coûterait au bas mot 200 milliards… les remplacer par des
éoliennes ne coûterait pas aussi cher. Cécile Duflot pour EELV a répondu
également : "Nicolas Sarkozy a servi aux Français une soupe
caricaturale, mensongère et méprisante au sujet de l’énergie nucléaire (…)
Nicolas Sarkozy se comporte aujourd’hui en camelot et débite des
poncifs", "le nécessaire débat sur le nucléaire et l’énergie
mérite une posture plus digne de la part du président français".
4 mai
- 9h, TEPCO annonce que l'eau de mer, à 15 km de la
centrale, présente un taux de radioactivité 600 fois supérieur à la
normale : 1400 bq/l de césium 137, 1300 bq/l de césium 134 et 190 bq/l
d'iode 131. Les antinucléaires s'inquiètent que les mesures ne soient
faites que sur quelques radionucléides alors qu'il y en a des milliers
dont certains sont encore plus toxiques (uranium, plutonium, américium…).
- 12h, polémique autour de la présence de femmes parmi
les travailleurs exposés sur le site de Fukushima. TEPCO n'a pas tenu
compte de leur plus grande sensibilité aux radiations et plusieurs femmes
sont gravement contaminées.
- 12h, lancement d'un appel international des
"Mères pour sauver les enfants des radiations" qui protestent
contre le relèvement des taux de radioactivité admissible pour les
enfants… au niveau des travailleurs du nucléaire (voir site http://mscr2011.jugem.jp)
- 12h, le gouvernement estime le coût de l'accident à
plus de 4000 milliards de yen (33 milliards d'euros) et demande que TEPCO
en paie la moitié, que les huit autres électriciens paient le reste. TEPCO
entame un lobbying pour essayer de bloquer tout projet de nouvelle loi qui
irait dans ce sens.
- 16h, huit associations (Greenpeace, WEFC, Hespul, Réseau Sortir du nucléaire, Agir pour
l'environnement, Les Amis de la terre, le CLER et le Réseau action climat) ont adressé
une fin de non recevoir à Nicolas Sarkozy concernant l'organisation d'un
Grenelle de la sobriété énergétique qui ne prendrait pas en compte le
nucléaire.
- 16h, à Besançon, en soutien au mouvement Independent Who (voir
ci-après), une exposition des portraits de 270 liquidateurs de Tchernobyl
est installée place Pasteur par le collectif antinucléaire bisontin.
- 18h, après quatre ans de présence devant l'entrée de
l'OMS, six militants d'"Independent
Who - OMS indépendante" et
un représentant de la ville de Genève sont reçus pour la première fois par
Margaret Chan, la directrice générale de l'OMS. L'entretien a duré deux
heures, mais les promesses concernant la publication des documents
disponibles sur les conséquences sanitaires de Tchernobyl sont restées
floues. La directrice s'est retranchée derrière le manque de personnel et
d'expertise dans ce domaine, pour justifier le manque d'implication dans
le domaine nucléaire. Elle a annoncée la mise en place d'une étude
épidémiologique pour le suivi de l'accident de Fukushima, mais ne s'est
engagé en rien concernant la publication des données. Elle a refusé toute
révision de l'accord entre l'OMS et l'AIEA, estimant que cela ne nuisait
pas à l'indépendance de l'OMS.
- 19h, Christophe de Margerie, P-DG de Total qui a, pour
la première fois, pris 8 % dans la capital de l'EPR de Penly
(Seine-Maritime) annonce dans un entretien àChallenges que
le projet pour ce 2e EPR est stoppé. Eric Besson, pour le gouvernement, a
vivement réagi contre cette affirmation. Mais c'est bien Total qui paie,
pas Eric Besson ! Dans le même entretien, Christophe de Margerie déclare :
"Avant même Fukushima, la situation n'était pas très encourageante.
Les Allemands, les Italiens et les Britanniques étaient incertains. Il y
avait une envie de faire, mais rien de concret, sauf en Chine, peut-être
en Inde et à Abou Dhabi. Depuis l'accident japonais, l'hésitation de
l'Allemagne s'est fixée sur le retrait du nucléaire. En Italie, c'est la
même chose. Aux Etats-Unis, c'est pareil".
- 19h, André-Claude Lacoste, président de l'Autorité de
Sûreté nucléaire, s'inquiète du calendrier prévu pour faire les tests sur
les réacteurs nucléaires : seulement deux mois et demi à la rentrée 2011,
cela lui semble insuffisant pour faire correctement les vérifications
nécessaires. Il reconnaît qu'il n'est pas possible d'être transparent sur
des questions comme les chutes d'avion ou les risques terroristes. Il
répond aussi au vœu de l'AIEA que les normes internationales soient
contraignantes : pour lui, ce n'est pas possible car plusieurs Etats dont
les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l'Inde s'y opposent.
- 20h, le gouvernement autrichien dénonce le laxisme
des tests envisagés sur les réacteurs européens. Il demande notamment que
soient envisagés des attentats terroristes. Le groupe des Verts au
Parlement européen estime que la Grande-Bretagne et la France ont tout
fait pour en arriver là. Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung révèle
que ces deux pays ont tout fait pour que l'on évite de parler de la chute
d'un avion… car aucun réacteur ne pourrait résister à cela et logiquement,
il faudrait donc tous les fermer ! Des élus Verts révèlent que la cyber
criminalité n'est pas — officiellement du moins — prise en compte… alors
que le projet de réacteur iranien a été récemment stoppé par un sabotage
informatique.
5 mai
- 7h30, pour la première fois depuis le 11 mars 2011, deux
ouvriers ont pénétré dans le réacteur n°1 pour essayer de rebrancher des
systèmes de ventilation. Ils sont habillés avec des tenues de protection
maximales, le taux de rayonnement, 700 millisieverts par heure, ne
permettant de rester que quelques minutes.
- 8h, le site Altermonde reprend un entretien diffusé le
27 avril sur la chaîne de télévision belge 7sur7. La physicienne australienne Helen Caldicott,
experte en armes nucléaires depuis trente ans, y explique pourquoi
Fukushima est pire que Tchernobyl : pour elle, si Tchernobyl a déjà tué
environ un million de personnes et contaminé 40 % des sols européens, elle
estime que Fukushima est encore pire : 6 réacteurs d'un coup et ceci dans
une zone très densément peuplée. Il y avait 250 kg de plutonium dans ces
six réacteurs et les piscines de stockage. Même si on ne sait pas encore
quel pourcentage est parti dans l'atmosphère, elle rappelle que sa
toxicité est énorme et pourra contaminer d'autant plus de gens que la
contamination circule par les produits alimentaires.
- 9h, la température du combustible dans le réacteur
n°3 est remonté à 143°C soit 33°C de plus en une semaine. TEPCO cherche
l'explication et craint un nouvel incendie.
- 10h, polémique au Japon sur l'état des réacteurs
nucléaires. Selon un rapport de la JANTI (Japan Nuclear Technology
Institute), un organisme de promotion du nucléaire, les scénarios
communiqués par TEPCO et par le gouvernement sont erronés. Pour son
directeur, Mishio Ishikawa, ancien conseille de l'AIEA, les cœurs des
réacteurs 1, 2 et 3 ont fondu à 100 %.
- 15h, le gouvernement bulgare annonce que la moitié
des gaines de protection du réacteur n°5 de la centrale nucléaire de
Kozlodoui sont fissurées, libérant un gaz radioactif (le xénon 133) sans
émission hors du réacteur. Cela a été découvert lors d'une opération de
maintenance. Les mêmes défauts avaient déjà été trouvés dans le réacteur
n°6. Seuls les réacteurs 5 et 6 sont encore en fonctionnement. Les 4
premiers ont été fermés entre 2002 et 2006.
- 15h, l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire
suisse reconnaît que les piscines de combustibles des cinq réacteurs
suisses ne résisteraient pas à un fort séisme. Elles ne sont pas non plus
sûres en cas de forte inondation. Les exploitants ont jusqu'à fin août
pour proposer des solutions.
- 17h, devant l'Assemblée nationale, Jacques
Repussard, directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire, affirme "Il faut accepter de se préparer à des situations
complètement inimaginables". Non, merci, vraiment, on préfèrerait se
passer du nucléaire.
6 mai
- 7h, environ 10 000 manifestants ont manifesté sous
la pluie à Tokyo pour demander une sortie du nucléaire.
- 8h, manifestation de sous-traitants polonais devant
le chantier de l'EPR. Ils dénoncent le non-respect de la législation sur
le travail, avec le soutien de la CGT.
- 13h30, le gouvernement japonais demande à la compagnie
Chubu Electric, l'arrêt des réacteurs de la centrale d'Hamaola située à
200 km au sud-ouest de Tokyo. Cette centrale est dans une zone fortement
séismique et également proche de la mer. La fermeture serait pour le temps
de construire une digue anti-tsunami et une vérification des capacités à
résister à un séisme important. La centrale compte 2 réacteurs à l'arrêt
et 3 autres en fonctionnement. Cela représente une perte de 3360 MW de
puissance supplémentaire (en plus des 11 réacteurs arrêtés le 11 mars et
de 3 autres toujours arrêtés depuis le séisme de 2007).
- 15h, une cinquantaine de manifestants des Jeunes écologistes manifestent
à la défense pour — faussement — défendre les groupes industriels victimes
des normes vertes liberticides.
7 mai
- 12h, un projet de nouveau rapport du Groupe intergouvernemental
d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (Giec) est rendu public par
l'AFP. Ce rapport de 1500 pages doit encore être soumis aux Etats avant
validation. Dans les données, il y est dit que charbon, pétrole et gaz
représentent 85 % de notre consommation énergétique mondiale, les
renouvelables 13 % et le nucléaire… 2 %. Le rapport compare 164 scénarios.
Selon les choix qui sont faits, la part du renouvelable devrait, d'ici
2050, augmenter de 3 à 20 fois. Le GIEC insiste pour qu'il y ait une
modification des subventions en leur direction au détriment des énergies
fossiles. Même dans le cas le plus favorable (77 % de renouvelables en
2050), les gaz à effet de serre ne baisseraient que de 30 % ce qui est
insuffisant. Evidemment, ce rapport n'envisage pas des situations
décroissantes où la consommation d'énergie serait de plus en plus limitée,
pourtant la seule manière d'arriver à stabiliser le climat et limiter la
destruction de la planète. Ce rapport intermédiaire devrait conduire à un
5e grand rapport en 2014.
8 mai
- 14h, un millier de personnes manifestent à Madrid pour
demander la fermeture des derniers réacteurs du pays. Le plus ancien, à
Garona, date de 1971 et est de même type que Fukushima.
- 15h, le gouvernement américain renouvelle sa demande
au gouvernement japonais d'étendre à 80 km la zone d'extension de l'évacuation
des populations, en particulier dans la direction nord-ouest
particulièrement touchée. Le département d'Etat à l'énergie des Etats-Unis
a publié une nouvelle carte montrant des taches de radioactivité dans la
zone située entre 60 et 80 km du site qui atteignent entre 3 et 14,7
millions de becquerels/m2 en césium 137. Il rappelle qu'au moment de
Tchernobyl, les personnes ont été évacuées dans les zones où cette
contamination atteignait seulement 0,550 millions de bq/m2. Le problème
pour le gouvernement japonais est que pour déjà évacuer à 60 km, il
faudrait évacuer plus de 8 millions de personnes.
9 mai
- 9h, le Japon et les Etats-Unis signent un accord
pour essayer de convaincre la Mongolie d'ouvrir un site de stockage pour
les déchets nucléaires. Sachant la dangerosité des transports, c'est pour
le moins une très mauvaise idée… d'autant plus que la Mongolie n'a aucune
expérience dans le domaine du nucléaire.
- 10h, la Chine annonce une révision complète de ses
procédures d'urgence et de ses normes en matière de construction :
actuellement les 13 centrales du pays sont toutes en bord de mer. Tous les
chantiers en cours restent arrêtés en attendant.
- 15h, l'ASN, Autorité de sûreté nucléaire publie un
cahier des charges pour les tests à réaliser sur les réacteurs français.
N'y figurent pas les risques terroristes, le risque de chute d'un avion,
le facteur humain (première cause d'accident) et oublie les transports où
peuvent se concentrer des quantités de radioactivité supérieures à celles
d'un réacteur. Pour clore, le manque de sérieux de ces propositions, les
tests sont à effectuer par les exploitants eux-mêmes (donc par EDF).
- 20h, selon une revue automobile, le prochain salon de
la voiture de Tokyo a complètement supprimé toute référence à la voiture électrique.
Il y a en effet un retournement de situation depuis l'accident nucléaire :
alors que jusqu'alors la voiture électrique était perçue comme propre,
elle est maintenant associée au nucléaire.
- 21h, la majorité UMP du conseil général du Haut-Rhin
repousse une motion présentée par une élue EELV demandant l'arrêt de la
centrale de Fessenheim. 32 élus ont votés contre (UMP), 13 pour
(écologistes, socialistes et une indépendante) et 4 abstentions
(centristes et indépendants).
10 mai
- 7h, Tepco demande de l'aide au gouvernement
japonais. Estimant qu'il ne peut plus suivre financièrement, il justifie
cette aide en expliquant que sa faillite provoquerait l'arrêt d'autres
centrales (nucléaires ou non) dans le pays et provoquerait une
perturbation du réseau électrique de grande ampleur.
- 8h, Le Frankfurter Rundschau signale qu'outre les sept
réacteurs arrêtés après le 11 mars, quatre autres sont actuellement à
l'arrêt pour maintenance… et que donc seuls six fonctionnent. Il suggère
de les arrêter aussi puisque l'arrêt des 11 premiers ne provoque pas de
rupture d'approvisionnement. Contrairement aux déclarations mensongères de
Sarkozy ("le prix de l'électricité serait multiplié par quatre si on
arrêtait le nucléaire", 3 mai 2011 à Gravelines), le quotidien signale
qu'il n'y aucune hausse du prix de l'électricité sur le marché industriel.
- 8h, La préfecture de Fukushima annonce qu'elle veut
procéder à l'enlèvement d'une couche de terre dans les cours d'une dizaine
d'écoles où les taux de radioactivité sont trop élevés pour que les
enfants puissent jouer dehors.
- 8h45, Petit tremblement de terre en Normandie, de
magnitude 3,2, épicentre au large de La Breche-d'Hermanville (au nord de
Caen) ; à mi-chemin entre Penly et Flamanville.
- 9h, Le Chili qui a annoncé l'arrêt de ses
engagements dans le nucléaire après le 11 mars 2011, annonce le lancement
d'un projet de cinq barrages en Patagonie pour une puissance de
2750 MW. La croissance de la consommation d'électricité dans le pays
est de 6,5 % par an… mais 60 % des Chiliens sont contre la
construction de ces barrages dans une zone naturelle.
- 14h, Le gouvernement japonais annonce l'annulation de
son plan énergétique qui prévoyait de monter de 30 % à 50 % le nucléaire
dans la production d'électricité. Il annonce ouvrir le débat en souhaitant
aller en direction des énergies renouvelables.
- 14h, Le premier ministre japonais annonce renoncer à
son salaire tant que la crise de Fukushima-Daiichi ne serait pas résolue.
Huit dirigeants de Tepco suivent le mouvement.
- 17h, Les autorités russes annoncent avoir maîtrisé un
feu de forêt qui s'est tenu en zone contaminée près de l'usine de
traitements des déchets de Maïak, dans l'Oural. A chaque fois, ces
incendies provoquent une dispersion de cendres radioactives… même si l'accident
remonte à 1957 ! Les associations écologistes russes rappellent qu'à
cette époque 260 000 personnes ont été évacuées… et qu'elles le sont
toujours.
- 20h, Un pointage fait par des journalistes japonais
indique que seuls 15 réacteurs nucléaires sur 53 sont actuellement en
fonctionnement dans le pays.
- 20h, Le commissaire européen à l'énergie, Günter
Oettinger, refuse que Bruxelles valide les démarches de tests engagés si
ceux-ci n'incluent pas les risques humains et les actes terroristes.
- 22h, Le gouvernement japonais annonce que l'on a
dépassé le cap des 100 000 personnes évacuées, deux mois après le début de
l'accident. Il en reste huit millions à reloger ! Il demande aux
Japonais de cesser les mesures de discriminations observées contre ces
réfugiés… souvent trahis par la plaque d'immatriculation de leur voiture.
- 22h, Le port de Rotterdam annonce l'interception de
19 conteneurs provenant du Japon présentant un taux de radioactivité trop
important.
- 22h, Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon,
annonce la tenue d'une conférence internationale sur le nucléaire le 22
septembre 2011 à New-York, au moment de l'assemblée générale des Nations
Unies.
11 mai
- 6h,
L'empereur du Japon se rend dans un camp de réfugiés dans la préfecture de
Fukushima, deux mois après le début de l'accident.
- 9h, Tepco annonce une prévision de perte de 9
milliards pour 2011. Ce n'est que le début de l'effondrement
financier !
- 10h, le gouvernement japonais annonce une campagne
d'abattage pour les animaux d'élevage qui sont restés dans la zone
interdite et qui déambulent librement dans les champs. Plus de 10 000
vaches seront abattues.
- 14h, Inquiétude sur le site : le niveau de
radioactivité est remonté autour du réacteur n°1, signalant une probable nouvelle
fuite. De l'eau radioactive s'est également déversée en mer, preuve d'une
fuite au niveau du réacteur n°3.
- 14h, Les Philippines ont construit un seul réacteur
nucléaire. Celui-ci a été achevé en 1984. Il aurait dû produire
620 MW. Mais après le renversement du dictateur Ferdinand Marcos, la
nouvelle présidente Corazon Aquino a refusé de donner le feu vert à sa
mise en route, doutant de sa sécurité. Le réacteur est resté ainsi en
inactivité depuis. Après l'accident de Fukushima, les autorités ont décidé
de l'ouvrir au tourisme pour que les nombreux voyageurs puissent découvrir
un réacteur de l'intérieur. Des explications sont données pour expliquer
ce qui se passe à Fukushima.
- 16h, action de Greenpeace devant le siège de la BNP pour
dénoncer les investissements de cette banque dans le nucléaire. Avec au
moins 13 milliards prêtés entre 2000 et 2009, c'est le premier financeur
au monde de ce secteur.Greenpeace dénonce les prêts accordés pour
la construction d'EPR en Inde, alors que le site de Jaïtapur est sur une
faille séismique et en bord de mer.
- 19h, le chantier de l'EPR à Flamanville prend du
retard pour de nombreuses raisons : difficultés de coordination,
difficultés techniques, grèves, vérification de la sécurité suite à
l'accident de Fukushima… et le réacteur qui devait démarrer en 2009 est
prévu maintenant pour démarrer fin 2014 (5 ans de retard).
12 mai
- 6h30 : des feuilles de thé sont retirées de la vente.
Elles contiennent trop de césium. Le problème est qu'elles ont été
cueillies dans la préfecture de Kanagawa, au sud-ouest de Tokyo. Fukushima
étant au nord-est, ceci prouve à l'évidence que la capitale est lourdement
contaminée par le césium !
- 10h, TEPCO annonce que la fuite en mer à partir du
réacteur n°3 est stoppée.
- 11h, TEPCO annonce que la cuve en inox du réacteur
n°1 est percée. TEPCO estime que ce sont des soudures où passent les
tuyauteries qui auraient cédé. Le niveau d'eau a baissé de 4 m montrant
qu'il y a d'importantes fuites : il faut ajouter 7 tonnes d'eau par heure
et cela ne suffit pas. Cela laisse les barres de combustibles hors d'eau.
Celles-ci n'ont plus leur forme originale, preuve que le cœur est en train
de fondre. La matière fissile s'est concentrée dans le fond de la cuve qui
est en train de fondre. L'eau qui sort du réacteur est très radioactive :
18 000 fois supérieure aux limites pour le césium, et cela va vite poser
des problèmes de stockage. Le risque est que la cuve s'ouvre maintenant
complètement, ce qui ferait que la réaction nucléaire se passerait ensuite
à l'air libre. C'est l'un des pires scénarios ! TEPCO indique qu'il va
sans doute devoir revoir ses interventions sur le site.
- 14h, l'Orchestre national de Lyon devait faire une
tournée au Japon, dans la région de Tokyo, du 5 au 14 juin. La direction
annonce l'annulation des concerts, un nombre important de musiciens
refusant de faire le voyage.
