L'hôpital
aussi dangereux que l'Afghanistan
Des chercheurs anglais ont constaté
que le risque pour un patient hospitalisé en Grande-Bretagne de mourir d'un
accident lié aux soins (intoxication aux médicaments, incident chirurgical,
maladie nosocomiale) est aussi élevé que le risque pour un soldat de mourir en
mission en Afghanistan ou en Irak. (1)
Les médicaments sont aussi une cause majeure d'accidents : deux fois plus
de personnes en Grande-Bretagne meurent des effets secondaires de leurs
médicaments sur ordonnance que d'accident de moto.
Il est probable que les mêmes chiffres pourraient être observés dans les autres
pays industrialisés. En France, les autorités reconnaissent officiellement 10
000 morts par an. (2) Mais loin d'essayer de stopper cette hécatombe, leur
priorité est actuellement de lutter contre... les médecines naturelles !
Selon la même étude, une personne a 293 006 fois plus de risque de
mourir d'un incident médical évitable, que d'avoir consommé des
vitamines ou des compléments alimentaires. Le risque de mourir suite à la prise
de médicaments est 62 000 fois plus élevé qu'avec des vitamines ou des
compléments alimentaires.
En fait, le risque de mourir d'avoir pris un complément alimentaire est aussi
faible que celui de mourir foudroyé.
Les seuls cas graves répertoriés récemment concernent deux personnes, aux
Etats-Unis, qui ont pris sur une longue période de la vitamine D à des doses 2000
fois plus élevées que l'apport journalier recommandé. Cela s'est produit
suite à une erreur de fabrication et d'étiquetage. Elles ne sont toutefois pas
décédées mais ont souffert de douleurs musculaires, de soif intense, de
fatigue, de troubles mentaux et de troubles rénaux. (3)
Cela n'empêche pas les autorités sanitaires européennes d'avoir les
produits naturels dans le collimateur. Une offensive sans précédent est en
train d'avoir lieu en ce moment, avec la mise en application définitive du
règlement 1924/2006/CE, qui interdit aux fabricants de produits de santé naturelle
d’informer le public des effets favorables possibles de leurs produits, sauf
autorisation spéciale de Bruxelles.
Officiellement, il s'agit bien sûr de « protéger le consommateur ».
Dans les faits, Bruxelles rejette 95 % des demandes qui lui sont faites, ce qui
sème la panique, et le désespoir, dans un secteur constitué en majorité de
petites entreprises artisanales qui ne peuvent pas se
défendre.
Résultat : ce sont aujourd'hui les grands groupes pharmaceutiques, seuls à
même de discuter avec Bruxelles à armes égales et d'obtenir ces fameuses
« autorisations d'allégations thérapeutiques », qui font leur marché
parmi les entreprises mises artificiellement en faillite par cette nouvelle
réglementation. Ni vu ni connu, ces groupes sont en train de s'emparer du
secteur des compléments alimentaires, et de réorganiser la production à leur
manière.
Pour l'industrie pharmaceutique, les choses sont simples :
C'est bien simple, elles ne peuvent pas se permettre de dépenser
plus que quelques centimes par boîte de médicament, pour la matière
première, y compris lorsque cette boîte est vendue plusieurs dizaines d'euros
au consommateur final (le patient).
Un documentaire qui avait fait grand bruit en 2001 sur la chaîne de
télévision Channel 7 News de Détroit (USA), indiquait qu'une boîte de 30
gélules de Célébrex 100 mg contient pour seulement
0,2 dollars de produits actifs. Dans la mesure où cette boîte est vendue en
France 13,12 euros, cela représente pour son fabricant Pfizer
une incroyable « culbute » de 8 746 % (oui, ce n'est pas une erreur
typographique).
Une boîte de 15 comprimés de Clarityne 10 mg contient
pour 0,09 dollars de produits actifs, pour un prix de vente au patient de 5,54
euro (+ 7 914 %). Une boîte de Tahor
(anti-cholestérol) vendu 18,82 euros contient pour 2 euros de produits actifs.
Et ainsi de suite.
La palme revient toutefois au Prozac 20 mg, qui ne
contient que pour 0,02 dollars d'ingrédients actifs pour 100 comprimés, alors
qu'il est vendu 7,58 euros (+ 43 000 %).
Dans certains secteurs, qui bénéficient d'une exclusivité ou d'un effet de
marque fort (industrie du luxe), on peut voir des « coefficients
multiplicateurs » de dix ou quinze.
