Avant propos
Les mudrās sont des interrupteurs que tu ouvres ou fermes pour faire circuler l'énergie dans certains circuits nādiques (le [Prāna] circule dans les nādīs). En sanskrit mudrās veut dire gestes, postures. C'est une façon/technique/art de te relier à ton corps (à ton univers intérieur), à ses énergies, et par là même à l'ensemble de l'univers qui t'entoure (l'univers extérieur, partie de la Création, du Divin, tout comme ton corps et toi-même). En mettant un ou plusieurs sous-chakras en contact au niveau des doigts de mains tu permets au prāna d'emprunter certains circuits nādiques, et non d'autres, stimulant, apaisant, réveillant ou connectant des fonctions corporelles (ingestion, assimilation, excrétoires, respiratoires, locomotrices, circulatoires, nerveuses, etc...), organes, attitudes (mentales, émotionnelles, physique).
Il y a 3 catégories de mudrās. Les mudrās des mains, ceux de la tête, et ceux du corps (mudrās-āsanas).
Les mudrās des mains
Atmanjali mudrā (aussi Namaskar mudrā). Mains jointes, les deux paumes de mains se touchent face à face en laissant un espace libre au milieu. Tous les doigts, serrés, se touchent face à face. C'est le mudrā du Namasté (mon âme s'incline devant la tienne et la reconnait).
Jňāna mudrā. Tu joins ton pouce (le Soi) et ton index (l'ego, le moi) auxquels tu fais faire un cercle (symbole de l'infini). Les 3 autres doigts sont ensemble, tendus. Ils représentent les 3 gunas (qualités) : sattva (la pureté, la lumière), rajas (l'excitation, le mouvement), tamas (la lourdeur, l'inertie). La paume de main regarde le ciel. Tu utilises ce mudrā pendant les postures de méditation et pendant le pranayama.
Il existe une variante à ce mudrā lorsque tu places le bout de ton index sur la 1ème articulation du pouce et non pas à son extrémité. Cela signifie que l'index (l'ego) s'incline devant le Soi (le pouce), reconnaissant sa puissance sans égal. Si tu unis les pulpes des 2 doigts, cela signifie que tu unis les 2 expériences, celle de l'ego et celle du Soi. Ici tu reçois l'énergie du ciel. C'est un mudrā du matin.
Chin mudrā. C'est le même que Jňāna mudrā, à la différence que la paume de main regarde le sol. Là tu donnes ton énergie à la terre. C'est un mudrā du soir.
Vishnu mudrā. L'index et le majeur, sont repliés ensemble sur la paume de la main, plus précisement sur le mont de vénus. L'annulaire et l'auriculaire sont collés ensemble ne formant plus qu'un seul doigt. Entre le pouce et les deux derniers doigts se forme ainsi une pince qui est utilisée pour boucher les narines alternativement pendant le [Pranayama], comme avec [Anuloma viloma] par exemple.
Mudrā de la prosternation. Allongé au sol de tout ton long devant (...?) ton [Maître], Deva, Planète, ou Divinité tutélaire qui t'est proche, tes deux bras étirés dans le prolongement du corps, tu poses tes deux paumes de mains côte à côte (les deux pouces se touchent) bien à plat au sol.
Mudrā de la dévotion, (aussi de la prière). Comme précédemment, allongé au sol de tout ton long, bras étirés dans le prolongement du corps, tu prends l'[Atmanjali mudrā], paumes de mains l'une contre l'autre, tous les doigts serrés, face à face et se touchant, les deux annulaires et le tranchant des paumes posés au sol.
Les mudrās-āsanas (mudrās du corps)
Aswini mudrā. Consiste à faire une série de Mula bandha successifs. Tu prends [Mula bandha], tu le relâches, tu le reprends, tu le relâches, etc..., c'est aswini mudrā.
Vajroli mudrā. Pour l'homme uniquement. Cela consiste à pouvoir aspirer par l'urètre des liquides de plus en plus lourds. D'abord de l'eau, puis du lait, puis de l'huile, du miel, et en dernier du mercure.