13 mai
- 6h, avec seulement une quinzaine de réacteurs en
fonctionnement pour cet été, le gouvernement annonce que, malgré l'utilisation
maximale des centrales thermiques, le pays va devoir limiter au maximum la
climatisation, première cause de la hausse de consommation à cette saison.
- 8h, TEPCO annonce le lancement d'un chantier pour
construire un premier sarcophage autour du réacteur n°1. Celui-ci aura
pour but de confiner la radioactivité gazeuse sur place, mais cela pose un
problème pour les opérateurs qui de fait devront travailler dans une
atmosphère plus radioactive.
- 10h, publication d'un appel de José Bové, Eva Joly,
Nicolas Hulot et Daniel Cohn-Bendit pour demander un référendum : Les
Français sont-ils d'accord pour prendre en connaissance de cause, le
risque d'une catastrophe nucléaire sur leur territoire ?
- 19h, Libération publie sur son site la liste des bêtes qui vont
être abattues dans la zone interdite : 3400 vaches, 31500 porcs, 630 000
poulets… soit déjà 665 000 morts !
- 19h, de nouvelles mesures faites sur des feuilles de
thé indiquent de nombreux foyers de contamination autour de Tokyo.
D'autres analyses réalisées sur l'herbe dans les prés confirment cette
contamination.
- 19h, la commission européenne s'inquiète de certains
manquent dans les déclarations recueillis auprès des opérateurs des 143
réacteurs en fonctionnement en Europe. Elle note par exemple que pour 25
réacteurs français la question d'un crash aérien malveillant n'est même
pas évoquée.
14 mai
- 8h, un ouvrier est décédé sur le site de Fukushima
après un malaise. Il était âgé de 60 ans. Selon TEPCO ceci ne serait pas
en lien avec la radioactivité reçue ! C'est bien connu que le nucléaire ne
tue pas ! C'est au moins le 3e mort parmi les "liquidateurs"
auxquels il faut ajouter au moins 2 morts au moment de l'accident.
- 11h, polémique sur les doses reçues par les enfants
dans la région de Fukushima : alors que le ministre de l'éducation estime
que les enfants maintenus dans les villes environnantes ne recevront pas
plus de 10 millisieverts par an, soit la moitié de la nouvelle norme
autorisée, des scientifiques rappellent que la dose actuelle mesurée dans
certaines cours d'école posera sans doute des problèmes de santé d'ici
quelques années. De nombreuses associations demandent le retour des
anciennes normes et que le maximum soit fait pour protéger les enfants des
radiations.
- 11h, autre polémique : que faire des eaux contaminées
? Le plus simple semble être de les faire évaporer, la radioactivité
restant piégée dans les boues. Mais que faire de ces boues hautement
radioactives ? Elles devraient être stockées sur place dans un premier
temps… mais pas trop prêt de la mer pour éviter des fuites et un risque de
nouveau tsunami. A plus long terme, le gouvernement a annoncé qu'elles
pourraient être recyclées en étant diluées dans du ciment ou dans d'autres
matériaux… ce qui a provoqué une protestation d'association sur le risque
de dispersion. La question se pose aussi pour les produits alimentaires
contaminés : ils sont actuellement incinérés… en oubliant que cela ne
change rien à la quantité de radioactivité : soit celle-ci reste bloquée
dans les filtres de l'incinérateur, soit elle s'échappe dans l'atmosphère
provoquant une nouvelle pollution. L'espèce humaine sait créer de la
radioactivité, mais ne sait pas la détruire !
- 12h, EDF annonce que sa production hydroélectrique a
déjà baissé de 20 %, conséquence de la sécheresse qui touche une bonne
partie de l'Europe. Les barrages sont déjà au niveau où ils devraient être
en août. Cela pose aussi un problème pour le refroidissement des réacteurs
: certains cours d'eau comme la Vienne ont un débit déjà faible, tout
comme le Rhin.
- 12h, TEPCO annonce que probablement les cuves des
réacteurs n°2 et n°3 sont également percées. De pire en pire !
- 13h, une entreprise de collecte du riz a réalisé ses
propres mesures sur les rizières de la région pour savoir où elle continuait
à se fournir. Résultat : les normes fixées par le gouvernement (qui ont
été multipliées par 10 rappelons le : 5000 bq par kilo au lieu de 500)
sont dépassées dans certaines rizières à plus de 50 km de la centrale.
L'entreprise affirme avoir mesuré de nombreux radionucléides… dont du
plutonium !
- 14h, Europe Ecologie Les Verts annonce que dans ses
conditions d'accord avec le PS, il y a deux principes incontournable : se
mettre d'accord sur un scénario de sortie du nucléaire et mettre la
proportionnelle pour les élections législatives.
- 14h, inquiétude après la découverte de boues de
stations d'épuration de la banlieue de Tokyo présentant des taux de
radioactivité énormes. La radioactivité pourrait provenir du nettoyage
d"éléments d'incinérateurs, ceux-ci ayant été utilisés pour brûler
des objets contaminés.
15 mai
- 16h, NHK, chaîne de télévision japonaise, annonce que
c'est le tremblement de terre et non le tsunami qui a provoqué la perte de
contrôle des réacteurs de Fukushima : quand le tsunami est arrivé sur le
site, les réacteurs étaient déjà hors de contrôle et le taux de
radioactivité avait déjà énormément augmenté.
- 16h, selon les médias japonais, au moins 7800
personnes ont déménagé pendant le week-end de zones situées au nord de la
zone des 30 km (pour rappel : jusqu'à 20 km, zone interdite ; entre 20 et
30 km : obligation de déménager avant fin mai). La plupart se retrouvent
dans des camps de logement provisoires, faute de trouver à se loger
ailleurs… et aussi parce que le gouvernement leur laisse espérer un retour
possible. Plus de 100 000 personnes vivent déjà dans des camps.
16 mai
- 7h, des journaux coréens publient des données sur la
contamination à Tokyo. Les données sont celles du 10 au 20 avril : les mesures
faites dans les districts de Koto et Chiyoda indiquent des taux de
contaminations en césium-137 (période de trente ans) compris entre 2000 et
3200 bq/kg.
- 16h, l'arrêt du réacteur n°5 de la centrale d'Hamaoka
a réservé une surprise : la découverte de 400 tonnes d'eau de mer dans une
partie du réacteur. L'eau, qui n'avait pas été détectée, provenait sans
doute du tsunami du 12 mars 2011.
- 22h, le gouvernement japonais annonce que le délai
pour évacuer la zone des 30 km est reporté d'un mois : de fin mai à fin
juin, la complexité de la tâche étant énorme.
17 mai
- 8h, TEPCO présente une reconstitution de l'accident
faite à partir de l'analyse des mesures effectuées depuis le début. Il en
ressort que depuis le début, TEPCO savait qu'une fusion des cœurs 1, 2 et
3 était en cours. La situation est plus confuse sur le réacteur n°4 : les
incendies ont pu être provoqués par le stockage des barres de
combustibles… ou par les explosions du réacteur n°3. TEPCO savait depuis
le début que le cœur du réacteur n°1 était en fusion : tout était déjà
joué 5h après le passage du tsunami (ceci explique sans doute pourquoi à
l'époque les ingénieurs d'Areva ont quitté si vite le Japon !).
- 8h, TEPCO indique des variations importantes de
température dans le réacteur n°3 et annonce augmenter les déversements
d'eau. TEPCO semble craindre une reprise de la criticité. L'idée de noyer
le réacteur ne semble pas être un bon scénario. Les réactions nucléaires
en cours pourraient encore durer des semaines… et les émissions
radioactives tout autant.
- 8h, TEPCO annonce l'injection d'hydrazine dans la
piscine du réacteur n°2, sans doute pour ralentir la corrosion.
- 9h, Les Verts suisse lancent une campagne de
signatures pour obtenir un référendum sur la sortie du nucléaire. Ils ont
légalement 18 mois pour collecter 100 000 signatures. Ils espèrent aller
beaucoup plus vite que cela.
- 10h, l'Europe n'arrive pas à se mettre d'accord pour
valider les futurs tests sur les réacteurs nucléaires : le commissaire
allemand à l'énergie, Gunther Oettinger, soutenu par l'Allemagne et
l'Autriche, demande toujours que soient intégrés les risques terroristes
(crash aériens, cyber attaques…)
- 10h30, Paul Magnette, ministre socialiste de l'énergie en Belgique,
propose que la responsabilité des exploitants de centrales nucléaires ne
soit plus plafonnée comme c'est actuellement le cas à 300 millions
d'euros.
- 14h, le ministre de l'environnement allemand
reconnaît, sans même à avoir faire de tests, que les 7 réacteurs les plus
anciens du pays ne résisterait même pas à la chute d'un avion léger. Il
pense qu'aucun réacteur ne pourrait résister à la chute, accidentelle ou
non, d'un avion de la taille d'un Airbus A380.
- 16h, les grandes banques japonaises sont inquiètes :
TEPCO avait déjà une dette de 700 milliards de Yens (6 milliards d'euros)
avant l'accident. Celui-ci pourrait coûter plus de 4000 milliards de Yens
supplémentaires (35 milliards d'euros). En s'effondrant, le titre de TEPCO
leur a déjà fait perdre beaucoup d'argent… et le gouvernement leur demande
d'effacer une partie de la dette.
18 mai
- 8h, publication d'une carte officielle estimant les
zones contaminées en Césium134 et 137. Cette carte montre que dans la
direction nord-ouest, la zone dangereuse marquée en rouge va jusqu'à 80 km
du site. Mais les spécialistes notent que ce trait rouge correspond à un
seuil d'exposition 13 Curies par an et par km2, alors que Tchernobyl, les
autorités russes avait adopté une limite de 1 Curie, soit 13 fois moins.
Ils notent également, qu'ici ne sont pas mesurées les autres sources de
radioactivité, hors l'on sait que lors de l'explosion du réacteur n°3, du
plutonium et de l'uranium ont été projeté très haut puisque des retombées
ont eu lieu jusqu'aux Etats-Unis. Cette carte, bien qu'inférieure donc à
la réalité, indique clairement que dans la direction nord-ouest, il
faudrait déjà avoir évacué à 80 km. On en est loin.
- 8h, la compagnie Chubu Electric annonce que lors de
l'arrêt du réacteur n°5 d'Hamaoka, une fuite radioactive d'arsenic-76 a
été détectée.
- 9h, des scientifiques japonais estiment que les
réacteurs de Fukushima se sont enfoncés de 30 cm et se sont déplacés de
2,20 m lors du tremblement de terre.
- 12h, première excursion d'humains à l'intérieur du
réacteur n°2. Les employés de TEPCO n'ont pu rester que 14 mn à l'intérieur,
suffisamment de temps pour se rendre compte que les dégâts sont plus
importants que ce qui avait été estimé jusqu'alors.
- 13h30, conférence de presse du premier ministre
japonais Naoto Kan. Il annonce que le Japon ne renonce pas à l'énergie
nucléaire, mais que les réacteurs arrêtés actuellement ne redémarreront
que lorsqu'ils seront sûrs. Chacun donnera le sens qu'il veut à ce mot !
Il est probable que les industriels et les banques seront plus vite
rassurés que les populations ! Seuls 15 réacteurs sur 53 fonctionnent
actuellement.
- 14h, le ministère de l'agriculture japonais annonce
que 20 000 éleveurs, de sept préfectures (l'équivalent de nos
départements) ne doivent plus faire sortir leurs bêtes dans les pâturages,
ceux-ci ayant des taux de contamination trop important. Cela représente
700 000 vaches qui devront être nourries avec du fourrage importé d'autres
régions.
- 16h, des experts suisse en hydrauliques, estiment que
l'on pourrait rehausser une douzaine de barrages dans le pays pour
un gain de 10 à 15 % de la production hydroélectrique. Cette hausse
est programmée pour 2030. Selon les experts, cela serait plus efficace que
de multiplier les petites installations.
- 16h, le gouvernement britannique annonce vouloir
continuer à construire de nouveaux réacteurs nucléaires. Evidemment, le
peuple n'a pas son mot à dire dans une démocratie.
19 mai
- 6h, TEPCO annonce qu'il y a deux mètres d'eau
contaminée dans la salle des machines du réacteur n°6. D'où vient-elle ?
Mystère ! Les réacteurs 5 et 6 étant à l'écart des quatre autres, l'eau ne
peut pas venir des arrosages de ces derniers.
- 7h, TEPCO annonce son inquiétude pour la gestion de
l'eau contaminée. En vingt jours, seules 1700 tonnes ont pu être pompées
et évacuées, beaucoup moins que ce qui est projeté sur les réacteurs.
L'eau s'accumule pour le moment dans les sous-sols (probablement
fissurés).
- 8h, le ministère de la santé demande à TEPCO de
mieux contrôler les doses de radioactivité auxquelles sont exposés les
travailleurs sur le site nucléaire. En effet, TEPCO n'a pu fournir que
très peu de données faute de matériel de contrôle. De même, TEPCO a
renoncé à installer des appareils de mesure à l'intérieur des réacteurs,
car faire des relevés semblent difficile du fait des hauts taux de
radioactivité. Un test réalisé sur un salarié indique qu'il a été exposé à
des doses plus de 30 fois supérieures à ce qui est autorisé. Actuellement,
6300 personnes se relaient sur le site.
- 12h, Le Monde (daté du 20 mai) raconte que Sarkozy a très mal
vécu l'arrêt de la centrale de Hamaoka. Cela compromet le message qu'il
voulait faire passer lors du G8 sur la nécessité de poursuivre le
nucléaire. Le journaliste raconte que le voyage de Sarkozy au Japon le 31
mars 2011 avait surtout pour but de demander aux Japonais d'essayer de
minimiser les conséquences de l'accident.
- 12h, le gouvernement japonais annonce que le Produit
intérieur brut (PIB) a baissé de 0,9 % au premier trimestre 2011. Une
récession que partiellement provoquée par le tremblement de terre et ses
suites, celui-ci ayant eu lieu en fin de trimestre. Le gouvernement
s'attend à une récession plus importante pour le deuxième trimestre.
- 12h, Quatre maires de communes allemandes de la région
de Sarre, proches de la centrale de Cattenom, ont remis au consul de
France à Sarrebourg, une pétition réunissant 70 000 signatures et
demandant la fermeture de la centrale.
- 12h, deux employés de TEPCO ont pénétré dans le
réacteur n°3 pour y faire des mesures. Ils n'ont pu rester que 10 minutes
dans le réacteur, lequel a la caractéristique d'être le plus pollué par le
plutonium du fait du combustible MOX utilisé.
- 14h, la centrale de Civaux, près de Poitiers, manque
d'eau : du fait de la sécheresse, le débit de la Vienne n'est plus que de
14,5 m3 à la seconde. Si le débit descend à 13 m3/seconde, il faudra
arrêter le réacteur. Celui-ci a encore besoin de 15 jours d'eau pour se
refroidir et dispose pour cela de la réserve du lac de Vassivière… mais
celui-ci compte actuellement 20 % d'eau en moins que d'habitude.
- 17h30, l'Autorité de sûreté nucléaire publie un rapport
sur les incidents à l'usine Areva de la Hague (Manche). L'ANC déclare
qu'Areva minimise ces incidents et que les déclarations ne sont pas satisfaisantes.
Trois fois en 2010, des incidents ont été annoncés au niveau 0 par Areva
alors qu'ensuite l'ASN les a classés au niveau 1. Le nombre d'incidents
déclarés est passé de 25 en 2009 à 58 en 2010.
- 20h, les élus écologistes ont voté contre la subvention
à un meeting international d'athlétisme, protestant contre le sponsoring
d'Areva pour cette rencontre sportive.
20 mai
- 10h, la préfecture de Fukushima a transmis aux écoles
l'interdiction des cours de natation dans les cours d'eau du département.
Ceci pour tout l'été.
- 11h, le directeur général de TEPCO, Masataka Shimizu,
a démissionné de son poste. Le président du groupe Tsunehisa Katsumata, a
annoncé qu'il quitterait son poste quand "la crise serait
terminée". Avec la pollution des sols au plutonium, il n'est donc pas
près de prendre sa retraite ! TEPCO a annoncé une perte de 10,7
milliards pour son exercice comptable qui s'arrête au 31 mars 2011.
- 11h, le gouvernement japonais espère pouvoir évacuer
encore 80 000 personnes d'ici la fin du mois, ceci dans une zone nord-est
qui va jusqu'à 80 km du site nucléaire. On en serait alors à plus de 160
000 personnes déplacées. Bien peu par rapport à ce qui serait nécessaire.
- 11h, le premier ministre japonais reconnaît que les
informations qu'il a transmises dans les premiers jours après l'accident
étaient fausses, selon lui par la faute de TEPCO qui n'a pas donné des
informations exactes. Officiellement, les personnes qui habitent entre 20
et 30 km de la centrale sont toujours invitées à rester enfermées chez elles…
Pendant encore une trentaine d'années ?
- 14h, le gouvernement allemand annonce la mise en révision de la
centrale d'Emsland pour une durée d'au moins dix jours. Il ne reste que 4
réacteurs en fonctionnement sur 17.
- 14h, l'ACRO, association de contrôle de la
radioactivité, domiciliée en Normandie, a mis en place avec des
associations japonaises, un réseau de mesures de la radioactivité. Dans un
rapport publié ce jour, elle annonce qu'elle a détecté des niveaux
significatifs de Césium 137 jusqu'à 270 km de la centrale. Si on prenait
les mêmes normes que pour Tchernobyl, la préfecture de Fukushima (2
millions d'habitants) devrait être totalement évacuée, tout comme la
préfecture de Miyagi (capitale Sendai, 2,3 millions d'habitants), plus au
nord.
- 18h, la société de sécurité informatique NSS publie
un rapport aux Etats-Unis montrant que de nombreuses failles existent
concernant les risques d'attaques terroristes par informatique. La société
a notamment mis en cause des programmes de Siemens, annonçant qu'il était
possible pour certains de les reprogrammer depuis l'extérieur d'un site.
NSS a communiqué aux exploitants les résultats de son étude… qui concerne
tous les réacteurs au niveau mondial.
- 19h, le gouvernement français (!) annonce que le
premier EPR construit en Chine pourrait commencer à fonctionner en octobre
2013. Selon Pierre Lellouche, secrétaire d’État au Commerce extérieur, le
chantier ne rencontrerait pas de difficulté contrairement à ce qui se
passe à Flamanville (France) et Olkilioto (Finlande). Ces deux derniers,
commencé en 2007 et 2005, pourraient ne pas encore fonctionner à cette
date !
- 20h, en visite sur le site de Flamanville, le député
pro-nucléaire Christian Bataille reconnaît que les coûts de la sûreté nucléaire
sont sous-estimés et qu'il va sans doute falloir revoir à la hausse le
coût de l'EPR actuellement en construction. Celui-ci estimé en 2005 à 3
milliards est déjà aujourd'hui estimé à plus de 5 milliards.
Marie-Christine Blandin, sénatrice verte, également présente, a elle
dénoncé la fragilité des toits des piscines de stockage du combustible :
ceux-ci sont pour le moment en tôle ondulée !
21 mai
- 6h,
TEPCO annonce qu'une fuite sous le réacteur n°3 a libéré l'équivalent de
20 terabecquerels d'eau radioactive dans la mer. Cela représente 100 fois
ce qui est autorisé annuellement. Rappelons que le réacteur n°3 est le
plus dangereux car contenant un combustible MOX, donc avec du plutonium.
- 15h, le gouvernement japonais annonce qu'au 16 mai 2011, au moins 4956
ouvriers (dont 4766 salariés de TEPCO) intervenus sur le site de Fukushima
depuis l'accident, souffrent maintenant d'irradiation interne (ils ont
avalé ou respiré des particules radioactives), preuve qu'ils ne
travaillent pas avec des protections suffisantes. 1193 ont en ingéré à des
doses importantes. Suite à ces révélations, de nombreux élus de la
préfecture de Fukushima demandent que des analyses médicales soient faites
sur toutes les personnes qui sont encore à proximité de la centrale.
- 19h, Réunis à Paris pour les Etats généraux du
nucléaire, Michèle Rivasi, Cécile Duflot, Nicolas Hulot et Eva Joly ont
réaffirmé que la sortie du nucléaire serait un des axes forts de la
campagne d'Europe-Ecologie-Les Verts et un point incontournable dans les accords
négociés avec le parti socialiste.
22 mai
- 5h, l'AIEA annonce l'envoi d'une inspection sur le
site de Fukushima du 24 mai au 2 juin.