Ainsi le sac à main Louis Vuitton dont rêve l'épouse de votre voisin (il aurait
d'ailleurs bien pu le lui offrir, depuis le temps !) est vendu 1800 euros mais
coûte 200 euros à la production, fournitures et main-d'oeuvre comprises.
La performance paraît honorable (+ 900 %), mais du point de vue de l'industrie
pharmaceutique, Louis Vuitton donne quasiment dans le bénévolat.
Le risque donc,
c'est que les financiers de l'industrie pharmaceutique, en s'emparant du
secteur des compléments alimentaires, veuillent lui appliquer leurs schémas de
pensée : réduire au maximum la teneur en ingrédients actifs, et augmenter
le prix de vente.
Car le problème des compléments alimentaires est que, contrairement aux
médicaments, il est impossible qu'ils soient efficaces en-dessous
d'un certain dosage.
Plusieurs grandes entreprises vendant des compléments alimentaires pratiquent
déjà cette politique scandaleuse : vendre des pilules qui, en fait, ne
contiennent pas assez d'ingrédients pour avoir un quelconque effet. Mais le
délai pour s'en apercevoir étant en général de plusieurs semaines ou mois, les
acheteurs sont désarmés. Le seul moyen de se protéger est de s'informer
soi-même sur les doses efficaces de tel ou tel nutriment (le dosage est
obligatoirement indiqué sur l'emballage), mais il va sans dire que ce n'est pas
à la portée du plus grand nombre.
Selon Thierry Souccar, auteur du Nouveau Guide des
vitamines : (4)
« On
trouve encore sur le marché des multivitamines/minéraux
(MVM), à raison d’une unité de prise par jour. Malheureusement, ces
formulations a minima ne permettent pas d’ingérer la quantité optimale de
nutriments nécessaires, notamment en minéraux comme le magnésium ou le
potassium. Il faudra donc souvent encadrer ces MVM par des formules
complémentaires. »
D'autres fabricants, honnêtes, mettent ce qu'il faut comme ingrédients, et sous
les formes qui sont assimilables. Cela coûte plus cher mais, toujours selon
Thierry Souccar :
« Plus
cher, c’est souvent mieux que pas cher du tout : certaines marques pratiquent
des prix élevés par un simple calcul marketing mais en règle générale, les prix
élevés sont justifiés par une formulation qui fait appel à des ingrédients de
qualité (par exemple la vitamine E naturelle avec ses 4 tocophérols et ses 4 tocotriénols, plutôt que de l’alpha-tocophérol
synthétique). Lisez soigneusement les étiquettes. En général, les marques de
supermarché sont à éviter. Les meilleurs produits se trouvent dans les bonnes
pharmacies, les magasins diététiques, en vente par correspondance et sur
Internet. »
Notre seule
stratégie de défense contre l'offensive de l'industrie pharmaceutique sur les
compléments alimentaires naturels est donc la vigilance : n'acheter
que des produits correctement dosés, et si possible aux producteurs
indépendants qui résistent aux bâtons dans les roues sournoisement envoyés de
Bruxelles.
C'est notre seul espoir que ces produits, que le mode de vie moderne rend
parfois indispensables au maintien de la santé, ne se retrouvent pas très vite
entre les mains de trois ou quatre géants internationaux qui nous feront avaler
ce qu'ils auront décidé, au prix qu'ils auront fixé.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
PS : je rappelle la grande pétition de l'Institut pour la Protection de
la Santé Naturelle, contre le règlement européen 1924/2006/CE sur les
compléments alimentaires. A signer et à faire circuler. Merci.
Cliquez sur le lien suivant vers la pétition : http://institut-protection-sante-naturelle.eu/video/Petition1204/Petition1205.html
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Sources :
(1) Alliance for Natural Health
http://anhinternational.org/news/anh-exclusive-natural-health-products-ultra-safe-and-drugs-dangerous-war
(2) Le Monde, 11 janvier 2009.
(3) Araki T, Holick MF, Alfonso BD, Charlap E, Romero CM, Rizk D, Newman LG. Vitamin D Intoxication with Severe Hypercalcemia due to Manufacturing and Labeling Errors of Two Dietary Supplements
Made in the United States.
J Clin Endocrinol Metab.
2011 Dec;96(12):3603-8.
(4) T. Souccar, Le Nouveau Guide des Vitamines,
Thierry Souccar Editions, 2012.
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