L'apprentissage consiste dans un premier temps à utiliser un cathéter (lubrifié) que l'on va insérer dans l'urètre, jour après jour, cm par cm. Puis un jour le cathéter va buter sur l'entrée de la vessie. Une dernière poussée et nous voilà dans la vessie. Combiné avec la pratique de [Nauli], il va être alors possible d'aspirer des liquides dans la vessie.
C'est cette pratique qui permet de pratiquer alors le [Vajroli kriya] (nettoyage de la vessie). Mais son but principal reste de permettre aux aspirants yogi d'être totalement détachés des désirs sexuels afin de respecter leurs vœux d'abstinence. Il est dit que celui qui maitrise parfaitement Vajroli, maitrise son émission de sperme.
Kofi mudrā.
Kofi mudra
Voici le mudrā-asana pour [Le lavement du colon au café]. C'est un mudrā construit dans les triangles : symbolique, géométrique et sacré.
À quatre pattes (90° entre tes jambes et le sol), tu plies tes deux bras, et tu poses tes avant-bras au sol en écartant les coudes, les deux mains côte à côte, créant ainsi les deux premiers triangles (celui constitué par tes 2 avant-bras, et à son sommet celui constitué par tes deux mains). Ensuite tu descends ta poitrine vers le sol (bassin en l'air) le plus bas possible, et tu poses ton front (ajna chakra) au sol, créant ainsi le 3ème triangle. Puis tu creuses ton bassin pour aider ta poitrine à descendre un petit peu plus, tout en écartant légèrement plus les genoux (4ème triangle) pour aider à la cambrure. Là tu te cales pour que ce soit bien confortable, tes deux mains sont côte à côte dans le mudrā de la prosternation.
Si tu choisis de réciter un [Mantra] pendant la rétention du café, tu peux passer du
[Mudrā de la prosternation] au [Mudrā de la dévotion].
Les mudrās de la tête
Shambuka mudrā. Assis dans une posture de méditant, ferme tes oreilles avec tes deux pouces, tes yeux avec tes deux index, tes narines avec tes majeurs, ta lèvre supérieure avec l'annulaire et ta lèvre inférieure avec l'auriculaire. Tout le temps de la prise du mudrā, tu restes en rétention (généralement à plein).
Kechari mudrā. Le mudrā maître. Pratique extrêmement avancée et rare. Elle consiste à retourner une langue allongée vers l'arrière de la gorge pour la passer derrière la glotte. Plus haut existe un point à toucher avec le bout de cette langue qui déclenche la coulée du nectar d'immortalité, l'Amrita.
Cette pratique qui s'initie sous la responsabilité d'un [Maîtres] Kecharien, consiste à couper progressivement le frein de la langue, millimètre par millimètre. Après chaque coupure (effectuée une fois/semaine) il faut saupoudrer la blessure avec du sel et du curcuma pour empêcher les deux bords coupés de se ressouder. Il faut un minimum de 6 mois de ce travail avant d'obtenir une langue permettant d'aller toucher le point déclencheur de l'Amrita.
Après l'âge de 25 ans, il n'est plus possible d'avoir accès à cette pratique, car les muscles et les nerfs du frein de langue sont devenus trop raides. La vidéo de Kechari mudrā [ici].
Nabho mudrā ou Manduki mudrā. Il s'agit de retourner ta langue contre le palais, le plus loin possible en arrière. Plie ta langue vers l’arrière-gorge de telle manière que sa face inférieure entre en contact avec le haut du palais. Ensuite tu l'étires vers l'arrière du palais autant que tu peux le supporter.
Pour tous ceux trop âgés qui ne peuvent plus avoir accès à kechari mudrā, [Jasmuheen] dit que l'intention suffit, que tu peux prolonger par la pensée ta longueur de langue jusqu'à l'imaginer remonter vers le point Amrita situé en haut et en arrière de la glotte.