- 10h, manifestation antinucléaire devant la centrale
de Beznau (canton d'Argovie). Environ 20000 personnes (le double de ce qui
était attendu) ont manifesté sous le soleil, battant le record de la plus
grosse manifestation en Suisse (18 000 personnes en 1986 après l'accident
de Tchernobyl). Pour les médias suisses, cela marque la fin du nucléaire
dans le pays.
- 12h, François Fillon charge officiellement la Cour
des Comptes de réaliser un nouveau chiffrage des coûts de la filière
nucléaire. Ce rapport doit être rendu avant le 31 janvier 2012. En 2005,
la cour des Comptes avait déjà fait un tel travail pour le gouvernement Jospin.
- 20h, le quotidien allemand Handelsblatt annonce
que Siemens, leader du nucléaire pendant
des années en Allemagne, arrêterait définitivement ses activités dans ce
secteur. Siemens qui a développé son savoir dans le domaine des turbines à
gaz, des éoliennes et du solaire, estime que le nucléaire nuit à son image
commerciale.
23 mai
- 4h, la chaîne de télévision NHK indique
qu'environ la moitié des personnes qui doivent déménager avant la fin mai
ne l'ont pas encore fait. Il s'agit des communes d'Iitate et Kawamata.
Cela représente environ 4000 personnes.
- 5h, TEPCO annonce le démarrage de travaux sur le
réacteur n°4. Dans celui-ci plusieurs incendies ont eu lieu dans les
piscines de stockage du combustible et ont fragilisé la structure. Les
travaux visent à consolider les piscines pour pouvoir y maintenir le
combustible sous l'eau.
- 10h, TEPCO annonce que les pompages d'eau dans les
sous-sols des réacteurs 1, 2 et 3 est stoppé : il n'y a plus de lieu de
stockage disponible pour l'eau radioactive, malgré la venue récente d'une
barge géante qui a été remplie en deux jours. Il y aurait plus de 80 000
tonnes d'eau dans les sous-sols des réacteurs et comme il faut continuer à
arroser les réacteurs… eh bien TEPCO ne communique pas sur ce qui se passe
: probablement l'eau va aller à la mer.
- 10h, le gouvernement annonce que neuf entreprises de
la ville d'Iitate, en cours d'évacuation, vont être autorisées à
poursuivre leurs activités : les 60 salariés concernés devront habiter en
dehors de la zone de contamination et se rendre au travail équipé d'un
dosimètre. Chaque entreprise devra construire un local pour permettre aux
salariés de se laver et de changer de vêtements à l'arrivée et au départ
de leur travail. Et c'est ainsi que l'on s'adapte à la catastrophe. Qui paiera
ensuite les cancers ? L'entreprise ou le gouvernement ?
- 13h, au Japon, des
associations de parents d'élèves de la préfecture de Fukushima remettent
aux autorités une pétition signée par 15 000 personnes demandant le
rétablissement des normes d'avant l'accident au moins en ce qui concerne
les enfants (soit revenir à 1 mSv d'exposition par an au lieu de 20).
- 16h, publication d'un nouveau rapport de l'IRSN,
Institut de radioprotection et de Sûreté nucléaire. Dans celui-ci sont
repris des mesures données par le Ministère de l'éducation, de la culture,
des sports, de science et technologie (MEXT) du Japon. Selon ce dernier,
il y a une dizaine de jours, les taux de césium-137 atteignent par endroit
des taux équivalent à ceux mesurés autour de Tchernobyl… et ceci bien
au-delà de la zone évacuée des 20 km. Le rapport insiste sur le rapport
qu'il y a entre la vitesse d'évacuation des populations et les
conséquences ensuite sur la santé. Selon ce rapport, au moins 7000
personnes devraient être évacuées immédiatement (celle de la commune
d'Iitate et Kawamata, en cours), puis encore 70 000 autres personnes un
peu moins exposées (limite d'exposition à 20 mSv par an), puis les autres
(si l'on veut redescendre à 2 mSv par an, il faut au nord-est aller
jusqu'à 80 km du site)… Il faut aussi tenir compte que l'augmentation de
la pollution se poursuit. A noter que sur les cartes présentées par le
MEXT, la zone de forte pollution est dirigée vers le nord-est, mais qu'il
existe une contamination plus faible qui descend largement vers le
sud-est, jusqu'aux portes de Tokyo.
24 mai
- 12h, une équipe de la CRII-Rad emmenée par Bruno
Charayron s'installe à Tokyo pour mener une campagne de mesures
indépendantes dans la région. Un premier rapport sera rendu public le 30
mai à Fukushima (la ville) et à Tokyo (le 2 juin).
- 14h, un millier de lycéens et étudiants ont manifesté
à Berne (Suisse) pour la fermeture des centrales nucléaires. La
manifestation non annoncée et non autorisée s'est terminée devant le siège
de FMB, exploitant de la centrale de Mühleberg. La manifestation avait été
lancée par les réseaux sociaux sur internet.
- 19h, le gouvernement français demande aux
gestionnaires des barrages de Naussac (Lozère) et de Villerest (Loire) de
stocker le maximum d'eau pour pouvoir soutenir le débit de la Loire cet
été, celui-ci risquant d'être trop faible pour pouvoir refroidir les
quatre centrales en aval : Belleville-sur-Loire (Cher), Dampierre
(Loiret), Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) et Chinon (Indre-et-Loire).
- 19h, dans une interview mise en ligne sur le site
internet de Terre.tv, Jeremy Rufkin, futurologue
et conseiller d'un groupe de 120 grandes entreprises dans le monde estime
que "le nucléaire est mort". Cette technologie "est complètement
dépassée, d'un autre siècle". Elle coûte trop cher, produits des
déchets dont on ne sait que faire, est trop dangereuse, l'uranium va
manquer et consomme trop d'eau.
- 13h, l'édition du Monde titre sur les ambitions
nucléaires d'EDF au niveau mondial. Mais quand on lit les déclarations
d'Henri Proglio, on s'aperçoit que ce n'est pas ce que dit le PDG d'EDF.
Celui-ci dit qu'en 2020, EDF veut atteindre 200 GW avec 50 % de nucléaire,
25 % de thermique et 25 % de renouvelables dont l'hydraulique… contre 150
GW aujourd'hui avec 75,4 % de nucléaire. Calcul : aujourd'hui 75,4 % de
150 = 113 GW. En 2020, 50 % de 200 GW = 100 GW. Il prévoit donc bien une
baisse du nucléaire ! Une baisse de 13 %.
- 16h, selon TEPCO, les cœurs des réacteurs 1,2 et 3
ont complètement fondu selon les dernières études réalisées. Ces fusions
ont eu lieu entre 60 et 100 h après le tremblement de terre. Pas vraiment
une surprise.
- 19h30, le parlement italien vote officiellement
l'annulation du référendum sur le nucléaire qui devait se tenir le 12 juin
2011. Référendum visant à annuler celui de 1988 qui avait interdit le
nucléaire dans le pays.
- 20h30, l'Union européenne annonce un accord sur les
tests à faire sur les réacteurs nucléaires. Les négociateurs ont annoncé
que le terrorisme et le sabotage ne seraient pas pris en compte.
25 mai
- 8h, dans un entretien accordé au Financial Times, Naoto
Kan, premier ministre japonais, estime qu'il n'y aura plus jamais de
construction de réacteurs nucléaires au Japon.
- 9h, 160 ingénieurs du nucléaire à la retraite
annonce leur volonté d'aller renforcer les équipes sur place. Ils estiment
que les "vétérans" ont deux avantages : ils ont construit les
réacteurs et les connaissent bien ; ils ne craignent plus de mourir
prématurément des radiations. Des députés ont proposé de faire passer une
loi pour autoriser ce recours aux plus anciens.
- 9h, La Japan Atomic Energy Commission publie des
mesures de radioactivité et indique qu'environ 600 km2 autour de la
centrale présente un taux de radioactivité comparable à la zone interdite
de Tchernobyl. Cette zone est probablement définitivement perdue. Une
deuxième zone de 700 km2 nécessite le maintien de l'évacuation des
populations, mais il serait peut-être possible de la décontaminer…
- 14h, c'est à Paris que General Electric présente une
nouvelle centrale thermique au gaz qui sera fabriquée à Belfort. Celle-ci
d'une puissance de 510 MW (un demi-réacteur nucléaire) aura l'avantage
d'avoir un bon rendement et une excellente flexibilité : elle a été
particulièrement conçue dans l'optique de compléter des offres éoliennes
variables : elle peut varier de puissance à raison de 50 MW par minute, ce
qui est deux fois plus rapide que les centrales existantes.
- 15h30, le conseil fédéral Suisse annonce la sortie du
nucléaire. Le plan de sortie prévoit la fin de l'exploitation des
réacteurs existants d'ici 2034 et un recours provisoire accru au gaz. La
Suisse espère que d'ici 2034, elle aura une énergie 100 % renouvelables.
Les opposants au nucléaire ne sont guère satisfaits : alors que les
réacteurs étaient prévus pour durer 30 ans et que le débat portait sur
leur prolongation à 40 ans, cette décision entérine le fait qu'ils
pourraient fonctionner 50 ans !
- 19H, l'OCDE annonce que les conséquences de
l'accident de Fukushima pourraient être "plus sérieuses
qu'annoncé".
26 mai
- 5h, Greenpace publie les résultats des mesures
effectués par son navire Rainbow warrior sur des algues, poissons et
crustacés prélevées en dehors des eaux territoriales (donc à plus de 22 km
de côtes) : les taux de radioactivité y sont 50 fois plus important que
les limites autorisées. Ils appellent à des contrôles sérieux sur les
produits de la mer destinés à l'alimentation.
- 6h, le gouvernement japonais présente de nouvelles
cartes : il y a maintenant les territoires "d'alerte" (zone
interdite), "d'évacuation planifiée" (où l'évacuation des
personnes est en cours) et "d'évacuation d'urgence" (les
prochaines zones à évacuer d'urgence). La première correspond au 20 km
autour de la centrale avec une extension vers le nord-est jusqu'à 40 km.
La deuxième correspond sensiblement à la zone des 30 km avec toujours une
extension nord-est qui dépasse les 40 km ; la dernière zone va jusqu'à 80
km vers le nord-est. Cette dernière s'agrandira sans doute au fur et à
mesure que l'on arrivera à évacuer les gens.
- 15h30, selon le site Boursorama, les fonds
d'investissement sont particulièrement intéressés par les placements dans
les énergies renouvelables en Asie du Sud-Est : le Japon a annoncé l'arrêt
de son programme nucléaire, la Chine la remise à plat du sien, la Corée
également, ce qui laisse prévisible de forts investissements dans les
renouvelables.
- 16h30, activation d'une cellule de crise en France : la
sécheresse entraîne déjà une baisse de 25 % de la production
hydroélectrique et pourrait provoquer l'arrêt de nombreux réacteurs
nucléaires pendant l'été : 44 sur 58 sont refroidis par de l'eau douce,
seuls 14 sont en bord de mer.
- 17h30, la commission énergie du parlement européen propose
que l'Europe puisse exporter ses déchets nucléaires. Pays du Sud, bientôt
une nouvelle forme d'aide au développement ?
- 17h30, en Suisse, malgré
la décision de sortie du nucléaire… en 2034, les antinucléaires qui
campent devant le siège de FMB à Berne, opérateur de la centrale de
Mühleberg, décident de maintenir le camp et demande toujours l'arrêt du
réacteur maintenant.
- 18h, dans le Wall Street Journal, Ichiro Ozawa, l'un des
leaders de l'opposition au Japon déclare : "Si nous ne faisons rien,
même Tokyo pourrait devenir à terme invivable (zone d’exclusion). Il y a
une énorme quantité de combustible d'uranium dans la centrale nucléaire,
beaucoup plus qu’à Tchernobyl, c'est une situation terrible. Le
gouvernement ne dit pas la vérité et les gens vivent dans une sorte
d'insouciance". Concrètement, il y a 577 tonnes de combustibles dans
les six cœurs des réacteurs et 2800 tonnes de combustibles neufs ou usagés
dans les piscines de stockage. Cela fait une quarantaine de fois ce que
contenait le réacteur de Tchernobyl. Un nouveau tremblement de terre
important pourrait provoquer une explosion définitive de tout cela.
- 19h, le site Rue89 annonce que la mairie de
Saint-Michel-sur-Orge interdit à une troupe de théâtre de jouer deux
pièces prévues dans le cadre du festival local Dedans-Dehors, programmées
les 3 et 4 juin. Motif officiel : domaine trop sensible. Les deux pièces
parlent du danger du nucléaire.
27 mai
- 4h, TEPCO annonce qu'il cherche toujours à stopper
une fuite sous le réacteur n°3. Au moins 75 tonnes d'eau très radioactive
ont été récupérées dans un fossé creusé en protection. TEPCO assure
contrôler que l'eau ne puisse pas atteindre la nappe phréatique.
- 8h, incendie dans le sous-sol du réacteur n°1 à
Fukushima. Officiellement vite arrêté et sans conséquence.
- 8h, les organisations agricoles estiment que les
pertes pour la période du 21 mars au 8 avril 2011, dans les cinq
préfectures où des productions ont été détruites se montent à 10 milliards
de yens (87 millions d'euros).
- 8h, Nathalie Kosciusko-Morizet lance un concours en
faveur de l'efficacité énergétique. Le texte de présentation du Ministère
indique qu'il s'agit de faire face à la montée du prix du pétrole qui a
augmenté de 13,7 % en un an. Il ne s'agit évidemment pas de critiquer le
nucléaire.
- 9h30, nouvelle manifestation à Tokyo : "Protégeons les enfants de
Fukushima contre la radioactivité", "plus jamais ça !".
- 10h, aux Etats-Unis, General electric annonce le
lancement industriel de nouvelles photopiles ayant un rendement de 12,8 %
pour un prix assez faible. La firme estime que la baisse du coût des
photopiles est si rapide que d'ici seulement 2 ou 3 ans, le solaire
photoélectrique devrait pouvoir concurrencer les autres modes de
production d'électricité. L'European photovoltaic Industry association
fait le même pronostic : d'ici 2020, les photopiles seront
concurrentielles vis-à-vis de toutes les autres formes de production
électrique.
- 11h, au Japon, des
entreprises interviennent dans 26 cours d'écoles de la préfecture de
Fukushima pour gratter 5 cm de sol contaminé et le remplacer par 5 cm de
terre non contaminée. Le gouvernement annonce la distribution d'un
compteur à chacun des 1200 établissements scolaires présents en zone
contaminée. Les établissements sont appelés à publier eux-mêmes les
résultats des mesures.
- 15h, deux fonds d'investissement suisses annoncent
avoir racheter l'un 8 fermes éoliennes allemandes (88 machines), l'autre
deux fermes éoliennes italiennes (62 MW). Le capitalisme sait où placer
son argent !
- 18h, en Allemagne, les ministres régionaux de
l'environnement ont fait une demande à l'Etat pour que les sept réacteurs
les plus vieux, à l'arrêt, le soient définitivement.
- 18h, les députés socialistes de Genève demandent au
canton d'agir pour empêcher la construction d'un centre de déchets
radioactifs prévus à Bugey, à moins de 120 km de la frontière.
- 20h, Thomas O'Malley, PDG d'Energy Group, l'un
des principaux opérateurs du nucléaire aux Etats-Unis, annonce que pour
lui le "nucléaire est grillé" car cette énergie "est
devenue trop chère". Il annonce que son groupe renonce à tout nouveau
projet de réacteur nucléaire et va maintenant développer des centrales au
gaz.
- 20h, dans la Tribune à paraître le 28 mai, François
Levêque, économiste spécialisé, estime qu'actuellement le cap des 100
milliards de dollars est déjà dépassé pour la gestion de l'accident de
Fukushima. Pour rappel, après 25 ans, à Tchernobyl, on en est à 1000
milliards de dollars.
28 mai
- 0h, selon le quotidien Asahi, Areva propose le
retraitement des eaux radioactives à 210 yens le litre (1,83 euro).
Sachant qu'il faudra en traiter au moins 250 000 tonnes, TEPCO annonce un
coût de 460 millions d'euros.
- 1h, le Ministère de l'éducation japonais annonce que
tout va être mis en œuvre dans les écoles pour éviter une exposition des
enfants supérieure à 1mSv par an (au lieu de 20 accordé avant par
dérogation). Cela ne résout toutefois pas la question de ce que prennent
les enfants quand ils ne sont pas à l'école !
- 1h, le gouvernement de la préfecture de Fukushima
annonce la mise en place d'un Centre pour la réhabilitation de la faune et
la flore. Celui-ci a pour but de suivre le niveau de contamination dans la
région… pour les dix prochaines années. Rappelons que le césium-137 qui a
largement contaminé cette région ne perd la moitié de sa radioactivité
qu'en 30 ans.
- 6h, les services météo japonais alertent sur
l'arrivé d'un typhon qui doit toucher les Japon le lundi 30 mai 2011. Ils
craignent que les fortes pluies et les vents violents provoquent de
nouveaux désordres sur le site de Fukushima.
- 11h, des associations écologistes et Greenpeace
publient une carte des fonds marins le long du littoral japonais, ceci sur
300 km de part et d'autres de Fukushima. Ils alertent sur la nécessité de
ne pas consommer des produits tirés de la mer sur cette zone… et sur le
fait que cette zone va s'agrandir et la pollution se fixer pour de
nombreuses années. Les autorités confirment cette pollution et répondent
que la pêche est officiellement interdite sur un large rayon.
- 15h, une enquête journalistique au Japon révèle que
22 des 23 capteurs de radioactivité installé autour de la centrale de
Fukushima sont tombés en panne au moment du séisme. Certains ont été
détruits, d'autres se sont retrouvés sans courant suite à la panne
électrique générale. Ceci fait que l'on ne saura jamais clairement ce qui
a été émis dans les premiers jours de l'accident.
- 15h, 160 000 personnes au moins ont de nouveau
manifesté en Allemagne pour une sortie rapide du nucléaire, dont 25 000 à
Berlin et Munich, 20 000 à Hambourg, 10 000 à Fribourg…
- 22h, TEPCO annonce une panne de refroidissement des
piscines de combustible du réacteur n°5. Le réacteur lui-même est à
l'arrêt. La réparation est annoncée quelques heures plus tard. En quelques
heures, la température du combustible est montée de 68° à 87°C.
29 mai
- 7h, Un sondage réalisé en Suisse indique que
80 % des sondés sont favorables à la sortie du nucléaire, et
64 % accepteraient une hausse du prix de l'électricité de 15 %.
Le même sondage il y a deux mois, juste après l'accident de Fukushima
donnait déjà 74 % pour la sortie. L'idée de la sortie est majoritaire
dans toutes les tendances politiques, gauche, droite, écologiste.
- 9h, Un Japonais résidant en France transmet au Réseau Sortir du nucléaire les affiches gagnantes d'un
concours sur le développement durable organisé chaque année depuis 1994
par le ministère de l'éducation. Une affiche primée l'année dernière
montre un train rapide avec comme slogan "L'énergie nucléaire nous
mène à notre avenir". L'autre montre un globe terrestre qui a trop
chaud avec comme slogan "Contre le réchauffement climatique, une
énergie propre : le nucléaire".
30 mai
- 9h, Tepco annonce qu'il lui faudra plus de neuf mois
pour arrêter l'accident en cours. On veut bien le croire : à
Tchernobyl, ce n'est toujours pas fini !
- 9h, Les décisions suisses et allemandes provoquent
une baisse des valeurs boursières liées au nucléaire.
- 10h, Le gouvernement japonais, faute de trouver des
volontaires pour aller travailler sur le site de Fukushima, décide de
revoir à la hausse les limites d'exposition de ceux qui y sont déjà. Alors
que la limite était de 50 mSv sur cinq ans avant l'accident, on est
ensuite passé à 50 mSv sur un an… puis à 100 mSv sur un an puis
aujourd'hui à 250 mSv. Soit déjà une multiplication par 25 ! Nul
doute que les liquidateurs vont devenir plus résistants !
- 11h, Le gouvernement allemand confirme la sortie du
nucléaire d'ici 2022. Sur RTL, Jean-François Copé, secrétaire général de
l'UMP, déclare à propos de la sortie du nucléaire en Allemagne :
"Moi j'y suis, pour la France, totalement défavorable. La situation
de la France et de l'Allemagne vis-à-vis de l'indépendance énergétique
n'est pas la même sur le nucléaire. 85 % de notre énergie est
produite par le nucléaire (...) C'est aujourd'hui un élément majeur de la
puissance industrielle de la France". Evidemment, c'est un gros
mensonge, le nucléaire c'est 85 % de l'électricité… et donc seulement
16 % de notre énergie !
- 12h, Tepco annonce que deux salariés présentent une
grave contamination au niveau de la thyroïde. L'agence Reuters les
présente comme les premiers irradiés du site oubliant que quelques jours
plus tôt, des examens sur 6000 intervenants avaient montré des contaminations
sur les trois quarts d'entre eux !
- 15h, Benoît Hamon, porte-parole du PS, interrogé lors
du point presse hebdomadaire, pense qu'il faut rendre la France moins
dépendante du nucléaire, que la France doit rattraper son retard dans le
domaine des énergies renouvelables et qu'à terme, il faudra débattre de la
sortie du nucléaire. Pour lui ces questions doivent être débattues lors
des élections présidentielles de 2012.
- 16h, Alors que la droite ment une nouvelle fois en ironisant
sur le fait qu'avec les renouvelables et l'arrêt du nucléaire, l'Allemagne
va devoir nous acheter de l'électricité nucléaire, le Réseau Sortir du
nucléaire rappelle que c'est la France qui importe chaque année du courant
de l'Allemagne du fait de notre abus de consommation par le chauffage
électrique en hiver : 6,7 TWh (soit 6,7 milliards de kWh)
importés en 2010.
- 17h, L'Agence fédérale allemande de l'environnement
(équivalent de l'Ademe en France) rappelle que la sortie du nucléaire en
2022 est issue d'un compromis et qu'elle avait réalisé un plan de sortie…
pour 2017 qui ne nécessitait aucune construction de centrale au charbon,
aucune importation d'électricité, pas de hausse d'émission de gaz à effet
de serre, une hausse de prix très modérée et de nombreux emplois.
- 20h, Le gouvernement polonais annonce qu'il pourrait
renoncer à construire sa première centrale nucléaire jusqu'alors prévue en
2020.
- 20h30, Martine Aubry, en réunion publique aux Lilas
(région parisienne) estime que "la méthode allemande pour sortir du
nucléaire est à suivre". Il faut "foncer sur les énergies
renouvelables, travailler avec les experts et les scientifiques pour voir
dans combien de temps nous pouvons arriver à produire suffisamment pour
notre propre indépendance et il faut continuer le travail sur le danger de
certaines centrales, parce que j'ai l'impression qu'aujourd'hui, on a
laissé cela un peu sous le boisseau".
31 mai
- 2h, des associations de défense des droits de
l'homme dénonce la répression qui sévit contre les manifestants au Japon,
en lien avec les évacuations et les suites du tremblement de terre : 13
responsables syndicaux ont ainsi été arrêtés le 11 mai et 50 militants
paysans le 20 mai suite à des manifestations à Tokyo qui rassemblaient des
personnes mises au chômage depuis le 11 mars 2011.
- 4h, Les fortes pluies qui se sont abattues la
journée d'hier sur Fukushima ont fait monter le niveau des eaux
radioactives dans le sous-sol du réacteur n°1 de 37 cm et de 9 cm dans le
réacteur n°2.
- 7h, Le gouvernement japonais estime que pour le
dernier jour d'évacuation de la zone d'Iitate, il reste encore 1427
personnes dans la commune auxquelles il faut ajouter 349 personnes sur la
commune de Kawamata, 26 à Namie et 4 à Katsurao. Ces 1800 personnes doivent
avoir déménagé ce soir.
- 13h, TEPCO annonce avoir réussi à mettre en place un
système de refroidissement partiel sur le réacteur n°2. Ceci fait que
l'eau qui est injectée pour refroidir le combustible peut alors tourner en
circuit fermé. L'installation reste toutefois partielle et fragile.
- 13h, alors que le gouvernement japonais annonce un
recours accru aux énergies renouvelables, le Global Wind Energy Council,
syndicat des industriels de l'éolien, annonce qu'il est possible de passer
rapidement des 2300 MW éoliens d'aujourd'hui à 50 000 MW, pour moitié sur
terre et pour moitié en mer. Ceci remplacerait sensiblement la capacité
des actuels réacteurs nucléaires. Il indique que le potentiel éolien du
pays est de l'ordre de 1 900 000 MW… soit environ 40 fois plus !
- 18h, la Commission de Sûreté nucléaire des Etats-Unis
publie une première estimation des coûts à venir de l'accident de
Fukushima : cela dépassera les 250 milliards de dollars dans les dix ans à
venir. Par comparaison, la construction des 55 réacteurs japonais a coûté
environ le même prix. Et cela continuera ensuite… comme pour Tchernobyl
qui a déjà dépassé les 1000 milliards de dollars.
- 22h, France3 Haute-Normandie annonce que l'enquête publique pour la
construction d'un EPR à Penly, enquête qui devait démarrer le 1er juin
2011, est annulée suite à une décision à l'unanimité de la Commission
locale d'information.
- 23h, TEPCO annonce que des taux importants de
strontium 89 et 90 ont été mesurés dans un rayon de 500 m autour des
réacteurs : environ 100 fois les doses limites autorisées. On détecterait
du strontium au moins jusqu'à 30 km du site. Le strontium se fixe dans les
os et y déclenche des cancers.
Chronologie - Juin
1er juin
- 7h, l'AIEA, Agence internationale de l'énergie
atomique, après avoir enquêté au Japon estime dans un rapport préliminaire
que cet accident est le pire depuis Tchernobyl, que le risque séismique et
de tsunami avaient été sous-évalués. Les dix-huit experts jugent
exemplaire l'engagement des travailleurs japonais sur le site. Ils
approuvent la démarche de TEPCO pour faire baisser la température des
réacteurs. Ils demandent de mettre en place un suivi de l'exposition à la
radioactivité des populations. Bref, on gère…
- 8h, il a neigé sur le département de Fukushima,
au-dessus de 1300 m, entre mi-avril et début mai… et les mesures dans la
neige indique que celle-ci était radioactive : les analyses rendues
publiques ce jour par l'Université de Fukushima donnent, pour 14
localisations différentes, une pollution au césium va de 200 bq/kg à 3000
bq/kg. Cette neige a fondu depuis et les autorités déconseillent de boire
de l'eau du robinet.
- 8h, la tempête tropicale qui a suivi les côtes du
Japon du Sud au Nord toute la journée d'hier a provoqué à Fukushima des
vents de plus de 100 km/h, soulevant les poussières et dispersant la
radioactivité sur une plus grande surface… Ceci risque de se reproduire à
chaque coup de vent.
- 8h, conférence de presse de Bruno Chareyron,
directeur de la CRII-Rad à Tokyo. La CRII-Rad conteste la limite d'exposition
fixée à 20 mSv/an, estimant que c'est une dose trop élevée, et ceci
d'autant plus qu'à la contamination par l'extérieur s'ajoute l'irradiation
interne (respiration et alimentation) qui n'est pas prise en compte dans
cette limite. Il indique que pour le moment, les mesures indépendantes
confirment sensiblement les niveaux donnés officiellement… et qu'en
conséquence, il faut continuer à évacuer les populations plus largement.
Ainsi la ville de Koriyama, bien que située à 60 km doit être évacuée.
Problème : elle compte 300 000 habitants.
- 8h, un sondage indique que 80 % des Japonais
estiment que le gouvernement ment sur la question de Fukushima. Il reste
donc 20 % de naïfs !
- 8h, sortie du livre La vérité sur le nucléaire, le choix interdit de Corinne Lepage, ancienne
ministre de l'environnement et avocate.
- 10h, Ségolène Royal, dans une conférence, trouve la
décision allemande "audacieuse" "volontariste" et
relance son projet d'une France, première puissance écologique. Revirement
spectaculaire pour celle qui au lendemain de l'accident, avait dénoncé
"l'indécence" des opposants au nucléaire.
- 13h, une quinzaine d'organisations genevoises
interpellent le Conseil d'Etat et le Grand conseil du canton de Genève
pour leur rappeler qu'ils doivent constitutionnellement d'opposer à tout
projet nucléaire dans le voisinage… et qu'un projet de stockage de déchets
nucléaire est actuellement à l'étude sur le site de Bugey, à 120 km de
Genève.
- 14h, rebondissement en Italie. Alors que le
gouvernement avait décidé de ne plus faire le référendum sur le nucléaire
prévu les 12 et 13 juin, la Cour de cassation estime que le gouvernement
ne peut légalement l'annuler. La gauche et les antinucléaires sont
satisfaits, les sondages prédisant un rejet massif d'un retour du
nucléaire.
- 17h, Eric Besson, ministre de l'énergie, annonce la
convocation d'une réunion de la filière énergétique pour étudier comment
la France va pouvoir faire face… à la fermeture des centrales nucléaires
allemandes ! En effet, si la sécheresse se poursuit, de nombreux réacteurs
français pourraient être mis à l'arrêt par manque d'eau de
refroidissement… et la France risque de ne pas pouvoir importer
d'électricité depuis l'Allemagne !
- 18h, un des deux réacteurs de Civaux est mis à
l'arrêt par manque d'eau, le débit de la Vienne étant trop faible pour
assurer le refroidissement et les lâchers d'eau à partir des lacs de
retenus ne pouvant être maintenu plus longtemps.
- 20h, nouveau rapport de l'IRSN. La situation est
"stable". Autrement dit, la catastrophe se poursuit. Le rapport
est plein de questions sans réponse. L'une d'entre elles porte sur la
solidité des piscines de stockage du combustible, placées en hauteur, en
cas de nouveau tremblement de terre.
- 20h30, le site cyberpresse.ca reprend un sondage paru au Japon
: la plupart des Japonais pensent qu'ils surmonteront les conséquences du
tremblement de terre et du tsunami du 11 mars 2011, mais 60 % craignent
d'avoir été irradiés ou que des proches l'aient été par les rejets de la
centrale de Fukushima. 8 % sont pour augmenter l'usage du nucléaire, 44 %
souhaite que cette part diminue, 46 % seraient pour le statu quo. 79 %
estiment que le gouvernement n'a pas été à la hauteur. 86 % que TEPCO n'a
pas été à la hauteur.
- 21h, huit associations nationales (Greenpeace, WWF,
Amis de la Terre, Réseau Action Climat-France, Réseau Action
Climat-France, HELIO International et Comité de Liaison Énergies
Renouvelables) annonce leur refus de participer à une table ronde sur
l'efficacité énergétique tant que les mesures actées dans le Grenelle de
l'Environnement ne seront pas concrétisés et tant que l'on ne pourra
aborder la question des modes de production de l'énergie (le nucléaire en
particulier).
2 juin
- 8h, le gouvernement japonais annonce un accord avec
l'industrie pharmaceutique pour distribuer deux médicaments connus pour
favoriser la fixation et l'élimination du plutonium dans le corps. C'est
pour le moins étrange quand on sait que la version officielle est que les
retombées de plutonium n'ont pas dépassé les zones évacuées.
- 10h, le gouvernement conservateur de Bulgarie annonce qu'il ne renonce
pas à son programme nucléaire : actuellement deux réacteurs fonctionnent
mais doivent être fermés en 2017 et 2019. Deux nouveaux réacteurs de
technologie russe sont prévus pour les remplacer… Un consortium russe et
français (EDF) se propose d'étudier comment prolonger la durée de vie des
centrales existantes.
- 10h, Calin Georgescu, rapporteur spécial des
Nations-Unies invite la Pologne a organiser un référendum sur la question de
la première centrale nucléaire "au moment où l'Europe s'engage dans
la sortie du nucléaire". Le gouvernement français doit apprécier !
- 11h, Takeshi Tanigawa, professeur d'Université, ancien consultant de
TEPCO, s'inquiète publiquement de l'état de fatigue des travailleurs
présents sur le site de Fukushima. Il craint que cette fatigue entraîne
d'autres accidents. Il dénonce le fait que certains restent pendant dix
jours sur le site sans même pouvoir se laver, encore moins rentrer chez
soi pour se reposer. Il craint aussi des problèmes psychologiques graves
alors que ces travailleurs n'arrivent pas à endiguer l'accident.
3 juin
- 1h, Japon Steel Works a construit la totalité des pièces nécessaires
aux 53 réacteurs japonais. C'est la seule usine sidérurgique au monde
capable de fabriquer les grands composants en acier forgé — notamment la
cuve — nécessaires dans les réacteurs nucléaires de grande puissance. La
firme annonce qu'elle cesse son activité dans ce domaine. Le manque de
débouchés prévisibles pour le futur l'incite à prendre cette mesure. Cette
décision est fondamentale : avec l'arrêt de cette production, il ne sera
plus possible de fabriquer des réacteurs de type EPR comme celui en
construction à Flamanville ! Les autres aciéries spécialisées dans ce
domaine (Areva à Chalon-sur-Saône et une autre en Russie) ne peuvent pas
fabriquer les pièces nécessaires aux réacteurs de plus de 1000 MW. Après
la fermeture de cette chaîne de fabrication, les capacités de construction
de nouveaux réacteurs ne sont plus que de quelques unités par an… et les
réacteurs devront être de moindre taille (comme c'est le cas de ceux
prévus en Chine). Il n'y aura plus de quoi maintenir le nucléaire
seulement au niveau d'aujourd'hui. La tentation va être de faire durer les
réacteurs vieillissants d'aujourd'hui… ce qui augmente les risques
d'accident.
- 11h, le gouverneur de la préfecture de Shizuoka
demande une contre-expertise sur les analyses de radioactivité concernant
le thé. Les annonces sur la contamination du thé menace en effet
l'économie de la région qui produit 40 % du thé au Japon. Le Ministère de
la Santé lui répond qu'il n'est pas question de remettre les décisions
d'interdiction de vente en cause.
- 12h, alors que les limites d'exposition ont été
portées de 20mSv à 250 mSv par an pour les personnes sur le site, des
mesures sur deux des ouvriers indiquent qu'ils ont déjà pris entre 210 et
580 mSv pour l'un en externe auxquels se rajoutent 74 en interne ; l'autre
entre 200 et 510 en externe et 89 en interne.
- 15h, manifestation devant la centrale de Civaux dont
déjà un réacteur est à l'arrêt. Présence d'Eva Joly et de Yannick Jadot,
députés européens. Eva Joly annonce que dans les négociations avec les
socialistes, les écologistes demanderont non seulement un plan de sortie
du nucléaire, mais la fermeture des réacteurs les plus anciens :
Fessenheim, Bugey et Tricastin.
- 15h, en Allemagne, les Verts estiment que le plan de
sortie du nucléaire n'est pas assez ambitieux. Les centrales nucléaires
pourraient être fermées plus rapidement, mais surtout, il faut une
politique énergétique plus ferme pour pouvoir aussi commencer à fermer les
centrales à charbon.
- 15h, en Belgique, le
maire de Gand, informé par Greenpeace du passage d'un train de déchets radioactifs,
prend un arrêté pour l'interdire. L'affaire est portée devant les
tribunaux car pour la SNCB il n'y a pas d'alternatives. Le 6 juin, le
tribunal autorise le transport. La mairie de Gand demande alors à voir
l'autorisation pour vérifier si tout est légal. Le tribunal ne lui répond
pas…
4 juin
- 8h, TEPCO annonce qu'un robot entré dans le bâtiment
réacteur n°1 a filmé et mesuré un jet de vapeur radioactif qui semble
sortir de la cuve. La fuite atteint 4000 mSv/heure. Elle interdit de fait
toute approche par un humain.
- 11h, NISA, l'agence de sûreté nucléaire nippone,
reconnaît dans une conférence de presse avoir censuré des mesures. Ainsi
du Tellurium132 a été détecté à 6 km du réacteur dès le 12 mars 2011,
preuve évidente que les explosions n'ont pas été provoquées par des bulles
d'hydrogène mais par une fusion du cœur. NISA a reconnu ne pas avoir
communiqué des données sur le nuage d'iode radioactif. Lequel a atteint
des niveaux très importants dans la deuxième quinzaine de mars… jusqu'à
des distances bien supérieures aux zones où les gens ont été invités à
rester enfermés chez eux. Le gouvernement a présenté ses excuses pour ses
mensonges… soigneusement planifiés. C'est en effet la stratégie adopté au
niveau international pour éviter des mouvements de panique : une fois que
vous savez que vous êtes contaminés, vous savez que vous pouvez prendre un
peu plus de temps pour vous en aller.
- 22h, TF1 annonce la publication d'un sondage dans le
Journal du Dimanche : 77 % des Français sont pour la sortie du nucléaire
(+7% en deux mois), dont 15 % le plus rapidement possible (-4%). Seuls 22
% des sondés sont pour la poursuite d'un programme nucléaire. Dans le
détail, il y aurait quand même 13 % des électeurs Verts favorables au
nucléaire… mais plus intéressant : pour la première fois, les partisans de
la sortie du nucléaire sont majoritaires dans tous les partis, y compris
l'UMP (55 %). Commentaire de Cécile Duflot, secrétaire nationale
d'Europe-Ecologie-Les Verts : "les citoyens évoluent plus vite que leurs
dirigeants".
5 juin
- 7h, TEPCO organise une ronde de camions pour amener
des citernes sur le site pour y stocker l'eau radioactive, ne disposant
plus de place sur le site et la barge située au large étant remplie. Ces
nouvelles citernes permettent de stocker 40 000 tonnes supplémentaires.
- 8h, TEPCO annonce que des morceaux de béton rejetés
lors de l'explosion du réacteur n°3 ont été récupéré à proximité avec des
taux de contamination allant de 550 à 950 mSv/heure, ce qui signifie qu'un
ouvrier ne peut s'en approcher que quelques minutes avant d'atteindre la
limite d'exposition annuelle !
- 15h, environ 2000 personnes manifestent à Barcelone
pour la fermeture immédiate des centrales d'Asco et de Vandellos,
construites au sud de la Catalogne.
6 juin
- 7h, la valeur de Tepco baisse de 28 % à la bourse de
Tokyo sur rumeur d'un placement en redressement judiciaire. Tepco,
première compagnie d'électricité au Japon, pourrait perdre jusqu'à 7
milliards d'euros en 2011.
- 10h, selon l'agence de Sûreté nucléaire du Japon, NISA,
le total des émissions radioactives, dans l'air à la date du 5 avril (il y
a donc deux mois) était de 850 000 terabecquerels et non 630 000 comme
annoncé avant. La quantité d'iode et de césium radioactifs présente dans
les 105 000 tonnes d'eau stockées dans les sous-sols serait de 720 000
terabecquerels. (le total de la radioactivité relâchée par Tchernobyl est
estimé entre 5 et 12 millions de terabecquerels).
- 18h, le gouvernement allemand présente un vaste plan
industriel pour rendre possible la sortie du nucléaire : huit réacteurs
nucléaires sont définitivement arrêtés (il en reste donc 9). De nouvelles
centrales au gaz (à hauteur de 10 000 MW, ce qui couvre presque la
production nucléaire totale) vont être construites, les plus propres
possibles. Des prêts bonifiés vont être soutenus par l'Etat pour
l'isolation des bâtiments. L'énergie photovoltaïque va être moins
subventionnée, les subventions étant orientées vers l'éolien en mer
(lequel doit permettre de fermer des centrales au charbon, de manière à
réduire les émissions de gaz à effet de serre malgré les nouvelles
centrales au gaz).
- 19h, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) publie un rapport sur les
énergies dans le futur. Cette étude prend en compte le ralentissement du
nucléaire après Fukushima. Selon l'AIE, c'est le gaz qui devrait devenir
dominant dans les années à venir (21 % de l'énergie dans le monde
aujourd'hui, 25 % prévisible en 2035). Même si le gaz est le plus propre
des énergies fossiles, cette évolution n'est pas compatible avec l'objectif
de réduction des gaz à effet de serre.
- 19h, le titre EDF en Bourse est au plus bas : 26
euros contre 87 euros il y a cinq ans. Le milieu boursier indique ainsi
qu'il ne croit plus au choix de l'entreprise en faveur du nucléaire.
- 21h, EDF annonce le redémarrage du deuxième réacteur
de la centrale de Civaux arrêté le 1er juin… malgré un débit en aval de
12,1 m3/s. Le débit a légèrement remonté suite aux orages du week-end.
Version EDF : il s'agissait d'un arrêt pour entretien. Version qui ne tient
pas : en quatre jours, le réacteur n'a pas pu être totalement arrêté.
C'est bien le manque d'eau qui a conduit à cet arrêt.
7 juin
- 8h, conférence d'un groupe de parents de Tokyo qui
suite à des analyses réalisées par l'ACRO (laboratoire indépendant français)
alerte le gouvernement sur la nécessité de prendre des mesures de
protection à Tokyo, les doses mesurées dans les sols sont parfois à un
seuil élevé (jusqu'à 2300 bq/kg, soit le tiers des doses trouvées dans les
cours d'école de Fukushima ville). Les doses cumulées sur un an
prévisibles peuvent alors dépasser les limites autorisées. Des
journalistes japonais mettent sur internet une vidéo montrant une personne
qui se promène dans les rues de Koto Ward, un quartier de Tokyo avec un
compteur Geiger… qui mesure jusqu'à 5,77 msV. Cela confirme ce
qu'affirment le groupe des parents ce jour : la contamination à Tokyo en
césium est en train de monter.
- 8h, nouvelles révélations sur les mensonges des
autorités japonaises : dans un rapport transmis à l'AIEA, l'agence de
Sûreté nucléaire du Japon NISA indique que le cœur des réacteurs 1, 2 et 3
sont entrés en fusion quelques heures seulement après le tremblement de
terre et ont percé leurs cuves dès les premiers jours de l'accident. Le
gouvernement japonais réagit en annonçant la mise en place d'une nouvelle
autorité de contrôle "tout à fait indépendante". Comme pour les
accidents nucléaires, il y a donc une échelle d'indépendance !
- Dans la foulée, TEPCO reconnaît que les données
sur les rejets radioactifs sont estimées et qu'elles sont sans doute plus
élevées dans la réalité. Des spécialistes estiment également que TEPCO
ment en annonçant qu'il espère stabiliser la situation d'ici la fin de
l'année.
- 9h, le gouvernement interdit à TEPCO de reverser à
la mer 3000 tonnes d'eau contaminées dans le réacteur voisin de
Fukushima-Daini. Cette eau est entré dans le réacteur au moment du tsunami
et depuis le réacteur est à l'arrêt.
- 9h, le Professeur Toshihiro Yamamoto de l’université
de Kyoto, un expert en physique des réacteurs, ne se satisfait des
nouvelles explications données par NISA. Selon lui, la présence de
Tellurium 132 retrouvé à des distances importantes du site ne peut
s'expliquer par les scénarios présentés aujourd'hui.
8 juin
- 1h, un site internet japonais présente le bilan des
suicides au Japon : ils sont en hausse de 18 % sur un an de mai 2010 à mai
2011. Il y a une hausse au nord du Japon, mais à peine supérieure à la
tendance dans le reste du pays (+39 % quand même dans le département de
Fukushima).
- 8h, présentation dans L'Express, des essais de sûreté nucléaire dans les
locaux du CEA sur des réacteurs reproduits à l'échelle 1/700e et 1/5000e.
Commentaire d'un ingénieur du secteur automobile auprès du Réseau Sortir
du nucléaire : c'est comme si on faisait des crash tests sur des véhicules
de 0,8 mm de long !
- 8h, La Stampa quotidien espagnol, rappelle que l'Espagne est
le premier producteur d'électricité éolienne au monde, avec 19 000
éoliennes qui ont produit en 2010 21 % de l'électricité du pays à un prix
moyen plus bas qu'en France (0,38 e/kWh contre 0,475 en France). La revue
rappelle également que c'est l'Espagne qui vend de l'électricité à la
France nucléaire.
- 13h, le gouvernement publie un bilan de ses échanges
dans le domaine de l'énergie : la France a vu sa facture pour les
importations énergétiques augmenter de 20 % en 2010 pour atteindre 47,8
milliards d'euros. Le nucléaire n'est-il pas censé nous assurer notre
indépendance ?
9 juin
- 5h, le gouvernement japonais révèle avoir trouvé du
strontiuml-89 et -90 dans onze communes situées en-dehors des zones
évacuées. Le strontium se fixe dans les os et provoque cancer des os et
leucémies. Une des communes est à 62 km de la centrale nucléaire ! Le
gouvernement confirme la validité des données indépendantes, notamment
celles fournies par Greenpeace. Il indique étudier comment élargir la zone
d'évacuation.
- 9h, des scientifiques britanniques s'inquiètent dans The Telegraph des
annonces de fusion des cœurs des trois réacteurs. Selon eux, si la matière
atomique venait à sortir à l'air libre, les taux de radioactivité
pourraient être énormes.
- 15h, au Parlement européen, les eurodéputés ont
vivement protesté contre l'accord entre Etats concernant les stress-tests,
estimant qu'ils ne sont pas à la hauteur de ce qu'il faudrait faire. Ils
contestent que les résultats ne soient pas contraignants (par exemple si
l'on trouve des défauts génériques dans tous les réacteurs français, on ne
sera pas obligé de les arrêter le temps de les réparer !), que l'attentat
terroriste n'est pas envisagé. Les socialistes, les écologistes, l'extrême
gauche et les libéraux ont sensiblement émis les mêmes critiques. Seuls
les conservateurs ne sont pas montés au créneau : c'est l'un des leurs qui
a mené les négociations.
- 14h, 400 élus de la région alsace ont déjà signé un
appel demandant la fermeture de la centrale de Fessenheim. Un nombre qui a
doublé depuis l'accident japonais.
- 15h, AREVA annonce que son usine pour traiter les
eaux radioactives pourrait fonctionner dès le 15 juin 2011. Installée sur
le site de Fukushima, elle "traiterait" 1200 tonnes d'eau par
jour. La radioactivité serait "piégée" dans des boues,
lesquelles seraient ensuite séchées et stockées dans des blocs de béton.
Opération de communication ou réelle efficacité ?
- 15h, alors que les Italiens doivent voter le 12 et 13
juin pour l'abandon définitif du nucléaire, le Vatican publie un
communiqué très diplomatique… mais qui "condamne une technique
toute-puissante non maîtrisée".
- 18h, le conseil national suisse, étudiant les mesures
à prendre pour accompagner la sortie du nucléaire ont voté pour
l'interdiction du chauffage électrique. Celui-ci devra avoir totalement
disparu d'ici 2025.
10 juin
- 5h, le quotidien Daily Yomiuri révèle que malgré les consignes
d'évacuation, il resterait au moins 1700 enfants dans la zone comprise
entre 20 et 30 km de la centrale.
11 juin
- 0h,
le gouvernement japonais donne quelques statistiques : environ 120 000
personnes ont été évacuées soit de la zone interdite (environ 100 000)
soit parce que leur maison a été détruite par le tremblement de terre
(environ 20 000 hors zone contaminée). 28 000 ont été relogées et 92 000
vivent dans des centres d'évacuation. 49 000 ont retrouvé un emploi. Le gouvernement
a également indiqué que ce sont des millions de Japonais qui vont
maintenant devoir vivre dans un environnement plus ou moins radioactif.
- 7h, nouvelle manifestation antinucléaire à Tokyo.
Plusieurs milliers de manifestants demandent que le gouvernement continue
à fermer les réacteurs encore en fonctionnement et que soit lancé un plan
énergétique propre.
- 14h, le gouvernement britannique annonce la saisie
d'une tonne de champignon en provenance de Bulgarie. Les champignons sont
trop radioactifs : jusqu'à 6000 bq/kg (10 fois la limite). Les champignons
proviennent de zones touchées par le nuage de Tchernobyl.
- 15h, une cinquantaine de manifestations se sont
tenues en France pour marquer les trois mois de l'accident de Fukushima. A
Paris, pour une fois, il y a eu du monde : près de 5000 personnes.
L'occasion pour Yves Cochet, député EELV, de rappeler que la sortie du
nucléaire constituait un enjeu important pour les négociations avec les
socialistes. Martine Aubry a déclaré à l'issu de la manifestation :
"Sortir du nucléaire, on peut le faire. Il reste à convaincre
l'ensemble du parti socialiste, mais c'est possible". Ils étaient une
centaine à Bordeaux, dont Noël Mamère pour demander la fermeture de la
centrale du Blayais qui a juste 30 ans ce jour, durée de vie initialement
prévue pour la centrale. Une centaine également à Toulouse pour demander
la fermeture de la centrale de Golfech. Une centaine de personnes se sont
rassemblées devant la centrale de Belleville-sur-Loire (Cher). Une
centaine également à Colmar où le jeûne tournant pour la fermeture de
Fessenheim a dépassé les 550 jours de jeûnes…
- 18h, les syndicats dénoncent un courrier de Philippe
Druelle, directeur adjoint à la production nucléaire d'EDF daté du 10 mai
2011 qui demande aux exploitants des centrales nucléaires d'accélérer les
cadences pendant les périodes d'entretien. Les syndicats dénoncent cette
accélération qui augmente le risque d'erreurs et donc le risque
d'accident.
- 18h, annonce d'un accident mortel sur le chantier de
l'EPR à Flamanville. Un ouvrier de 32 ans est mort après une chute, le
deuxième décès en quelques mois (le premier c'était le 24 janvier 2011)
sur un chantier qui s'embourbe et qui compte déjà plus de deux ans de
retard. La CGT a porté plainte.
- 18h, confirmation devant le parlement allemand : les
huit réacteurs arrêtés après le 11 mars 2011 sont définitivement arrêtés.
Il en reste potentiellement neuf en fonctionnement.
12 juin
- 17h, environ 2000 personnes ont manifesté en Suisse
devant la centrale de Müehleberg pour en demander l'arrêt immédiat. Les
manifestants venus de Berne, Bienne et Fribourg n'ont pas utilisé de
voitures individuelles !
- 19h, une télévision russe annonce que ses
journalistes ont mesuré des taux de radioactive mille fois supérieurs aux
limites à 80 km des réacteurs de Fukushima.
13 juin
- 0h, TEPCO annonce que d'importantes quantités de
strontium ont été mesurées dans les eaux stockées sous les réacteurs 1 et
2. La cause probable est que les cœurs en fusion sont en contact avec l'extérieur.
Cette découverte oblige à revoir complètement la procédure envisagée pour
le traitement des eaux radioactives. Ce traitement, proposé par Areva,
suscite toujours des doutes importants de la part des spécialistes qui
voient bien comment on peut condenser la radioactivité, mais pas comment
on peut la diminuer.
- 7h, le secrétariat d'Etat à l'Energie des Etats-Unis
estime que la radioactivité relâché par Fukushima a atteint 60 millions de
curies, soit plus que l'accident de Tchernobyl (estimé à 50 millions de
curies).
- 14h, TEPCO annonce que six nouveaux
"liquidateurs" présentent des taux de contamination trop
importants (supérieurs à 250 mSv) et 88 autres approchent les limites.
L'inquiétude est qu'il va falloir peu à peu renouveler le personnel… Il y
a 2400 personnes qui se relaient actuellement sur le site et seulement 70
000 personnes formées dans le pays pour l'entretien de l'ensemble du parc
nucléaire. Et les volontaires ne se bousculent pas !
- 20h, avec 57 % de participation, le référendum italien
sur la question du nucléaire a recueilli 94,3 % des voix contre le
nucléaire. C'est la première fois depuis 16 ans que le quorum de 50 % pour
un référendum est atteint… et c'est donc une confirmation du référendum de
1987 qui avait déjà demandé la sortie du nucléaire alors que 4 réacteurs
étaient en construction dans la péninsule. Nicolas Sarkozy qui avait
annoncé avoir vendu 4 EPR à l'Italie, va devoir changer de discours !
14 juin
- 1h, un sondage réalisé pour le quotidien Asahi indique
que 75 % des Japonais sont pour une sortie du nucléaire ; 65 % sont prêts
à payer leur électricité plus cher si nécessaire pour le développement des
énergies renouvelables. Le quotidien rappelle que le refus du nucléaire
n'est pas récent : en 2008, un précédent sondage indiquait que seuls 36 %
des Japonais étaient favorable au développement de cette énergie. Reste
que, comme en France, la démocratie ne s'applique pas dans ce pays.
- 1h, la préfecture de Fukushima annonce avoir
commandé 34 000 dosimètres qui seront remis aux enfants de 4 à 15 ans,
pour suivre leur niveau de contamination. Ceux-ci devront les porter dans
leur cartable en permanence pendant trois mois à partir de septembre.
- 2h, en pleine nuit au Japon (vers minuit là-bas),
les caméras de surveillance de TEPCO montrent des nuages de vapeurs puis
une explosion. Les journalistes demandent ce que c'est en constatant que
TEPCO ne communique pas sur le sujet. Ce n'est que le lendemain matin que
le gouvernement répond enfin à ce qui s'est passé : il semble que suite à
une élévation importante de la température dans le réacteur n°4, TEPCO ait
provoqué une explosion d'hydrogène… Le réacteur n°4 est normalement à
l'arrêt, mais des fuites dans les piscines de stockage du combustible
nécessitaient depuis trois mois un constant refroidissement.
- 6h, des groupes écologistes mettent en garde après
avoir mesuré des taux de radioactivité importants dans les filtres à air
des voitures à Tokyo.
- 9h, le cours de l'action d'AREVA a baissé de plus de
20 % depuis le 11 mars 2011, signe de défiance de plus en plus marquée des
investisseurs envers le nucléaire.
- 11h, la chaîne de télévision NHK indique que 22 des
47 départements du Japon ont procédé à une recherche de contamination sur
leurs sols… et que 16 (soit un tiers du pays) en ont trouvé. Le taux de
radioactivité va décroissant du nord au sud… un sud qui dépasse largement
Tokyo pour descendre jusqu'à Osaka.
- 14h, EDF annonce la fermeture d'ici 2015 de deux des
trois tranches de la centrale du Havre. Il s'agit d'une centrale thermique
au charbon ! Alors que l'on peut avoir besoin de ces centrales thermiques
pour provisoirement remplacer les réacteurs nucléaires en cas de décision
politique de sortie du nucléaire, EDF essaie de rendre les choses plus
compliquées ! Avec les centrales thermiques actuellement disponibles en
France, il est possible de stopper du jour au lendemain environ la moitié
des réacteurs nucléaires.
15 juin
- 0h,
le quotidien Yomiuri Shimbun annonce la probable sortie forcée
du nucléaire au Japon d'ici moins d'un an. Selon le journal, 35 réacteurs
sur 54 sont à l'arrêt. Sur 49 110 MW de puissance théorique, il n'y a
plus que 16 550 MW en activité. Non seulement aucun réacteur n'a
redémarré depuis le 11 mars 2011, mais le personnel de haut niveau qui
pourrait donner les autorisations pour redémarrer étant entièrement
mobilisé sur Fukushima, plus aucune opération de maintenance n'est
possible sur les réacteurs qui sont arrêtés seulement pour maintenance. Si
cela se poursuit ainsi, le quotidien estime que d'ici un an tous les
réacteurs seront arrêtés, faute de vérification de la maintenance.
- 8h, une de Télérama de ce jour : "Le nucléaire,
c'est déjà hier". Avec en illustration des éoliennes en mer.
- 10h, selon une étude publiée par le gouvernement, les
boues des stations d'épuration sont trop radioactives dans au moins 16 des
47 préfectures du pays. Après celle de Fukushima, ce sont les régions au
nord de Tokyo, puis Tokyo qui sont le plus touchées.
- 10h, ouverture de l'enquête publique concernant la
construction d'ITER à Cadarache. La consultation publique est ouverte
jusqu'au 20 juillet (et prolongeable un mois donc pendant les vacances) et
le contestataire devra se plonger dans un dossier de 3500 pages s'il veut
pouvoir s'assurer que ses critiques sont pertinentes. Relevons-en quand
même quelques unes : rien n'indique que ITER puisse fonctionner un
jour ; on ne sait pas qui le paiera car son coût s'est envolé (on en est à
16 milliards… alors que seuls 6 milliards sont trouvés) ; il sera sur la
zone la plus séismique de France ; il ne produira de l'énergie que pendant
600 secondes… juste le temps de vérifier quelques hypothèses avant que
l'on passe au prototype suivant.
- 11h, TEPCO annonce que les plans pour la construction
d'un sarcophage pour le réacteur n°1 de Fukushima sont réalisés. Le
chantier pourrait commencer dès cet été… si la radioactivité n'est pas
trop importante, si le réacteur est maîtrisé. Si… si… si…
- 16h, deux baleines chassées par les pécheurs japonais
ont été déclarées impropres à la consommation : trop radioactives ! Oh
pardon : au Japon, on ne tue officiellement des baleines que pour les
programmes de recherche scientifiques.
- 16h, La Recherche publie un sondage sur les Français
face à la science. A une question sur la confiance que l'on fait aux
scientifiques pour dire la vérité sur les résultats et les conséquences de
leurs travaux, le nucléaire et les OGM arrivent en tête de la défiance
avec 58 % qui ne font pas confiance aux scientifiques (et seulement 5 %
qui leur font totalement confiance). A la question de savoir qui peut le
mieux expliquer les enjeux de la recherche, les chercheurs arrivent en
tête, le gouvernement en queue (1% tout à fait confiance, 17 % plutôt
confiance), juste devant les députés (1% tout à fait confiance, 25 %
plutôt confiance).
- 16h, alors que le 2 juin 2011, les médias français
reprenaient une information selon laquelle l'Arabie Saoudite voulait
investir massivement dans le nucléaire, le ministre du pétrole, Ali
Al-Naimi, en voyage en Pologne, a démenti cette information : il annonce
au contraire que c'est dans le solaire que son pays veut investir et qu'il
s'intéresse au projet Desertec, projet de centrale solaire géante dans le
désert pour le moment envisagée dans le Sahara. Ali Al-Naimi a estimé que
d'ici 2020, son seul pays pourrait produire jusqu'à quatre fois la demande
mondiale actuelle d'électricité.
16 juin
- 0h, Kamata Kei, journaliste célèbre au Japon, Oe
Kenzaburo, romancier, prix Nobel de littérature, Srtouchi Jakusho, romancière,
et Sakamoto Ryuichi, musicien célèbre, participent à une conférence de
presse du Congrès national pour l'interdiction des armes nucléaires. Ils
appellent à manifester au Parc Meiji le 19 septembre 2011 et espèrent
réunir plus de 50 000 personnes. Ils sont les premiers signataires
d'une pétition qui demande l'arrêt immédiat du surgénérateur Monju (en
sérieuse panne depuis août 2010) et de l'usine de traitement des déchets
de Rokkasho (jamais mise en route, équivalent de notre usine Areva à la Hague),
ainsi que l'arrêt totale de toutes les centrales nucléaires
progressivement.
- 2h, lors d'une rencontre entre le ministre chinois
de la protection environnementale Li Ganjie et Jack Allen, directeur de
Westinghouse Asie (producteur de centrales nucléaires), le premier a
confirmé au second que la Chine a pour le moment suspendu tout projet de
nouvelles centrales tant que le bilan exact de l'accident de Fukushima ne
serait pas fait.
- 8h, le Japon signe un accord avec le Venezuela pour
augmenter ses importations de pétrole. L'accord porte sur 3 millions de
barils par an pendant cinq ans. Ce pétrole est destiné à des centrales
électriques thermiques.
- 8h, le gouvernement japonais envisage de mettre une
taxe de 10 % sur les revenus des personnes et les bénéfices des
entreprises, pendant dix ans, pour collecter les 300 milliards de dollars
qu'auraient déjà coûtés tsunami et accident nucléaire.
- 9h, début à Cherbourg du procès de 42 militants de
Greenpeace ayant bloqué le chantier de l'EPR à Flamanville le 2 mai 2011.
Le procureur a demandé des peines de prison avec sursis et des amendes
pour les militants ayant occupé les grues et des amendes pour ceux qui ont
bloqué l'entrée. EDF a demandé 155 000 euros de dommages et intérêts, coût
estimé d'un jour d'arrêt du chantier. Jugement mis en délibéré au 27
septembre 2011.
- 12h, NHK, télévision japonaise, rapporte que de
nombreuses municipalités ont mis en place des vérifications de la
radioactivité de la nourriture servie dans les cantines scolaires, de peur
de récupérer des aliments provenant de zones contaminées.
- 17h, le gouvernement français annonce le départ
d'Anne Lauvergeon de la direction d'Areva, au 30 juin 2011. Elle sera
remplacée par Luc Oursel, actuel n°2. Comme d'autres retraités du
nucléaire, elle va pouvoir maintenant aller se sacrifier sur le chantier
de Fukushima, elle qui aime tant défendre le nucléaire.
- 20h, invité pour enregistrer une émission pour Capital qui
devait être diffusé le 19 juin, Eric Besson a refusé de dialoguer avec le
journaliste Guy Lagache après que celui-ci lui ait proposé d'entendre le
témoignage d'un sous-traitant sur les failles de la sûreté dans les
installations nucléaires. Eric Besson s'est levé, à arraché son micro et
est parti en disant "Je vous laisse, je me casse, fais chier". Encore
un journaliste qui ne sera plus invité aux conférences de presse du
Ministre !
- 23h, selon Associated Press, agence de presse
des Etats-Unis, le site de Fukushima contient 4277 tonnes de combustibles.
Par comparaison, il y en avait 30 tonnes à Three Mile Island et 180 tonnes
à Tchernobyl. Le risque de pollution en cas d'amplification de l'accident
— ce que l'on ne peut toujours pas exclure — est donc bien supérieur aux
deux précédents accidents.
17 juin
- 0h, disposant d'une cartographie plus précise, le
gouvernement annonce qu'il va procéder à l'évacuation de personnes se
trouvant au-delà des 20 km déjà évacuées et vivant dans des taches de
contamination importantes (la contamination varie surtout en fonction des
pluies). Les évacuations vont donc se poursuivre au cas par cas. Le
gouvernement semble estimer que la carte de contamination actuelle
n'évoluera pas… alors que la radioactivité continue de s'échapper des
trois réacteurs 1,2 et 3 de Fukushima. The Wall Street journal signale qu'une zone d'évacuation
est prévue dans la préfecture de Kanagawa… dans la banlieue de Tokyo, à
plus de 200 km de Fukushima.
- 0h, des médecins d'Iitate (ville en grande partie
évacuée dans la préfecture de Fukushima), rendent public une circulaire
gouvernementale indiquant que les médecins ne doivent faire des mesures
d'irradiation qu'à la demande des autorités et des sociétés autorisées et
doivent refuser les demandes provenant des personnes ou des associations.
Officiellement, il s'agit d'éviter d'avoir trop de travail.
Officieusement, on peut imaginer que le gouvernement ne souhaite pas voir
publier trop d'informations sur le sujet. Cette circulaire n'a sans doute
aucun rapport avec les données publiées ce même jour par la mairie
d'Iitate : les mesures indiquent des taux de contamination trois fois plus
élevés que ce qu'annonce le gouvernement.
- 0h, les syndicats agricoles dénoncent l'insuffisance
des contrôles alimentaires. Selon eux, le gouvernement ne peut pas
contrôler plus de 0,1 % de la nourriture qui circule dans le pays. Il y a
donc 99,9 % de malchance que des lots contaminés échappent aux contrôles !
- 8h, selon des informations provenant des enquêtes de
l'AIEA, une partie de l'accident de Fukushima provient de défauts dans la
conception du réacteur. Ce réacteur produit aux Etats-Unis, équipe de
nombreuses centrales dans ce dernier pays.
- 8h, le gouvernement japonais donne les résultats
d'une enquête réalisée auprès des 47 gouverneurs de préfectures sur la
question de la sortie du nucléaire. 11 se prononcent pour la fermeture des
réacteurs nucléaires aussi vite que possible, 1 pour ralentir l'activité
des réacteurs existants, 4 pour le maintient des centrales existantes en
activité, 31 ne se prononcent pas sur cette question. Interrogés sur la
poursuite de la construction de nouveaux réacteurs, les 47 se prononcent
contre.
- 8h, Christopher Busby, spécialiste des faibles
doses, expert auprès du ministère de la Défense britannique publie une
étude sur les conséquences probables sur la santé des populations autour
du site de Fukushima. Il s'appuie sur le modèles mis au point au niveau
européen à partir des expériences de Hiroshima, Nagasaki et Tchernobyl. En
prenant l'hypothèse que 3 millions de personnes vivent encore dans un
rayon de moins de 100 km autour de Fukushima et y resteront pendant au
moins un an, avec les connaissances de pollution radioactive que l'on a,
100 000 devraient commencer un cancer dans les dix ans et 100 000 autres
plus tard. Ce nombre de cancers peut encore beaucoup varier : en mieux, si
les populations sont évacuées plus vite ; en pire, si la pollution
continue à augmenter ou si la contamination alimentaire est mal contrôlée
comme c'est actuellement le cas.
- 12h, la télévision japonaise NHK reprend un appel de
médecins qui demandent au gouvernement ce qui peut faire admettre que les
travailleurs du nucléaire ont maintenant le droit de prendre des doses de
250 millisieverts par an au lieu de 2,5 avant l'accident. Ils s'inquiètent
aussi du fait qu'en trois mois, certains travailleurs ont déjà dépassés
ces 250 millisieverts… et que plusieurs centaines ont déjà dépassé les
100. Ils mettent également en doute la valeur des contrôles effectués par
TEPCO et demandent un contrôle fait par un organisme indépendant.
- 12h, TEPCO et Areva annoncent la mise en place d'un
équipement pour décontaminer l'eau stockée dans les réacteurs. Cinq heures
plus tard, le procédé est arrêté. Selon TEPCO, des éléments de la machine
utilisée dégagent déjà trop de radioactivité ! Le niveau atteint est celui
qui aurait dû être atteint après un mois de fonctionnement : cela semble
signifier que l'on a une eau 140 fois plus radioactive que prévue ! Une
fois de plus, on construit n'importe quoi, on communique… et ça ne marche
pas ! TEPCO annonce que s'il n'est pas possible d'utiliser ce procédé, il
ne voit pas d'autres solutions que de rejeter l'eau à la mer ! Le volume
d'eau actuel représente le volume de 40 piscines olympiques. N'y a-t-il
pas encore quelques pro nucléaires au Japon qui seraient prêts à en
stocker chez eux ?
- 17h, Le Parisien annonce que 162 kilos de thé vert en provenance
du Japon, arrivés à Roissy, ont été mesurés avec un taux de radioactivité
de 1038 bq/kg de césium… soit plus de deux fois la limite autorisée. Le
plus grave est que ce thé a été récolté dans une province à 200 km au sud
de Tokyo… Fukushima étant à 200 km au nord de Tokyo, cela indique que la
contamination alimentaire s'étale déjà sur plus de 400 km vers le sud…
alors que les vents dominants vont dans l'autre sens ! Cela signifie que
les 35 millions d'habitants de la capitale vivent en permanence dans une
zone maintenant hautement contaminée.
- 20h, Le Point révèle qu'Eric Besson, pour le gouvernement
français est intervenu auprès de la Commission européenne pour demander
s'il ne serait pas possible de trouver un biais juridique pour bloquer la
décision allemande de sortie du nucléaire. Prétexte trouvé par le ministre
: l'arrêt des réacteurs allemands risque de provoquer une pénurie
d'électricité en Europe.
18 juin
- 0h, le gouvernement japonais annonce le lancement de
l'évacuation de quatre nouvelles communes trop irradiées. Ces communes
sont situées entre 33 et 55 km des réacteurs.
- 7h, dans Le Figaro, Jacques Repissard,
directeur général de l'IRSN appelle à un développement d'une nouvelle
génération de réacteurs nucléaires qui permettrait enfin à la filière
d'arriver à maturité. Sachant que l'EPR actuellement difficilement en
construction a été étudié dans les années 1980 et qu'il produira
(peut-être) un kWh déjà bien plus cher que celui fournit par les centrales
thermiques au gaz ou les éoliennes ; dans combien de temps pourraient
naître une nouvelle génération de réacteurs ? 30 ans ? Et à quel prix ?
Mieux vaut investir dans ce qui coûte le moins cher et qui pollue le moins
: les économies d'énergie.
- 12h30, nouveau séisme au Japon de magnitude 5.9 à 110
km à l'est de Fukushima.
- 13h, sur Europe 1, Corinne Lepage, ancienne
ministre de l'environnement, revient sur la sortie d'Eric Besson pendant
le tournage de l'émission Capital : «De la part du ministre
qui a l’autorité de tutelle sur la sûreté nucléaire, c’est quand même
extrêmement inquiétant. S’il refuse de s’expliquer et de répondre à des
questions simples et assez banales sur les failles éventuelles de la
sécurité (…) cela veut dire soit qu’il ne sait pas répondre et donc qu’il
est incompétent, ce qui est embêtant à son poste, soit qu’il ne peut pas
répondre car il ne sait pas comment dire les choses et dans les deux cas
c’est très mauvais».
- 13h, à Toulouse, se déroule un procès du nucléaire. A
cette occasion, des représentants du Réseau sortir du nucléaire lancent un
appel à sortir du nucléaire. Cet appel rappelle que la très grande
majorité de la population mondiale souhaite vivre sans nucléaire.
- 15h, à Colmar, le collectif des jeûneurs lance un
appel pour l'arrêt de Fessenheim et la sortie du nucléaire. 124 personnes
se sont déjà relayées pour un total de 600 jours de jeûnes. Intervention
d'une élue allemande venue de Fribourg qui alerte sur le risque que la
sortie du nucléaire en Allemagne ne soit pas encore définitive : la seule
solution sûre, c'est la baisse de la consommation électrique (…) Les
énergies renouvelables n'ont de sens que dans cette perspective-là".
- 22h, deux nouveaux travailleurs du site présentent
une trop grande exposition à la radioactivité (678 et 643 millisieverts,
alors que la nouvelle limite est de 250). Ces deux personnes portent des
lunettes. Il semble que le port de lunettes sous les masques des tenues de
protection augmente le passage des particules radioactives.
19 juin
- 1h, des collectifs japonais indépendants, avec
l'aide d'universitaires, publient une carte des contaminations qu'ils ont
réalisées à partir de 6300 mesures indépendantes. La carte montre bien une
forte contamination dans la direction nord-est comme sur les cartes
officielles, mais aussi une contamination dans la direction sud-est qui
est largement minorée sur les cartes officielles. Or cette deuxième
direction est celle de Tokyo. Les mesures montrent des points de
contamination importants jusque dans les quartiers nord de Tokyo. Dans ces
quartiers, on a des rayonnements qui correspondent à une exposition dix
fois supérieures aux limites fixées par la loi… avant l'accident (1 mSv).
L'université de Tokyo a immédiatement réagi pour contester les résultats
de ses propres scientifiques !
- 3h, cent jours après l'accident de Fukushima, un
nouveau sondage réalisé pour le Tokyo
Shimbun, indique que 82 % des Japonais sont pour l'abandon de
l'énergie nucléaire, 9 % pour l'arrêt immédiat de tous les réacteurs.
- 8h, polémique entre spécialistes sur le devenir de
l'eau radioactive. Areva annonce qu'il lui faut revoir ses plans et que
cela prendra au moins une semaine. Pendant ce temps, l'eau risque de
déborder. A part continuer à mettre des cuves sur le site, il n'y a pas de
solution !
- 18h, l'AFP présente le premier rapport de l'AIEA sur
l'accident. L'agence de promotion du nucléaire civil critique le fait que
le gouvernement japonais n'ait pas fait suffisamment vite appel à l'aide
étrangère. Sur le reste, rien de nouveau.
20 juin
- 12h, TEPCO n'arrivant pas à intervenir dans le
réacteur n°2, la compagnie annonce son intention de procéder à une
"ventilation" du réacteur. Dit autrement : elle envisage de
créer un nouveau nuage radioactif… sans doute pour éviter encore pire !
- 12h, le ministère de l'environnement japonais
envisagerait d'incinérer certains déchets du tsunami contaminés par le
nuage radioactif de Fukushima… au risque de relâcher une nouvelle fois la
radioactivité. Argument : il s'agirait de déchets contenant moins de 8000
bq/kg de radioactivité donc peu radioactif. Mais quand on brûle des
produits radioactifs, la fumée devient radioactive ! La seule méthode
correcte est de noyer les déchets dans des blocs de bétons… que l'on
surveillera pendant des centaines ou des milliers d'années selon les
radionucléides présents. Bien sûr, cela coûte plus cher !
- 12h, le gouvernement signale que trois nouveaux
ouvriers ont dépassé les doses autorisés et que TEPCA vient d'annoncer que
les doses reçues par 125 ouvriers présents sur le site en mars ne sont pas
connus, soit parce que les dosimètres n'ont pas fonctionné, soit parce
qu'ils n'en ont pas porté tout le temps. La catastrophe sanitaire est en
route…
- 15h, Alex, Français résidant au Japon, mettait depuis
plusieurs jours des petites vidéos pour montrer des mesures de
radioactivité sur YouTube. Alors que la dernière a été vue par plus de 68
000 personnes, les vidéos ont disparus du site. Interrogé YouTube dit que
c'est l'utilisateur qui a supprimé son compte. Alex conteste cela en
publiant une vidéo sur DailyMotion ! Comme quoi la censure essaie aussi de
s'exercer sur internet.
- 23h, pose de la première pierre en Californie d'une
future centrale solaire à Blythe. Ce sera la plus grande au monde. Elle
permettra de fournir de l'électricité à 500 000 personnes. Le gouvernement
des Etats-Unis a annoncé à cette occasion que 24,5 milliards d'euros ont
été investi dans les énergies renouvelables en 2010 et que la tendance est
en forte hausse pour 2011. Les investissements dans le nucléaire sont au
niveau zéro : aucun nouveau chantier de réacteur n'a été mis en route
depuis… 1973 !
21 juin
- 3h, à Berne, la police a interpellé de nuit les 26
personnes qui campaient devant le siège des Forces Motrices Bernoises
depuis plus de deux mois. Ce camp, lancé après l'accident de Fukushima,
demande l'arrêt de la centrale de Mülheberg. Différents mouvements
antinucléaires et écologistes ont réagi en conseillant au gouvernement de
s'occuper plutôt de nettoyer les dégâts du nucléaire, plutôt que les camps
antinucléaires.
- 14h, la préfecture de Kawaguchi, dans la préfecture
de Saitama, dans la banlieue de Tokyo, a décidé d'avoir ses propres normes
de radioactivité. Alors que le gouvernement japonais a fixé un seuil de
tolérance à 20 mSv par an, les autorités de la ville ont fixé la norme à
1,64 mSv. Ce seuil a été calculé ainsi : 0,30 mSv pour le rayonnement
cosmique, 0,34 mSv pour la radioactivité naturelle, 1 mSv pour la
radioactivité artificielle provenant de l'accident. La commune a annoncé
qu'elle allait démarrer en juillet ses propres mesures et que si les doses
horaires (0,31 µSv) sont dépassées, elle prendrait des mesures de
confinement pour les personnes. Selon les premières mesures, on en serait
pour le moment à 0,16 µSv/heure, mais ce taux augmente du fait de la
poursuite des émanations en provenance de Fukushima.
- 15h, Conférence de presse de l'AIEA : ces très
sérieux experts annoncent qu'ils vont vérifier l'ensemble du parc nucléaire.
Ils précisent qu'ils estiment pouvoir en contrôler une sur dix dans les
trois ans… ce qui signifie qu'il faudra donc 30 ans pour toutes les
contrôler ! Combien auront explosé d'ici là ?
- 18h, Anne Lauvergeon, directrice sortante d'Areva
annonce renoncer à ses indemnités légales soit 1,8 millions d'euros. Elle
gagnait 1,07 million par an.
- 19h, Sciences & Avenir publie sur son site les résultats d'analyses du
professeur Masayoshi Yamamoto, de l’université de Kanasawa : le plutonium
trouvé à proximité de la centrale vient bien d'un des réacteurs (pas
forcément de celui qui a du MOX) et non pas des restes de la bombe de
Nagasaki en 1945. Selon l'universitaire, cette pollution, faible, est très
gênante car durable. Toutefois, le plutonium, molécule lourde, ne devrait
pas avoir dépassé 20 à 30 km autour du site.
22 juin
- 8h, TEPCO annonce qu'il cherche à louer de nouvelles
citernes pour stocker l'eau radioactive. L'usine d'Areva ne semble pas en
mesure de résoudre significativement le problème et l'idée de rejeter
l'eau en mer a été interdite par le gouvernement. Selon TEPCO, l'usine
d'Areva qui devait diviser la radioactivité s'avère 25 moins efficace
qu'annoncée.
- 8h, TEPCO annonce avoir essayé de diminuer les
injections d'eau dans le réacteur n°3, mais que la température est
immédiatement repartie à la hausse. Ce réacteur nécessite 1 tonne d'eau
par heure pour son refroidissement, le double que pour les réacteurs 1 et
2. La cause au combustible MOX ? De même TEPCO annonce avoir mesuré des
taux de radioactivité record (430 mSv/heure) à proximité du réacteur n°2.
- 8h, une photo mise en ligne sur internet présente un
compteur lors d'une mesure à Fukushima-ville (60 km de la centrale) : on
est à un taux 750 fois supérieur aux limites autorisées. Le gouvernement
japonais conteste l'authenticité de cette photo.
- 10h, selon l'association norvégienne Bellona, un rapport a été remis le 9 juin dernier à la
présidence russe par Rosatom, agence russe nucléaire. Il s'agit d'une série
de vérifications faites sur le parc nucléaire russe après l'accident de
Fukushima. Rosatom révèle de nombreux problèmes. Le plus grave : il n'est
pas sûr que les 32 réacteurs nucléaires russes en activité s'arrêtent en
cas de séisme important. Certains réacteurs ne sont plus horizontaux : le
socle penche. Les réacteurs sont vieillissants. Certains circuits de
secours, notamment au niveau des circuits de refroidissement, se sont
avérés déficients. Des problèmes d'hydrogène pourraient provoquer une amorce
d'accident, certaines soudures n'étant plus étanches. Enfin, le personnel
n'est pas formé pour réagir en cas d'accident. Rosatom indique que nombre
de normes internationales ne sont pas respectées et que ces manquements
n'ont pas été signalés jusqu'à maintenant au niveau international.
- 11h, selon La Tribune.fr, TEPCO aurait fait encore
une perte de 1 milliard d'euros rien que pour le mois de mai 2011 qui
s'ajoute au 10,9 milliards d'euros annoncés pour l'année précédente. Un
milliard d'euros par mois, ce pourrait être le coût de l'accident (à
comparer avec le prix de la construction d'un réacteur : 5 milliards). Ce
déficit ne couvre que les activités sur la centrale. Il faut y ajouter 765
millions d'euros pour l'aide psychologiques aux populations évacuées.
- 17h, Challenges publie les résultats d'un sondage réalisé auprès
de 19000 personnes de 24 pays industrialisés. Globalement, 62 % des sondés
sont contre le nucléaire. Seuls pays majoritairement pour : l'Inde, la
Pologne et les Etats-Unis. Globalement, à la question de savoir ce qu'il
faut utiliser comme énergie, arrive en premier le solaire puis l'éolien,
puis l'hydraulique, puis le gaz naturel, puis le charbon… et en dernier
choix le nucléaire. Selon l'institut de sondage, c'est la première fois
que le nucléaire passe derrière les solutions thermiques (gaz et charbon).
- 17h, l'association internationale pour la protection
contre les rayonnements ionisants estime que les relâchements de
radioactivité pourraient atteindre 621 millions de curies (23 millions de
TeraBecquerels) pour l'ensemble des trois réacteurs accidentés. Cela
ferait 25 fois les émissions de Tchernobyl. Ces chiffres affolants
s'appuient sur un rapport britannique publié ce jour par The Gardian qui
annonce que 684 kg de césium-137 ont été envoyés dans l'atmosphère (contre
26 kg pour Tchernobyl et 350 kg pour l'ensemble des essais atomiques
aériens).
23 juin
- 0h, la saison des pluies commencent sur Fukushima.
Pour éviter que le ruissellement de la pluie n'entraîne trop de
radioactivité à la mer, différentes mesures ont été prises : collecte des
déchets projetés par l'explosion, résines sur les poussières, bâches
au-dessus des réacteurs… Mais globalement, TEPCO estime que cela ne
suffira pas et qu'il faut s'attendre à une nouvelle pollution maritime.
- 7h, Le Figaro annonce que l'ASN va donner son feu vert pour
une prolongation de dix ans du réacteur n°1 de Fessenheim. La rapport
rappelle pourtant que Fessenheim a été construit sur une dalle en béton de
seulement 1 m d'épaisseur (contre 3 à 4 m à Fukushima) et qu'en cas de
fusion du cœur, celui-ci pourrait rapidement passer à travers et toucher
alors la nappe phréatique du Rhin située juste en dessous. Le renforcement
de cette dalle pourrait coûter 100 millions d'euros. L'ASN précise
toutefois que le résultat des "stress-tests" pourrait remettre
cette autorisation en cause.
- 9h, Associated press publie
une enquête portant sur 48 des 65 sites nucléaires du pays (104 réacteurs)
: trois quart des réacteurs ont eu des fuites radioactives plus ou moins
graves dans leur existence, plusieurs nappes phréatiques ont été
contaminées. Le pire est à venir : les fuites sont difficiles à détecter
et les réacteurs ont tous plus de 30 ans.
- 10h, à l'invitation d'Yves Cochet, le Réseau Sortir
du nucléaire, Agir pour l'environnement, le Réseau Action-Climat ont
organisé un colloque à Paris "Nucléaire, le droit de choisir".
Bien que cela se passe dans l'Assemblée nationale, outre Yves cochet
(EELV), seuls deux parlementaires sont présentes : Martine Billard (Parti
de Gauche) et Laurence Rossignol (PS). Trois députés européens participent
au débat : Michèle Rivasi (EELV), Corinne Lepage (Cap 21) et Jean-Luc
Benhamias (Modem). Il y a 200 personnes… essentiellement des militants écologistes
et quelques élus EELV régionaux. Michèle Rivasi, de retour d'une semaine
au Japon, témoigne du sentiment de colère dans la zone d'évacuation
volontaire (entre 20 et 60 km de Fukushima) et comment les gens ne
commencent qu'à comprendre maintenant que leur départ est définitif.
- 12h, débat au parlement européen sur une directive
portant sur la gestion des déchets nucléaires. Celle-ci envisage la
possibilité d'exporter les déchets en-dehors de l'Union européenne. Cette
disposition est rejetée… mais par seulement une dizaine de voix ! Par
contre est adoptée la possibilité pour les pays de stocker leurs déchets
dans un autre pays de l'Union européenne. Bientôt nos déchets en Roumanie
?
24 juin
- 0h, The Japan Times rapporte que le gouvernement japonais essaie de
mettre en place un budget pour financer le suivi de santé des personnes
exposées aux radiations. Le budget prévoit de suivre 2 millions de
personnes ! Donc bien plus que les 100 000 personnes évacuées à ce jour.
Et c'est sans doute minoré pour ne pas affoler les Japonais !
- 0h, Selon Mainichi Japan, le Ministère de
l'environnement japonais a testé 135 plages de onze préfectures et a
autorisé à se baigner sur toutes les plages sauf une : la plage
d' Iwaki dans la préfecture de Fukushima. Le taux pris en compte pour
l'interdiction de ces plages est plus bas que dans la nourriture… le
gouvernement se justifie en faisant constater qu'il est plus facile de
renoncer à se baigner qu'à boire ou manger.
- 0h, selon le même quotidien, le gouvernement vient
d'accorder un prêt de 2000 milliards de yens (19 milliards d'euros) à
TEPCO pour éviter que celui-ci ne se retrouve en faillite.
- 1h, ouverture d'un procès à Tokyo suite à la plainte
d'une personne évacuée qui demande au tribunal de vérifier la légalité de
l'exploitation de la centrale nucléaire de Fukushima 1.
- 7h, un avion s'écrase sur le réacteur nucléaire n°2
de Fukushima ! Heureusement, il ne s'agit qu'un drône de 7,7 kg utilisé
pour mesurer la radioactivité au-dessus du site.
- 12h, la télévision japonaise NHK présente
une simulation réalisée par le ministère des sciences. Il s'agit de la
dispersion de la radioactivité en mer. Selon cette simulation, en mars
2012, le césium-137 serait détectable dans les eaux de mer à 4000 km de
Fukushima avec un taux de radioactivité non négligeable. En 2014, il
atteindrait les îles d'Hawaï, mais à des doses très faibles. En 2016, le
césium toucherait les côtes du Canada et des Etats-Unis à des niveaux
encore plus faibles. L'étude ne dit rien sur la concentration qui va
ensuite se produire le long des chaînes alimentaires. Autant dire que la
pêche dans l'Océan Pacifique est fortement compromise pour les années à
venir.
- 14h, après 24 tentatives (et le suicide du chef de
service en janvier 2011), les opérateurs du surgénérateur de Monju (côte
ouest du Japon) ont réussi à récupérer une grue de 3 tonnes qui s'est
effondrée sur le couvercle du réacteur en août 2010. La chute d'une barre
de combustible au plutonium limite les possibilités d'intervention humaine
dans le réacteur du fait de la pollution radioactive. Comme Superphénix en
France, ce réacteur n'a pratiquement jamais réussi à fonctionner !
- 18h, l'ASN, autorité de sûreté nucléaire annonce
qu'en 2010, 112 accidents du travail ont eu lieu sur le chantier de l'EPR
à Flamanville dont 36 n'ont pas fait l'objet d'une déclaration au registre
des accidents du travail. L'ASN accuse le groupe Bouygues d'être à
l'origine de la plupart de ces "oublis". Elle dénonce également
un "délit d'obstacle aux missions de l'inspecteur du travail".
Les syndicats dénoncent les pressions de Bouygues sur les salariés.
- 19h, Peter Hufschmied, président de l'Inspection de
la sûreté nucléaire en Suisse, présente sa démission après que les médias
aient révélé des liens financiers avec les Forces motrices bernoises,
propriétaire de la centrale de Mühleberg. Il était membre du conseil
d'administration d'une société d'importation de caviar et de plantes
exotiques, société sponsorisée par FMB et membre d'une société d'énergie
solaire Sol-E Suisse, dont le capital est à 100 % à la FMB.
25 juin
- 0h, selon China Daily, le gouvernement
chinois annonce que le processus d'approbation des nouveaux projets de
réacteurs nucléaires ne reprendra pas au mieux avant mi-2012, au pire
mi-2013, le temps de redéfinir les conditions de sûreté pour les prochains
réacteurs, mais qu'il n'envisage pas de remettre en cause son programme
nucléaire.
- 8h, selon les médias américains, de la radioactivité
a été mesurée dans l'eau de pluie qui tombe actuellement sur Hawaï.
- 10h, le ministère de l'éducation et des sciences du
Japon donne les résultats d'analyses des sédiments revelés en mer à 3 km
di site de Fukushima. On y trouve malheureusement du strontium-89 et -90
et encore pire : du plutonium.
- 10h, selon Rtb.fr, la réunion des quatre
ministres belges concernés par l'énergie n'a pas débouché sur des
certitudes concernant le nucléaire : la Belgique vise les 100 %
renouvelables d'ici 2050, mais ne se prononce pas sur la part du nucléaire
dans ce processus. toutefois la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire ne
sera pas remise en cause.
- 18h, Médiapart publie des photos transmises par des
syndicalistes de la centrale de Penly. Photos représentant une fuite de
vapeur radioactive dans un circuit primaire en janvier 2010. On y voit des
tuyaux rouillés, un jet de vapeur au niveau d'une soudure, des mousses (ou
des dépôts calcaires ?) bref, on se croirait dans une ruine… mais non
c'est bien une centrale nucléaire française.
- 18h, congrès des Verts allemands : la majorité se prononce
pour accepter la sortie du nucléaire en 2022 alors qu'une motion demandait
de continuer à revendiquer une sortie plus rapide (2017).
26 juin
- 2h, la presse japonaise indique que le directeur de
TEPCO a touché une prime de départ de 5 millions d'euros.
- 11h, manifestation des parents d'enfants à
Fukushima-ville… sous une pluie battante (et sûrement radioactive).
Ceux-ci demandent la sortie du nucléaire, mais aussi plus précisément que
l'on enlève la couche superficielle de la terre partout où cela est
possible pour décontaminer au maximum, en commençant par les cours
d'école. La mairie de la ville a révélé que la limite légale est frôlée ou
dépassée pour 182 mesures faites dans la ville. Celle-ci est à 60 km des
réacteurs nucléaires.
- 12h, TEPCO annonce qu'une nouvelle technique de
traitement des eaux doit être testée la semaine prochaine. Pour le moment,
l'installation d'Areva n'a permis de traiter que 500 tonnes d'eau, soit
moins que ce qui est utilisé en une journée pour refroidir les réacteurs.
Faute de solution, TEPCO annonce utiliser maintenant l'eau radioactive
pour une nouvelle aspersion sur les réacteurs.
- 16h, après un pique-nique géant, 7000 à 8000
personnes ont fait une chaîne humaine de plus de 5 km autour de la
centrale de Fessenheim… et des gendarmes. Les manifestants étaient
majoritairement allemands, mais aussi français et suisses. Ils
protestaient contre la décision de l'ASN de vouloir autoriser la centrale
à fonctionner dix ans de plus. La ministre de l’environnement Nathalie
Kosciusko-Morizet a annoncé que le gouvernement ne prendrait pas de
décision avant les résultats des tests de résistance (traduire : avant les
élections ?).
- 18h, invité par l'Unesco à Paris, Takuya Tasso,
gouverneur de la préfecture japonaise d'Iwate, au nord de Fukushima, a
estimé que pour le moment aucune radioactivité inquiétante n'a été relevée
sur son territoire, mais que "le Japon devra renoncer au nucléaire et
se tourner vers les énergies renouvelables" même si cela demandera du
temps.
- 20h, la Communauté urbaine de Bordeaux vote un vœu
demandant la fermeture progressive et le démantèlement de la centrale du
Blayais, estimant que cette centrale, en cas d'accident, pourrait
contaminer l'agglomération. Le vœu a été adopté par les groupes socialiste
et écologiste. Communistes et UMP-Modem n'ont pas pris part au vote.
27 juin
- 0h, selon plusieurs médias japonais, le gouvernement
doit adopter aujourd'hui le montant de son aide aux pays en voie de
développement. Des fuites venant des ministères indiquent que le Japon, en
crise économique grave, proposerait de donner de la nourriture invendue à
ceux qui ont faim… nourriture invendue car radioactive ou suspectée de
l'être (seule 1 % de la nourriture est contrôlée). Mieux vaudrait manger
radioactif que pas du tout !
- 1h, Le Japon Times rapporte que de la radioactivité a été mesurée
dans l'urine de 15 habitants de Fukushima, des personnes habitant entre 30
et 40 km de la centrale. Les échantillons contiennent 3 mSv… soit autant
que ce qu'une personne reçoit normalement en un an. Preuve que ces
personnes sont soumises à une importante contamination soit par l'air soit
par la nourriture.
- 4h, selon Associated press, malgré le risque de
manque d'électricité, un sondage indique que 70 % des Japonais sont pour
maintenir à l'arrêt les 35 réacteurs arrêtés (sur 54) depuis le 11 mars
2011. 21 % demandent l'arrêt immédiat des 19 encore en route, 47 % sont
pour l'arrêt progressif de ces derniers réacteurs.
- 7h, selon Sankei Shinbun, des taux importants de
radioactivité sont actuellement mesurés dans les cendres des incinérateurs
de la région de Tokyo : 9740 bq/kg en césium pour l'incinérateur
d'Edogawa-ku, à l'est de la capitale. Les analyses dans les autres
incinérateurs donnent : Katsushika: 6610 bq/kg ; Ota: 6030 bq/kg ; Koto:
4850 bq/kg ; Meguro: 4180 bq/kg.
- 8h, Après que Bouygues ait annoncé une rupture de
contrat avec le sous-traitant Atlanco, la CGT dénonce le licenciement des
70 travailleurs polonais de cette entreprise en grève sur le chantier de
l'EPR. La CGT annonce saisir les Prud'hommes pour protéger ces salariés.
Les syndicats dénoncent aussi une désorganisation du chantier, lequel
accuse déjà un retard de plus de trois ans.
- 8h, le gouvernement français annonce la construction
d'une centrale près de Brest d'ici 2015. Pas de réaction des
antinucléaires. Et pour cause, il s'agira d'une centrale au gaz à
cogénération (électricité + chaleur) de 450 MW qui fournira un kWh a un
prix bien plus bas que les absurdes réacteurs EPR.
- 11h, Sarkozy annonce que le gouvernement débloque un
milliard pour renforcer la recherche sur "le nucléaire du
futur", à savoir le retour à la surgénération, toujours promut par le
CEA. il se justifie en disant qu'autant est consacré aux énergies
renouvelables et à la production décarbonnée… mais sans entrer dans les
détails. Par exemple : la voiture électrique est financée comme
"énergie décarbonée", aidant indirectement le nucléaire.
- 12h, le gouvernement japonais s'enrichit d'un nouveau
ministre chargé de suivre la catastrophe nucléaire. On entre dans la
durée…
- 19h, nouvel essai de décontamination de l'eau et
nouvel échec. Après avoir fonctionné 5 h lors du premier essai. Ce
coup-ci, l'installation est tombée en panne au bout d'une heure et demie.
Entre les différents essais, nous en sommes à 1850 tonnes d'eau passée
dans l'usine. Eau qui a pu ensuite être réutilisée. Sachant qu'il faut
2000 tonnes par jour, le problème n'a guère évolué.
28 juin
- 8h, lors de l'assemblée générale de TEPCO, pour la première
fois une motion demandant l'abandon du nucléaire a été proposée par 402
actionnaires. Cette motion n'a pas obtenu la majorité… mais une autre
motion a été adoptée qui prévoit que les investissements futurs se feront
prioritairement dans les centrales au gaz (importé d'Australie) et enfin
une motion a également adopté le fait que TEPCO cesse ces activités
nucléaires en-dehors du pays (il y avait un accord avec une compagnie au
Viet-Nam). Alors qu'il y a 933 000 actionnaires, 9000 étaient présents à cette
assemblée générale, un record. La valeur en bourse des actions de TEPCO a
baissé de 85 % depuis l'accident, le dépôt de bilan n'est pas exclu.
Certains actionnaires ont demandé aux dirigeants de se faire hara-kiri si
ils ont encore un peu d'honneur. A l'extérieur, les organisations
agricoles ont manifesté : les agriculteurs brandissaient des légumes
interdits à la vente. Lors des assemblées des autres compagnies
d'électricité, des motions ont été également déposée pour demander une
sortie du nucléaire. Elles ont toutes été rejetées… mais la suite du
nucléaire dans le pays parait compromise.
- 8h, l'Agence de sûreté nucléaire japonaise annonce
que 15 tonnes d'eau radioactive ont débordé des réacteurs : les sous-sols
sont pleins.
- 8h, Il Fatto quotidien italien rapporte des informations
parues dans Tokyo Shimbundu 16 juin : les
médecins constateraient une augmentation des fatigues, diarrhée et
saignements de nez chez les enfants dans la ville de Koiyama, ville de 350
000 habitants, à 50 km des réacteurs accidentés. Les médecins ont demandé
des analyses de sang pour détecter une éventuelle baisse des globules
blancs, premier signe d'atteinte radiologique.
- 8h, un sondage réalisé en Australie auprès de 14 000
personnes indique que 86 % souhaitent un avenir énergétique uniquement
dépendant des énergies renouvelables.
- 10h, Japon Times online estime que l'ensemble des actifs accumulés par
TEPCO depuis le lancement du programme nucléaire dans les années 1970 ne
suffira pas à couvrir les frais de la catastrophe actuelle.
- 10h, une étude publiée par le Conseil pour les
ressources naturelles de l'énergie (service officiel du Japon) admet que
les chiffres pris en compte pour le calcul du prix du kWh nucléaire ont
été minorés et qu'il est en fait légèrement supérieur au prix du kWh
thermique ou hydraulique.
- 15h, le Conseil général du Haut-Rhin demande à EDF de
faire en sorte que le réacteur de Fessenheim soit à l'abri d'une
inondation. La centrale est en effet construite plus bas que le canal qui
l'alimente, lequel est en aval d'un barrage sur le Rhin qui pourrait céder
à l'occasion d'un séisme ou d'un attentat. EDF répond alors par la
négative. Colère de Michel Habig, président de la CLIS, Commission locale
d'information sur la sûreté : "nous sommes ici pour imaginer
l'improbable" et donc EDF doit prendre ce scénario en considération.
Le président de la région de Fribourg, côté allemand, a fait savoir qu'il
appuyait la démarche du Conseil général.
- 17h, Aux Etats-Unis, le gouverneur de l'Etat de New
York a annoncé à Entergy, l'exploitant de la centrale nucléaire d'Indian
Point, que les autorisations de prélèvements d'eau de l'Hudson ne serait
pas renouvelées en 2013 et que la centrale devra fermer. Cette centrale
avait été visée par les attentats du 11 septembre 2001.
29 juin
- 8h, The Telegraph annonce qu'une fuite d'eau dans le réacteur n°2
de Fukushima laisse sortir de l'eau avec un taux de contamination d'1
Siviert par heure (100 000 fois les limites autorisées, un niveau qui
n'avait été observé que les premiers jours de l'accident). Cette eau coule
actuellement dans un bassin de rétention située à 50 m de la mer. Selon le
porte-parole de TEPCO, pour atteindre un tel niveau de radioactivité, il
faut que l'eau soit chargée de particules radioactives de grosse taille.
Cela semble indiquer que le corium (cœur fondu) du réacteur serait
maintenant directement au contact de l'eau… donc que l'enceinte de
confinement est en train de s'ouvrir.
- 8h, les Forces motrices bernoises, FMB, annonce
l'arrêt de la centrale suisse de Mühleberg, avec cinq semaines d'avance
sur le calendrier de maintenance. Il s'agit d'y engager des travaux
importants pour améliorer la prise d'eau et éviter un blocage du
refroidissement en cas de crue. Les travaux sont estimés à 20 millions de
FS (16 millions d'euros).
- 9h, le parlement européen annonce la visite d'une
délégation sur le chantier de l'EPR à Flamanville pour vérifier les
conditions de travail et de logement des ouvriers suite à la publication
du rapport de l'ASN qui pose des questions sur le recours à une
sous-traitance maltraitée.
- 10h, polémique à Tokyo. Des associations qui font des
mesures au niveau du sol trouvent des taux de radioactivité bien plus
importants que les taux officiels. Pourquoi ? Après recherche, il s'avère
que les chiffres officiels sont pris à une hauteur de 18 m. La
radioactivité étant fixé au sol, évidemment, cela ne donne pas les même
chiffres. Selon l'organisation internationale Next-up, les
taux relevés au niveau du sol sont jusqu'à 100 fois plus élevés. Au lieu
des 0,5 mSv par an annoncé par les autorités, on serait plutôt autour de
50 mSv par an… alors que l'évacuation concerne actuellement les zones
dépassant 20 mSv par an. Si ces mesures sont confirmées, il faudrait donc
évacuer au-delà de Tokyo soit plus de 50 millions de personnes.
- 14h, depuis plusieurs jours un feu de forêt encercle
le centre de recherche atomique de Los Alamos, au Nouveau Mexique (USA).
Or ce centre est l'un des principaux sites de stockage des déchets
radioactifs (30 000 fûts dont certains riches en plutonium). Alors que les
habitants des villes voisines ont été évacués par précaution, des salariés
sont restés sur le centre pour contrôler ce qui se passe. Si le feu n'a
pas atteint le centre, le risque est que la chaleur provoque une réaction nucléaire.
Depuis deux jours un avion du Ministère de l'environnement fait des
mesures atmosphériques pour détecter un éventuel nuage radioactif.
- 19h, Bruno Chareyron, de retour d'une mission au
Japon pour la CRII-Rad, dénonce à son arrivée les "carences graves"
dans la gestion de la pollution radioactive. Il dénonce la non prise en
compte de l'expérience de l'accident de Tchernobyl sur la santé à long
terme, répète qu'il faut évacuer la population bien plus largement. Il
dénonce le peu d'utilisation qui a été fait des pastilles d'iode qui
auraient du, par exemple, être distribuées à toute la région de Tokyo. Il
dénonce le fait que les gens du Nord du pays mangent des aliments
contaminés, pratiquement sans aucun contrôle. Il dénonce le manque de
volonté au niveau économique : c'est pour éviter de dépenser des sommes
folles que le gouvernement n'agit pas.
30 juin
- 6h, le gouvernement japonais annonce tout un panel
de mesure pour économiser l'électricité : arrêt des escalators, de la
climatisation dans les lieux publics, baisse de l'éclairage public,
limitations des distributeurs de boissons fraîches, diminution de la
fréquence de certains trains, incitation à ce que les fonctionnaires
prennent leurs vacances en juillet août, arrêt des usines automobiles les
jeudis et vendredis. Objectif ; baisser d'au moins 15 % la consommation
d'électricité au niveau du pays.
- 6h, le gouvernement japonais annonce que ce jour
seuls 19 réacteurs (sur 54) sont encore en fonctionnement dans le pays.
- 11h30 selon Associated press, l'incendie autour
de Los Alamos a déjà brûlé plus de 20 000 hectares et pourrait devenir
l'incendie le plus vaste jamais connu dans l'Etat du Nouveau-Mexique. Le
site de Los Alamos, toujours cernés par les flammes, a indiqué que toutes
les expériences en cours ont été arrêtées.
- 14h, selon RTBF.be, de la radioactivité a été
détectée dans l'urine de dix enfants vivant à 62 km de la centrale. C'est
l'ACRO, association française qui a fait les mesures.
- 15h, l'Association européenne de l'énergie éolienne, EWEA,
présente ses objectifs pour répondre aux engagements de l'Union
européenne. L'EWEA prévoit un triplement de la capacité européenne
d'éoliennes d'ici 2020 pour atteindre une puissance de 230 GW soit 15,7 %
des besoins en électricité. La France devrait alors disposer de 6 GW loin
derrière d'autres pays comme l'Espagne, l'Allemagne, le Danemark, mais
aussi la Grèce, l'Irlande… Cela pourrait monter à 400 GW en 2030 (28 % de
l'électricité) et 735 GW en 2050 (50 % de l'électricité). En 2010, le
secteur a investi 13 milliards d'euros. Cela devrait doubler d'ici 2020.
Cela représente déjà plus que les investissements dans le nucléaire.
- 16h, selon l'AFP, la centrale nucléaire écossaise de
Torness a dû être arrêtée d'urgence suite au blocage du refroidissement par
une accumulation importante de méduses dans les bouches d'aspiration. La
centrale appartient à EDF-Energy, filiale britannique d'EDF.
- 17h, les députés allemands votent par 513 voix contre
79 en faveur du plan de sortie du nucléaire proposé le 6 juin dernier par
le gouvernement.
- 20h, Le Point.fr publie un résumé du rapport de
l'ASN concernant le site du Tricastin. L'ASN a autorisé le réacteur de 900
MW a fonctionner encore dix ans à condition qu'EDF engage des travaux pour
mieux se protéger en cas de séismes, d'incendie ou d'inondation. EDF a
jusqu'à 2014 pour se mettre en conformité. Rappelons que l'ASN donne
souvent ce genre d'obligation… mais qu'EDF ou le CEA n'en tiennent pas
forcément compte, l'ASN n'ayant pas de moyens pour imposer ses vues.
Chronologie - Juillet
1er juillet
- Du cesium retrouvé dans les urines d’enfants de
Fukushima à la une du Japan Times et d’autres quotidiens. De
petites quantités de cesium ont été analysées dans les urines de 10
enfants de Fukushima confirmant leur exposition aux radiations. L’analyse
a été effectuée par le laboratoire français indépendant ACRO. D’après le
test, les plus grandes quantités d’isotopes sont 1.13 becquerels de cesium
134 par litre d’urine chez une petite fille de 8 ans pendant et 1.30
becquerels de cesium 137 par litre d’urine chez un petit garçon de 7 ans.
Les associations pressent le gouvernement japonais d’effectuer des tests
auprès de tous les enfants de Fukushima. http://search.japantimes.co.jp/cgi-bin/nn20110701a2.html
- L’Acro dans son communiqué de presse
déclare : « ces résultats devraient inciter les autorités japonaises
à mesurer systématiquement la contamination interne des habitants qui ont
été exposés aux panaches radioactifs et de ceux qui vivent dans les
territoires contaminés et qui sont donc vraisemblablement soumis à une
contamination chronique. Cela peut se faire sans difficulté technique (par
anthropogammamétrie). »
- Dans le Mainichi, le ministre chargé de
l’Education et de la Science Yoshiaki Takagi, lui répond que les taux de
radioactivité présents dans l’urine des enfants ne posent aucun risque
pour la santé. Le total des expositions au rayonnement interne pour les
enfants jusqu'à ce qu'ils atteignent 70 ans serait 7,8 microsieverts de
césium radioactif 134 et 8,9 microsieverts de césium 137, contre la dose
annuelle admissible de 1 000 microsieverts pour le public, a dit le
ministre.Des contrôles de santé seraient nécessaires pour une analyse plus
détaillée, mais ce n'est pas quelque chose qui affecte immédiatement la
santé des enfants, a dit Takagi.
- 113 foyers ont été identifiés comme « zones
chaudes » Le gouvernement a désigné 113 résidences comme « zones
chaudes radioactives » et a recommandé aux personnes vivant dans ces
lieux de déménager bien qu’ils ne soient pas situés dans la zone
d’évacuation de la centrale de Fukushima. Les quartiers concernés
dépasseraient la norme d’exposition aux radiations fixée par le
gouvernement à 20 millisieverts annuels. http://search.japantimes.co.jp/cgi-bin/nn20110701a3.html
- Le nouveau Président de Tepco et son
prédécesseur en visite chez les maires de la préfecture de Fukushima. Le
maire d’Iwaki leur a fait part de la colère de ses administrés qui
auraient dû recevoir l’information de rester cloîtrés à leur domicile
suite à la catastrophe ; mais qui ne l’ont jamais reçu. Le maire a
remis au président une lettre demandant que Tepco gère la crise aussi
rapidement que possible et indemnise correctement les populations
concernées. http://search.japantimes.co.jp/cgi-bin/nn20110701x2.html
- La barge flottante « Megafloat » entre
en action. Cette barge de 136 mètres de long et de 46 mètres de large peut
contenir jusqu’à 10 000 tonnes d’eau. 8 000 tonnes d’eau
« faiblement radioactives » provenant des réacteurs 5 et 6 vont
y être stockées par Tepco, qui avait demandé à l’origine à l’évacuer en
mer. http://search.japantimes.co.jp/cgi-bin/nn20110701a3.html
2 juillet
- TEPCO a annoncé que les piscines de combustible
nucléaire sont refroidies à un niveau stable. Le système de
refroidissement, qui a commencé à fonctionner dans le réacteur n° 3 jeudi,
a porté la température de la piscine de stockage du combustible nucléaire
du réacteur juste au-dessous de 40 degrés Celsius par rapport au niveau
précédent de 62 degrés. Comme le refroidissement a progressé plus
rapidement que prévu initialement, TEPCO affirme que la température sera
probablement stabilisée autour de 30 degrés dans quelques jours. La
température de la piscine de combustible usé du réacteur n ° 2 a déjà
baissé à ce niveau.
- TEPCO est préoccupée par de probables
difficultés dans l'installation du système de refroidissement du réacteur
n ° 4. L’explosion d'hydrogène en mars a endommagé la tuyauterie
nécessaire pour le système et les débris laissés entravent les travaux de
construction. Il pourrait donc avoir un retard dans son plan
d'installation. NHK, le samedi 02 Juillet, 2011 13:22
0900 (JST)
- De nombreuses villes japonaises veulent conclure
des accords de sécurité avec les opérateurs des centrales nucléaires
avoisinantes. Dans le Mainichi, suite à la catastrophe de Fukushima, 37
municipalités japonaises ont faire part de leurs démarches de conclure des
plans de sûreté avec les industriels du nucléaire. Les zones de sûreté
sont actuellement de 10 km autour des centrales mais la catastrophe a
démontré que la radioactivité s’étendait bien plus loin. Les maires
veulent donc que ces zones soient revues. Cependant les industriels ne
sont pas enthousiastes à l’idée de revoir ces plans car cela va augmenter
leurs coûts opérationnels. http://mdn.mainichi.jp/mdnnews/news/20110702p2a00m0na015000c.html
- Tepco a communiqué des photos des digues de
fortune qu’il a installé autour de la centrale pour prévenir d’un éventuel
tsunami de 7-8 mètres. http://mdn.mainichi.jp/mdnnews/news/20110702p2a00m0na007000c.html
- Dans un article du Wall Street Journal, Toshiso
Kosako, l’ancien conseiller nucléaire du Premier ministre japonais Naoto
Kan, a fustigé la gestion gouvernementale de la crise, et prédit de
nouvelles révélations sur les menaces de rayonnement auprès du public dans
les prochains mois. Dans sa première interview avec les media depuis sa
démission en avril en signe de protestation, Toshiso Kosako, l’un des
principaux experts du pays sur la sûreté radiologique, a déclaré que le
gouvernement de M. Kan a été lent pour tester les dangers de la
contamination marine et aussi à gérer les menaces de rayonnement, afin de
minimiser les coûts de nettoyage. Il a également déclaré "Le
mécanisme de décision du gouvernement est opaque. Les raisons des
décisions ne sont jamais évidentes. Cela ne ressemble pas à une société
démocratique. Le Japon ressemble de plus en plus à un pays en
développement en Asie orientale".http://online.wsj.com/article/SB10001424052702304450604576419560689685524.html
3 juillet
- TEPCO affirme que le système de refroidissement
des réacteurs est désormais entièrement réalisé par recyclage d’eau. La
compagnie a déclaré que le système ne nécessite plus l'apport d'eau douce.
Auparavant, le système nécessitait 2 à 3 tonnes d'eau fraîche par heure.
Le recyclage de l'eau radioactive a repris samedi soir après avoir été
suspendu suite à des fuites. Le dispositif de décontamination de l'eau a
également dû être arrêté en raison d’erreur humaine. TEPCO a cité un
manque de préparation dû à la vitesse de l'installation du système, qui se
compose d'appareils japonais et étrangers. NHK, Sunday,
July 03, 2011 07:56 +0900 (JST)
- Près de 80 personnes âgées qui ont été évacuées
de maisons de retraites à proximité de la centrale nucléaire de Fukushima
1 sont décédées dans les trois mois de la catastrophe qui les a forcées à
se déplacer, selon un sondage du Yomiuri Shimbun.
4 juillet
- Dans le journal Asahi, Tepco n'a volontairement pas déclaré une
possible explosion d'hydrogène.
- D'après un rapport, 300 millisiverts par heure
étaient détectés dans le réacteur 3 le 13 mars, un jour avant l'explosion
et un risque d'explosion d'hydrogène était signalé, les combustibles étant
à l'air libre. Mais Tepco n'a pas reporté la situation, ni à la NISA l'agence
étatique, ni au gouvernement local.
- Le Mainichi dénonce l'attitude d'Areva qui a
profité de la catastrophe pour promouvoir ses réacteurs auprès des
politiques américains avec une brochure "Les dossiers Fukushima" où Areva stipulait qu'avec ses
réacteurs, jamais cet évènement ne se serait produit.
http://mdn.mainichi.jp/mdnnews/national/news/20110704p2a00m0na015000c.html
- Japan Today annonce qu'environ 45% des enfants de la
préfecture de Fukushima sont concernés par une exposition de la glande
thyroïde aux radiations. L'enquête a été menée sur 1080 enfants âgés de 0
à 15 à Iwaki, Kawamata et Iitate du 26 au 30 Mars. Pourtant l'agence nucléaire
japonaise la NISA a déclaré que cela ne nécessitait pas d'examens
complémentaires.
http://www.japantoday.com/category/national/view/45-of-kids-in-fukushima-survey-had-thyroid-exposure-to-radiation
5 juillet
6 juillet
- La ville de Fukushima a affirmé mercredi que ses
300 000 habitants n'étaient pas menacés par les radiations provenant de la
centrale nucléaire accidentée, malgré des appels à l'évacuation émanant
d'associations locales.
http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Japon-la-ville-de-Fukushima-affirme-que-ses-habitants-sont-en-securite-_6346-1863459-fils-tous_filDMA.Htm
- Sur la télévision NHK le
gouvernement annonce que le strontium, radioélément très cancérigène va
être surveillé attentivement en mer.
http://www3.nhk.or.jp/daily/english/06_08.html
- Des résidents qui avaient intenté un procès en
2003 réclamant l'arrêt de la centrale de Hamaoka reviennent au tribunal.
Ils citent la forte probabilité d'un accident nucléaire déclenché par le
séisme qui, selon les spécialistes, frappera la région du Tokaô.
- Les exportations japonaises de produits
agricoles, marins et forestiers de mai ont effectué un plongeon de plus de
16% par rapport à l'an dernier, en raison de la crise nucléaire à la
centrale de Fukushima annonce NHK.
- Des parents d'élèves ont adressé une pétition au
maire de Tokyo pour prendre des mesures permettant d'assurer la sécurité
alimentaire des écoliers de Tokyo déjeunant à l'école.
Dans leur lettre de doléances, les parents ont demandé de, non seulement
mettre en place un système de contrôle pour détecter les radiations dans
les légumes, poissons, lait et autres denrées alimentaires utilisées dans
les cantines scolaires, mais aussi de se procurer ces aliments uniquement
à partir de zones limitées.
http://www3.nhk.or.jp/daily/english/06_35.html
7 juillet
- Le gouvernement japonais est à nouveau sur la sellette
après sa décision de soumettre tous les réacteurs nucléaires du pays à des
tests de résistance pourtant destinés à rassurer l'opinion publique,
indique Reuters. L'annonce soudaine de cette mesure a pris de court les
autorités locales. Les tests de résistance menés au Japon seront calqués
sur ceux de l'UE, ce qui signifie qu'il faudra près d'un an pour les mener
à terme.
http://www.lexpress.fr/actualites/2/monde/les-tests-de-resistance-nucleaires-sement-la-confusion-au-japon_1010118.html
- « Fukushima : emblématique de la
faillite des élites ». Le Mainichi Daily News annonce la couleur.
- D’après le Wall Street Journal des ingénieurs de haut niveau
appartenant à la firme Tepco savaient depuis des années que « cinq des réacteurs de la centrale avait un défaut de conception
qui pouvait se révéler potentiellement dangereux. La société n’a jamais
corrigé ces défauts, entraînant la catastrophe que l’on connaît au moment
du tremblement de terre ».
- Tepco annonce que le système de traitement de
l’eau radioactive a fonctionné à environ 76% de sa capacité
quotidienne maximale de 1 200 tonnes entre le 29 Juin et le 5 Juillet.
Tepco prévoit de relever le taux d'utilisation des capacités de 80% en
juillet et 90% en août.
- Un article dans le journal Asahi raconte
la peur des parents de Fukushima qui en plein été ne laissent pas leurs
enfants jouer dehors à cause des radiations. Même les habitations sont
touchées, un homme de 43 ans qui vit avec ses trois enfants a trouvé des
niveaux de rayonnement de plus de 1 microsievert dans les chambres de sa
maison.
8 juillet
- Tepco, après avoir échoué à envoyer un robot
injecter de l’azote dans le réacteur 3 pour prévenir d’une possible
explosion d’hydrogène, a envoyé une équipe de 6 hommes. En 9 minutes de
travail, ils ont reçu 5,34 millisievert de rayonnement d’après
l’opérateur.
- La centrale nucléaire de Tokai Daini située dans
la préfecture d’Ibaraki ne passe pas les tests de résistance sismique
organisés par l’agence de sécurité nucléaire, annonce la chaine NHK http://www3.nhk.or.jp/daily/english/08_01.html
- Des révélations démontrent que Kyushu Electric
Power Co. une entreprise nucléaire a demandé à ses employés et
sous-traitants d’envoyer des e-mails lors d’une émission télévisée pour
manipuler l'opinion publique, en réclamant la réouverture des centrales
fermées. Le maire de Genkai, où se situe une centrale de Kyushu Electric
Power Co, a annoncé qu’il revenait sur sa décision de remettre en marche les
réacteurs fermés.
9 juillet
- Reuters rapporte que le premier ministre japonais a
déclaré devant des cadres du parti qu’ «il faudra trois, cinq, voire dix
ans pour parvenir à reprendre le contrôle, et même plusieurs décennies
pour remédier aux conséquences de l’accident de Fukushima».
http://www.20minutes.fr/ledirect/755861/fukushima-nettoyage-pourrait-prendre-annees-selon-premeir-ministre
- Une feuille de route pour la décontamination de
la centrale de Fukushima Daiichi indique que la suppression des barres de
combustible nucléaire fondues pourrait commencer dans 10 ans, indique de
son côté la chaine NHK.
- Le Japan Times publie un article sur le combat
des mères japonaises qui n’avaient auparavant jamais fait d’activisme
politique. Ces mères descendent dans la rue pour exhorter le gouvernement
à protéger leurs enfants des rayonnements. Frustrées par le manque
d'information donné par le gouvernement, les mères ont formé des groupes
sur Facebook, Twitter et des blogs pour partager leurs connaissances et
des données sur l'exposition aux radiations. Ces femmes pressent le
gouvernement d'abaisser le niveau d’exposition fixé à 20 millisieverts par
an pour les enfants scolarisés dans la préfecture de Fukushima. Leur
site web :http://mscr2011.jugem.jp/?eid=4
10 juillet
- NHK annonce que Tepco a une fois de plus suspendu le
traitement de l’eau radioactive à cause de fuites dans le système.
- Dans le journal Mainichi, un groupe de scientifiques japonais va
mener une opération « tournesols » en plantant ces fleurs dans
les terres contaminées autour de Fukushima. En effet les fleurs de
tournesol ont la capacité d’absorber le cesium et ont été utilisées près
de Tchernobyl. Les fleurs ne devront pas être répandues dans l’atmosphère
ensuite et devront être traitées comme déchets radioactifs. Une bactérie
pourrait être utilisée pour réduire leur volume. http://mainichi.jp/photo/archive/news/2011/07/03/20110704k0000m040044000c.html
- Un article dans le journal Asahi explique
la problématique des combustibles usés pour l’industrie nucléaire qui ne
sait pas où les stocker et les garde dans des piscines de refroidissement
sur les sites des centrales. La radioactivité de ces combustibles est très
forte et lors de catastrophes comme à Fukushima extrêmement dangereuse.
Par ailleurs pour entreposer plus de combustibles dans les piscines les
industriels réduisent l’espace entre les conteneurs et cela génère des
dangers supplémentaires. La construction d’installations de stockage est
nécessaire mais l’une d’entre elle où Tepco devait stocker 5 000
tonnes de combustibles usés a été stoppée en raison d’un tremblement de
terre…
11 juillet
- Les stress tests sur les centrales japonaises
auront lieu en deux étapes et seront organisés par la Commission de sûreté
nucléaire du Japon, organe « indépendant » annonce le Secrétaire
général du gouvernement Yukio Edano lors d'une conférence. Ces tests
visent à s’assurer que les 54 réacteurs nucléaires japonais sont capables
de supporter le type de tremblement de terre et le tsunami qui a ravagé le
pays au nord-est sur Mars 11, mais surtout à rassurer l’opinion publique
qui s’oppose dans certaines régions à la réouverture de centrales fermées.
- Dans une dépêche AFP le
gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara, estime que le Japon ne doit pas
renoncer au nucléaire, malgré les "réactions hystériques" qui ne
manqueront pas de se manifester après l'accident de Fukushima." Tant
qu'elle est gérée correctement, l'énergie nucléaire peut produire de
l'électricité à très bas coût. Je ne pense pas que le Japon doive y
renoncer", a-t-il déclaré à l’agence française.
- Pendant ce temps de la viande de boeuf contaminé
par du cesium est repérée à Tokyo et dans le centre du Japon d’après NHK.
12 juillet
- Tepco envisage d'injecter de l'azote dans
l'enceinte de confinement du réacteur 3 afin de prévenir le risque d'une
explosion d'hydrogène. L’opérateur s'est donné jusqu'au 17 juillet pour
achever cette opération. De l'azote a déjà été injecté dans les réacteurs
1 et 2 en juin.
- Le journal Asahi détaille la feuille de route de
Tepco qui estime des dizaines d’années pour stabiliser la situation à la
centrale de Fukushima. Tepco commencerait à retirer les combustibles des piscines
en 2014. Le combustible des réacteurs serait extrait en 2021. Un plan
d’action détaillé suivra mais les délais annoncés seront dépendants de
l’évolution de l’état des réacteurs et des avancées technologiques.
- De son côté Areva annonce dans les media
français qu’il lui faudra 120 jours pour décontaminer 110 000 tonnes
d’eau. http://lexpansion.lexpress.fr/economie/il-va-falloir-120-jours-pour-decontaminer-l-eau-stockee-a-fukushima_258628.html
- Dans le Mainichi, le ministre en charge de
la crise nucléaire, a annoncé que la construction d'une barrière
souterraine pour bloquer l'écoulement de l'eau fortement contaminée de la
centrale devait commencer dès que possible.
La construction d'une telle barrière coûtera plus de 100 milliards de
yens, selon certaines estimations. Hosono suggéré que le gouvernement
devrait aider Tepco à la financer.
- Sur NHK, le ministre japonais de la Santé
indique que l'ensemble du cheptel bovin de plusieurs parties de la
préfecture de Fukushima, y compris à Minamisoma, où du césium radioactif a
été détecté à des niveaux 3 fois supérieurs à la limite de sûreté définie
par le gouvernement, pourrait être analysé.
- Dans le